L’intersyndicale, constituée il y a quelques mois à l’occasion de la réforme des retraites, a vécu. L’alliance de la CGT, de la CFDT, de FO, de la CFE-CGC, de la CFTC, de l’Unsa, de Solidaires et de la FSU se fissure à l’occasion des prochaines élections législatives.
Nous avons déjà évoqué les organisations qui appelaient à voter contre l’extrême-droite et se gardaient bien de critiquer le programme de l’extrême-gauche (CFDT, CGT, FSU, Unsa et Solidaires).
La CGT vient de franchir un nouveau pas en appelant à voter pour le Nouveau Front populaire. Dans une déclaration qui accumule les poncifs et les contrevérités, le Comité confédéral national (CCN) de l’organisation affirme que « notre République et notre démocratie sont en danger ». Il déclare donc prendre ses responsabilités en appelant « les salarié·es, retraité·es et privé·es d’emploi à aller voter le plus nombreux et nombreuses possible les 30 juin et 7 juillet pour le programme du Nouveau Front populaire » (NFP).
Cette déclaration est un véritable retour en arrière, puisque la CGT n’avait pas appelé à voter explicitement pour un parti depuis les années 1990 où elle s’était officiellement émancipée du Parti communiste.
Ainsi, voyons-nous apparaître, à l’occasion des élections des 30 juin et 7 juillet prochains, trois attitudes différentes de la part des syndicats. La première est donc celle de la CGT, rejointe par la FSU, qui soutient ouvertement le NFP. La deuxième attitude consiste à appeler à faire barrage au Rassemblement national. On retrouve sous cette bannière la CFDT, l’Unsa et Solidaires.
La troisième attitude est celle qui ne prend aucune position. Elle est défendue par FO qui, tout en s’opposant « sans ambiguïté à la xénophobie, à l’homophobie et à toutes les autres formes de discrimination », a annoncé qu’il ne donnerait aucune consigne de vote. C’est aussi la position de la CFTC dont le président, Cyril Chabanier, a rappelé qu’elle « a toujours été, est et restera un syndicat réformiste, humaniste, pro-européen et modéré ». Mais, a-t-il ajouté, « je ne prendrai pas par la main nos adhérents ou nos sympathisants pour guider leur choix ». C’est, enfin, ce que prône la CFE-CGC qui, tout en critiquant vertement l’attitude et la politique d’Emmanuel Macron, appelle simplement « l’ensemble des Français à la vigilance et au discernement nécessaires à imposer par leur vote une restauration des équilibres entre le pouvoir politique et les corps intermédiaires ».
Longtemps on a partagé les syndicats entre contestataires (CGT, FSU, Solidaires) et réformistes (CFDT, CFTC, Unsa, FO, CFE-CGT). Il semble désormais qu’il faille les classer entre apolitiques (FO, CFTC, CFE-CGT) et politisés (CGT, FSU, Solidaires, Unsa, CFDT).
Et si la prochaine Assemblée nationale légiférait sur la nécessaire neutralité politique des syndicats ?
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Mon souhait est que la prochaine assemblée nationale vote la fin du financement public des syndicats, les obligeant à se souvenir de leur mission première, la défense des droits des salariés. Ils auraient peut-être davantage de représentativité s’ils étaient obligés de séduire les salariés pour en faire des adhérents cotisants.
Courage à tous.