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La (très) scandaleuse grève des privilégiés du ciel

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La DGAC (Direction générale de l’aviation civile) a appelé les compagnies à « réduire leur programme de vols de 50% pour la journée de vendredi 16 septembre », « en France métropolitaine et Outre-mer ». Les motifs ? Le syndicat majoritaire des aiguilleurs du ciel, le SNCTA (Syndicat national des contrôleurs du trafic aérien) s’inquiète « au sujet du niveau actuel de l’inflation ainsi que des recrutements à venir  ». Les contrôleurs du ciel réclament des augmentations de salaire et d’effectifs. « La compensation de l’inflation est une revendication sociale forte et juste, dont le financement est prévu par les plans de performance européens », considère le SNCTA. Les syndicalistes « oublient » pourtant de préciser que les aiguilleurs du ciel font partie des fonctionnaires les plus privilégiés de France.

Selon le nouveau rapport de la Cour des comptes de septembre 2021 (le rapport de 2010 avait épinglé le temps de travail des contrôleurs qui serait de moins de 100 jours par an !), la DGAC est une direction d’administration centrale du ministère de la Transition écologique (MTE). Ses dépenses de personnel, qui représentent plus de la moitié (56,2% en 2019) du budget, se sont élevées à 1195,4 M€ en 2019 (921,7 M€ hors CAS, pensions et subvention d’équilibre au fonds spécial des pensions des ouvriers des établissements industriels de l’État) pour 10 440 ETP, ce qui équivaut à un coût moyen de plus de 100 000 euros par agent. Les grilles indiciaires et les dispositifs de primes diverses offrent aux agents de la DGAC des niveaux de rémunération beaucoup plus élevés par comparaison au reste de la fonction publique et régulièrement accrus par les protocoles sociaux successifs. En moyenne, les agents catégorie A de la DGAC gagnent deux fois plus qu’un fonctionnaire catégorie A : 88 019 euros contre 43 428 euros (voir tableau joint). Les contractuels aussi sont payés le double par rapport à la fonction publique classique. De plus, les magistrats ont observé que, chaque année sur la période contrôlée, le salaire brut moyen annualisé des contractuels recensés est similaire à      celui des agents de catégorie B, mais avec des maxima dépassant souvent 150 000 €, voire 200 000 € hors charges patronales !

Afin d’éviter les grèves, des protocoles sociaux prévoient de manière pluriannuelle, depuis 1988, l’octroi d’avantages catégoriels spécifiques aux personnels de la DGAC en échange de contreparties en termes de modernisation ou d’organisation du travail. Selon la Cour, le protocole social 2016-2019, signé le 19 juillet 2016, a ainsi prévu une enveloppe financière de 55 M€ sur quatre ans, Les protocoles sociaux se traduisent par environ 10 M€ de mesures salariales par an en moyenne sur la période ! Donc, pour ne pas faire grève, on les paye encore plus !

Les agents de la DGAC bénéficient aussi d’un nombre très élevé de primes : 137 primes en 2018 ! Les primes et indemnités représentent de l’ordre de 35% du coût salarial brut (voir le deuxième tableau joint). Salaires élèves, primes et, pour certains, des « avantages sociaux » tels que logements et véhicules de fonction : autant de raisons valables pour se mettre en grève !

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6 commentaires

nanard 16 septembre 2022 - 7:20

Sujet difficile : comment concilier des droits opposés, la liberté de circulation et la liberté de grève ? « dénoncer » une profession met en lumière des éléments en général inconnus, mais il ne faut pas oublier les exigences et les qualités requises pour le métier « incriminé ». Dans le cas des transports, un blocage de port, de ville etc… est toujours dommageable pour l’économie, parfois contre productif. Même si les syndicats de ces métiers ont un « pouvoir de nuisance » sur la collectivité, il ne faut pas oublier que la négociation doit rester libre, raisonnable . Quelle voie entre les contraintes économiques de la société (ici l’état) et les contraintes financières individuelles? Dans le cas des aiguilleurs du ciel, il faut rappeler qu’ils assurent la sécurité aérienne et que leurs décisions doivent être rapides, précises, leurs actions ressemblent plus au métier d’urgentiste que du conducteur de grue (qui a aussi ses contraintes). En simplifiant à l’extrême : peut – on dire que c’est un des rares métiers où un « fonctionnaire » prend des décisions immédiates et ne doit pas faire d’erreur ? pas si simple. comment être raisonnable ?

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Daniel 1945 16 septembre 2022 - 7:40

50 % de vols en moins, c’est bon pour la planète.

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Almaviva 16 septembre 2022 - 9:18

La solution ? faire comme Ronald RIGEAN en son temps : privatiser !

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MACABET 16 septembre 2022 - 1:11

Entièrement d’accord avec vous. Quel homme politique français est capable d’engager l’épreuve de force ?

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AlainD 16 septembre 2022 - 8:41

D’accord avec ALMAVIVA, ces gens ont certes des responsabilités(mais seraient ils les seuls ?) Leur niveau de rémunération me semble correct (c’est plus de 7300 € mensuels) et j’aimerais connaître leur temps de travail effectif.
J’aimerais également savoir si dans d’autres pays européens les contrôleurs se mettent en grève autant que les nôtres…
Par ailleurs, j’avais eu connaissance dans la presse que parfois il y aurait quelques « frictions » entre lesdits et certains commandants de bord qui n’obtiendraient pas de réponse rapide à leurs sollicitations.

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Obeguyx 16 septembre 2022 - 12:44

On a supprimé la peine de mort, mais pas pour les entreprises. En France, pseudo terre de l’humanisme, la peine de mort est toujours là pour les entreprises avec ce foutu droit de grève à la « con ». J’ajoute que Reagan, à l’époque, en privatisant avait supprimé plus de 15 000 postes avec au final de meilleurs résultats. Et si on faisait pareil ???

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