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« Le mage du Kremlin », par Giuliano da Empoli

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Qui est ce « mage du Kremlin », ce « nouveau Raspoutine », ce Vadim Baranov tout puissant ? Longtemps il s’est caché sous le nom de plume de Nicolas Brandeis pour plagier au théâtre la décadence de la société russe sous la présidence d’Eltsine avant de devenir le premier conseiller du tsar Poutine. Aujourd’hui, alors qu’il a disparu de la cour des Grands, il se confie sur les réseaux sociaux. De par ses gènes et son éducation aristocratique, il dénonce l’ignorance populaire qui aveugle, les privilèges des oligarques qui les privent de liberté, la stupidité des émissions télévisées qui transforment artistes et dirigeants en marionnettes d’Etat. Quand Boris Berezovsky, homme d’affaires proche d’Eltsine, désigne comme chef du parti unique Vladimir Poutine, Baranov, philosophe idéaliste, pense pouvoir devenir l’éminence grise de ce petit fonctionnaire du KGB. Mais Vladimir Poutine est clairvoyant, n’est pas de ces hommes qui se laissent manipuler, revendique très vite la « force verticale » pour maîtriser toute rébellion, que ce soit « la révolution des roses de Géorgie » ou « la révolution orange » de l’Ukraine.

Pour essayer de recoudre les fils de l’histoire russe, Vadim Baranov va lui inspirer sa « politique du fil de fer », non pas celle de la conviction mais celle de la division, afin de faire apparaître le Tsar comme réconciliateur et restaurateur triomphant de l’ordre. Cependant homme de lettres avant tout, Baranov a recours à l’art que ses aïeux disaient rédempteur, aux beaux spectacles d’antan ; malheureusement la scène de son théâtre tourne subitement en arène ensanglantée. Car le Tsar est acteur mais aussi espion, joueur mais aussi tricheur, rendant ainsi le chaos attractif pour sa plus grande gloire et responsable d’une guerre technologique qui pourrait tourner en un enfer nucléaire. Et c’est là que Baranov fait marche arrière, convaincu que ce n’est pas par la force qu’on contribue à accroître la beauté du monde. Livre à mettre entre toutes les mains désireuses de mieux comprendre le cycle infernal de l’instinct de puissance qui enfle encore de nos jours. Heureusement la beauté de l’écriture compense la sinuosité du parcours des personnages…

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