« C’est une expérience révolutionnaire que personne ne peut se permettre de juger », écrit Patrice de Beer, le correspondant du journal Le Monde à Phnom Penh, en avril 1975. Pour un autre journaliste, Jean Lacouture, qui écrit dans Le Monde et dans Le Nouvel Observateur, « la victoire des Khmers rouges est une nouvelle page de l’humanité ». D’autres intellectuels, tels Alain Badiou, Régis Debray, Noam Chomsky… s’extasieront lorsque Phnom Penh tombera dans les mains des Khmers rouges. Plus tard, lorsque la réalité ne pourra plus être niée, certains reconnaîtront leur erreur (Lacouture déclarera pompeusement dans une interview, en mars 1991: « Moi-même, journaliste, j’ai commis des erreurs sur le Viêtnam, sur le Cambodge. Je souffre d’une brûlure biographique très forte. »).
La prise de la ville par les « libérateurs » habillés en noir est le début de l’un des plus terribles génocides de l’histoire de l’humanité. D’abord, Phnom Penh est vidée de ses 2 millions d’habitants. L’eau et l’électricité sont coupées, les magasins, les écoles et les hôpitaux fermés, tous les livres de la bibliothèque centrale brûlés sur la place publique. Le Cambodge devient le « Kampuchéa démocratique », « l’Etat communiste numéro 1 »., dirigé par l’Angkar, organisation marxiste-léniniste. Ses membres sont surtout des jeunes illettrés mais les dirigeants, comme Pol Pot, proviennent plutôt des familles aisées et ont fait des études supérieures (Pol Pot obtint même une bourse du gouvernement français pour étudier à Paris), sont nourris de culture française et Robespierre est l’une de leurs idoles.
Le nouveau régime des Khmers rouges fait table rase du passé et de tout ce qui peut représenter la bourgeoisie. Tout est fait au nom du peuple et de la lutte des classes, bien entendu. Mais tout, y compris les êtres humains, appartiennent à l’Angkar. Il n’y a plus de classe, plus d’individu, il n’y a qu’une collectivité. Il n’y a plus de livres, ils sont tous bannis, sauf ceux de Lénine et de Mao. Le vocabulaire change, des mots sont interdits. Le « je » disparait. La vie privée n’existe plus. L’emprise est totale sur un peuple qui n’a plus d’existence réelle sauf à travers l’organisation qui les soumet. Le pays entier devient un camp de concentration. Des prisons sont ouvertes un peu partout, la plus célèbre étant S-21, principal lieu de détention de la capitale dont tous les prisonniers sont condamnés à mort. On torture et on exécute (dans la majorité des cas en écrasant le crâne à coups de pioche et de marteau) tous ceux qui sont désignés les « ennemis du peuple ». Femmes, enfants, vieillards… il n’y a aucune pitié pour personne. On extermine aussi par la faim comme en URSS et en Chine. Ceux qui ont la chance d’échapper à l’exécution sont envoyés aux travaux forcés dans les champs.
En seulement trois ans et demi, le régime des Khmers rouges fait plus de deux millions de morts, pratiquement un tiers de la population cambodgienne. Comme l’écrit Thiery Wolton dans son Histoire mondiale du communisme (tome 1 : Les bourreaux), il s’agit d’une véritable épuration : « L’ampleur de l’extermination dont se sont rendus coupables les Khmers rouges contre leur propre peuple n’a pas d’équivalent ».
13 commentaires
Le communisme tout simplement….
Le socialisme se contente de voler l’argent des autres…
Au 20ème siècle communisme et nazisme ont fait beaucoup de dégâts,
Au 21 éme siècle islamisme et wokisme prennent le relais.
Les mêmes qui soutenaient hier ces idéologies, les soutiennent à nouveau sous une autre forme mais le résultat est le même déculturation, déconstruction, enfermement idéologique totalitaire.
Moins connu sous sa véritable identité : Saloth Sâr
C’est une goutte d’eau dans l’océan des horreurs communistes! Cette imposture fait le malheur des peuples en prétextant œuvrer pour son bonheur! Interdire le communisme ferait faire un grand pas à l’humanité… infiniment plus grand que l’interdiction de la peine de mort!!!
Ce n’est pas tant en soi ces idéologies qui sont en cause que l’aspiration profonde, ancrée au sein de l’Humanité, au totalitarisme : elle a revêtu bien des noms tout au long de l’Histoire, mais derrière ces noms se cache simplement le désir d’asservir son prochain à sa vision du monde et de détruire ceux qui résistent.
Mais méfions-nous du fantasme de “guérir” par la coercition la nature humaine de ses travers violents : dans le siècle qui s’est écoulé, c’est précisément au nom de cette folle ambition que se sont organisées les plus violentes épurations…
Il faut s’y rendre pour approcher la réalité mais elle est présentée avec des pincettes et le bagne est conservé “à titre touristique”, aseptisé et propret comme un lieu de culte.
Quel peuple aurait envie de se glorifier des pages les plus macabres de son Histoire ?
Ah, si… Le nôtre. Les peuples d’Europe, plus largement. C’est-à-dire ceux qui se sont presque entièrement dépouillés de toute pulsion vitale et se laissent doucement emporter, par le déclin démographique, vers l’extermination et l’oubli.
Pensez-vous que ça ait fait fondre la clientèle de Libé ou du Monde ? Personne n’est aussi aveugle que celui qui veut l’être.
Qui dans nos beaux média va rappeler ce sinistre anniversaire ? Pour moi c’est aussi l’anniversaire d’une rupture définitive avec le Monde et toute la presse et les élites de gauche qui fermèrent les yeux sur cette barbarie.
Merci de ce rappel.
Même si c’est pompeusement et en exprimant un égo surdimensionné, Lacouture a eu le mérite de reconnaître son erreur.
Beaucoup continuent à se voiler la face et Badiou continue à clamer son admiration pour les Khmers rouges et à minimiser voire nier les faits.
Et certains continuent à le considérer comme un penseur…
Quand nous voyons ceux qui se réclament en France de ce régime tortionnaire, nous pouvons valablement douter de l’intelligence.
J’ai des proches qui étaient au Cambodge à cette époque, et je suivais de près la presse française dont une partie était dans le délire total évoqué dans cet article.
Je vais me borner à un témoignage
Dans un camp, un appel : « Que tout ceux qui parlent français lèvent le doigt ». C’était le cas de nombreux Cambodgiens, et pas seulement des grands bourgeois. De multiples mains se lèvent espérant un traitement de faveur ou une petite responsabilité les mettant à l’abri. « Très bien, allez à tel endroit ».
Le lendemain, pas de nouvelles de ces volontaires. Tout le monde comprend qu’ils sont été exécutés.
Le soir suivant : « Qui parle anglais ? ». Aucune main ne se lève.
Au 20ème siècle communisme et nazisme ont fait beaucoup de dégâts,
Au 21 éme siècle islamisme et wokisme prennent le relais.
Les mêmes qui soutenaient hier ces idéologies, les soutiennent à nouveau sous une autre forme mais le résultat est le même déculturation, déconstruction, enfermement idéologique totalitaire.