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Grâce aux Italiens, le Nutri-Score ne sera pas obligatoire en Europe

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Selon la cellule investigation de Radio France, la Commission européenne a renoncé à la généralisation et à l’obligatoriété du Nutri-Score. Une bonne nouvelle.

Voilà plusieurs années que l’Iref dénonce le caractère arbitraire du Nutri-Score et plus encore le risque de le voir rendu obligatoire. Tout le monde connaît le Nutri-Score, ce logo apposé en face avant des emballages dont l’objet est d’informer les consommateurs de la qualité nutritionnelle des produits. Celle-ci se traduit par une couleur et par une lettre majuscule, et elle repose sur un algorithme qui évalue les composantes positives et négatives du produit avant d’attribuer une note globale.

Nous nous étions fait l’écho du changement controversé du Nutri-Score depuis le 1er janvier 2024, mais qui n’avait toujours pas été validé par un arrêté interministériel (et qui ne l’est d’ailleurs toujours pas à ce jour). Or, c’est cet algorithme « scientifique » qui est considéré par beaucoup comme passablement arbitraire. Cela n’a pas empêché le 28 octobre 2024 un « collectif » de plus de 1.100 scientifiques et professionnels de santé d’appeler le Premier ministre à rendre obligatoire dans notre pays le Nutri-Score, alors qu’il n’est que facultatif depuis 2017, et ce, au nom de la santé publique contre les « lobbys agro-alimentaires ».

La cellule investigation de Radio France a fait paraître le 28 février 2025 une longue étude (unilatérale bien entendu) selon laquelle la Commission européenne a renoncé à la généralisation et à l’obligatoriété du Nutri-Score et ce, sous la pression des « lobbys » et tout particulièrement des Italiens, inquiets pour leurs magnifiques traditions alimentaires. Sur l’antenne de Franceinfo le même jour, le concepteur du logo, le Professeur Serge Hercberg, s’est étouffé : alors même que la Commission européenne « reconnaît l’intérêt » du Nutri-Score, elle a cédé « aux pressions des lobbys » ! Or, en octobre 2021, les députés européens approuvaient le principe d’un logo nutritionnel obligatoire et, dans le cadre du Pacte vert avec la stratégie « De la ferme à l’assiette », il était question d’imposer un logo sur les emballages à fin 2022.

Autrement dit, le lobbying (qui ne se reconnaît pas comme tel, mais il s’agit bien de cela) en faveur d’une politique de la santé publique n’a pas réussi à imposer le Nutri-Score au niveau communautaire. On ne peut que s’en réjouir. En effet, il n’appartient pas par principe à l’État de s’ingérer dans la vie des individus pour régir leurs modes de consommation alimentaire. D’aucuns considèreront que l’initiative était pourtant louable. Qui contesterait le fait que les pratiques alimentaires qui favorisent l’obésité ou les maladies cardio-vasculaires ne soient pas détestables ? Mais l’État-nounou n’a pas à se substituer à l’individu et aux familles, comme il le fait pourtant de manière quotidienne depuis des décennies  avec pour conséquence une déresponsabilisation croissante. De plus, qu’est-ce qui empêchera l’étape suivante, à savoir la réglementation de la consommation d’un produit en particulier ? « On ne dit pas qu’il ne faut pas consommer ces aliments-là (les fromages et les charcuteries). C’est juste qu’il faut en manger en fréquence et en quantité raisonnables », déclare benoitement une épidémiologiste. On sait quand l’arbitraire commence, on sait rarement quand il finit.

La cellule investigation de Radio France nous informe que les difficultés connues au niveau communautaire n’empêchent pas le Nutri-Score de connaître le succès au niveau étatique. En effet, la Finlande réfléchirait à le rendre obligatoire et les Emirats-Arabes-Unis, très touchés par l’obésité, seraient également intéressés. Deux pays qui ne sont guère réputés pour leur gastronomie…

Et la France, me direz-vous ? Serge Hercberg ne semble pas avoir capitulé puisqu’il a déclaré sur Franceinfo qu’il était parfaitement possible d’adopter l’imposition du Nutri-Score dans l’Hexagone. Une position juridiquement fort contestable au regard du droit de la concurrence de l’Union européenne, mais qui incite à rester vigilant.

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5 commentaires

Laurent46 3 mars 2025 - 8:43 am

Mais ne vous faites pas d’illusions, la République de France va réussir à conserver le nuti-score pour maintenir son premier niveau au grand concours Lépine des contraintes.

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Aquilina gerald 3 mars 2025 - 9:08 am

Le nutriscore n’a aucun intérêt alors que l’application YUKA fait bien mieux le travail en donnant bien plus de précision. Initiative privée qui laisse la liberté à chacun de choisir comment il veut s’empoisonner .

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gillet 3 mars 2025 - 9:09 am

En même temps il faudrait appliquer le principe “d’évaluation des politiques publiques”notée comme le Nutri-Scor,il faudrait ajouter F et G pour la France.

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Broussard 3 mars 2025 - 9:20 am

Nom d’une pipe !
la Finlande et les Émirats Arabes Unis … très touchés par l’obésité ?
ça, on ne nous l’avait pas encore annoncé…
merci à vous

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poivre 3 mars 2025 - 9:38 am

l’obligatoriété ! que ce mot est joli à lire et agréable à entendre !

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