Qui est cette « petite femme au si grand tableau » qui séduit la France et l’Angleterre victorienne ? Rien ne permet d’espérer un tel succès à Rosa Bonheur, qui veut simplement oublier les épreuves familiales de l’enfance en se tournant vers le dessin animalier où elle puise toute son énergie. Sa sensibilité, elle l’a héritée d’une mère pianiste où coule un sang royal, ses dons de peintre viennent de son père, professeur de dessin qui ferait bien passer dans les expositions parisiennes les peintures de sa fille pour les siennes. Grâce à ce saint-simonien sans scrupules familiaux mais plein d’amis bohêmes, le lecteur découvre le tout Paris artistique qui a vite fait de remarquer les talents de Rosa. Celle-ci court de la Grande Galerie du Louvre, où elle s’astreint à la copie des tableaux, aux abattoirs du Roule et marchés des bas quartiers où elle peint sur le vif, de son atelier d’artiste où elle travaille avec acharnement aux salons mondains où elle tremble de timidité.
Là elle rencontre toutes les célébrités littéraires, critiques d’art, collectionneurs, galeristes et mécènes de l’époque jusqu’à ce que le marchand d’art Ernest Gambart l’emmène à Londres à l’Exposition annuelle de l’Ecole française pour y exposer son « Marché aux chevaux » dont la célébrité s’étendra jusqu’à New York. Tel est l’intérêt de ce livre tout aussi vivant dans son contexte historique que dans les tribulations de l’âme de Rosa Bonheur. S’il faut savoir tourner les pages de l’existence, il semble que Rosa Bonheur n’ait jamais tourné celle de son amour pour le célèbre peintre et sculpteur britannique Sir Edwin Landseer ni celle de la mystérieuse origine aristocratique de sa grand- mère…