Tout dans ce livre montre à quel point la voie de la facilité mène indubitablement à la corruption. Thomas Dietrich est lucide sur la nature humaine quand l’instinct du pouvoir n’est pas assouvi. Icare est un jeune Parisien, fils ingrat et étudiant velléitaire pour ne pas dire fabulateur. Il ne fréquente ni la fac de Lettres comme il le dit à ses parents, ni Sciences Po comme il le fait croire à ses nouveaux amis. Lors de ses débauches estudiantines, il s’amourache de la belle Circé qui l’introduit dans la diaspora africaine de Paris où il se lie d’amitié avec Anténor, général de l’Armée de la république de Tshipopo. Rien de très attrayant chez ce futur ministre de la Sécurité, si ce n’est son attachement et sa promesse à ce « frêle teint clair » d’en faire son conseiller politique.
Quelle aubaine pour Icare de s’envoler en Centrafrique, de découvrir la beauté de Pendéré la capitale, de se complaire dans le luxe au détriment du peuple ! Que faudra-t-il pour que ce « gamin inconsistant » prenne conscience de son allégeance à un régime sanguinaire ? Ce livre, magnifiquement écrit, n’est autre qu’un chant du cygne. L’illusion d’Icare de pouvoir se joindre à un gouvernement fantoche court d’évidence à l’échec. Roman initiatique où la satire politique devient leçon d’humanité. Il faut savoir que Thomas Dietrich, ancien élève de Sciences Po à la différence d’Icare, est le porte-parole du mouvement d’opposition tchadien qui entend poursuivre l’action pacifique de l’opposition démocratique. Il s’y emploie avec tous ses talents.
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