Le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, repartira vraisemblablement des Etats-Unis, où il devait s’entretenir jeudi soir avec son homologue, Joe Biden, sans avoir obtenu le feu vert tant attendu pour tirer les missiles occidentaux longue portée dont son armée est dotée très en profondeur dans le territoire russe contre les bases d’où partent les avions et missiles ravageant son pays. Joe Biden fait miroiter une telle autorisation depuis un mois mais n’a visiblement pas l’intention de la lui accorder, de peur d’une escalade avec Moscou. Afin de ne pas donner l’impression de lâcher l’Ukraine dans ce conflit aux conséquences géopolitiques majuscules, puisque si le Kremlin conservait ses gains territoriaux cela constituerait une jurisprudence très dangereuse au profit des Etats agresseurs, la Maison-Blanche a toutefois annoncé une aide militaire de 8 milliards de dollars, ainsi que la livraison de missiles longue portée, à condition qu’ils ne frappent des cibles russes qu’à quelques dizaines de km de la frontière.
Parallèlement, Vladimir Poutine a annoncé théâtralement, certainement afin de jouer avec les nerfs des opinions publiques, médias et dirigeants occidentaux, une révision de la doctrine nucléaire russe. Un exercice au demeurant fréquent, qui avait, logiquement, pour objectif de tenir compte de l’évolution des menaces et des armes, puisque par exemple jadis drones et missiles hypersoniques n’existaient pas ou étaient peu employés. Le président russe a ainsi averti qu’il pourrait utiliser les armes nucléaires en cas non plus seulement d’une attaque massive de missiles balistiques menaçant l’existence même de l’Etat russe, mais aussi en cas d’offensive « de grande ampleur » de missiles, avions et drones portant atteinte à la souveraineté de la nation. Il a aussi menacé des pays nucléaires soutenant, sans forcément y participer, une telle offensive. Là encore, cela reste assez conforme, selon les experts, à la grammaire nucléaire russe, comme occidentale d’ailleurs, en vigueur depuis un demi-siècle.