L’Iran a pris le risque d’une véritable guerre avec Israël, quoique seulement par missiles interposés, mardi soir en lançant une salve de 180 missiles balistiques sur le pays. Téhéran, qui avait pourtant adopté un profil bas après la mise hors de combat de milliers de gradés de son allié libanais, le Hezbollah, et l’élimination de son chef, Hassan Nasrallah, vendredi, a donc visiblement estimé que l’absence de riposte d’ampleur serait prise par Jérusalem comme un signe de faiblesse. Et qu’il importait donc d’attaquer Israël massivement pour rétablir une dissuasion, notamment vis-à-vis de raids éventuels sur son complexe nucléaire. Il s’agit aussi pour Téhéran d’essayer d’éviter la destruction totale du Hezbollah, levier clé de ses opérations d’ingérence et déstabilisation dans la région et « joyaux » des gains géopolitiques méthodiquement accumulés par la révolution islamique depuis 1979.
La plupart des localités israéliennes ont déclaré un état d’alerte et l’armée a demandé à la population de descendre dans les abris durant une heure environ. De nombreux intercepteurs ont été tirés dans la nuit, mais il était difficile d’évaluer leur efficacité en milieu de soirée, ainsi que les victimes et dégâts subis. Les secours ont fait état de deux blessés. De nombreuses explosions et impacts de ce qui ne semblait pas être des débris, ou des restes d’intercepteurs ont été filmés et diffusés sur les réseaux sociaux. La Maison-Blanche a ordonné à ses unités déployées dans la région de contribuer à l’interception des missiles et Israël a annoncé qu’il riposterait, sans autres précisions.
Cette escalade subite, qui a fait grimper le prix du baril de 4 %, avec donc d’ores et déjà des répercussions sur l’économie mondiale, fait craindre un embrasement du Proche Orient à de nombreux observateurs, mais ce risque semble demeurer en fait très faible. D’une part, l’ampleur de la riposte israélienne dépendra du nombre de victimes. D’autre part, faute de frontière commune, la guerre entre l’Iran et Israël ne peut être qu’aérienne et Téhéran ne dispose pas d’un stock infini de missiles à longue porté capables de frapper Israël. Les 180 missiles tirés mardi représenteraient environ le tiers de son stock, selon les services de renseignements occidentaux. Enfin, l’Iran ne dispose d’aucun allié régional disposé à intervenir à ses côtés en cas de conflit, hormis une Syrie en piteux état. Tous les pays de la région, arabes et sunnites, vomissent le régime des mollahs, perse et chiite et lancé de surcroit dans d’innombrables opérations de déstabilisation. Tous, aussi, détestent le Hezbollah, qui les insulte et menace régulièrement et sont donc pas mécontents des coups que lui porte Israël, nonobstant les critiques virulentes qu’ils affichent envers l’Etat hébreux. Bref, la troisième guerre mondiale n’est pas pour demain…