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How to be a Dictator : The cult of personality in the twentieth century

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Auteur d’une très remarquable étude consacrée à la famine provoquée par Mao, Frank Dikötter, enseignant à l’université de Hong Kong et senior fellow au Hudson Institute, n’a jamais été traduit en France. Il est l’un des meilleurs connaisseurs des systèmes totalitaires. Ce dernier essai aborde un des aspects les plus intéressants et importants dans une dictature : le culte de la personnalité chez huit dictateurs du XXe siècle. La figure du Chef suprême est l’une des conditions de la survie d’une dictature mais ce n’est pas la seule. « L’Etat c’est moi », disait le monarque absolu au XVIIe siècle. Cela signifiait, entre autres, le droit de vie et de mort sur ses sujets. La plupart des dictateurs reprendront cette formule en la mettant en pratique avec les moyens « modernes » de surveillance et de terreur.

Mais tous n’ont pas choisi le culte de la personnalité, certains ont préféré l’endoctrinement, la peur et la répression atroce. Le sinistre Pol Pot a mis en avant l’appareil de répression et non pas sa figure en tant que leader. S’agit-il là de l’une des causes de la courte durée de son régime ? D’autres, comme Mussolini, Hitler, Staline et Mao ont combiné le culte du chef avec la répression de leur propre peuple, surtout Staline et Mao. Ils ont compris qu’un régime totalitaire ne devait pas se contenter d’être craint, il doit aussi donner l’illusion d’être aimé. Plus cette illusion est forte, plus le régime survivrea. Ceausescu et Kim Il-sung, dictateur nord-coréen, eux aussi présents dans ce livre, ont été maîtres dans la propagande au service de la dictature. Portraits accrochés partout, dans les écoles, les universités, dans toutes les institutions, fabriques et gares, citations bien visibles au bord des routes, émissions de radio et de télé à la gloire du tyran, toute la panoplie de l’endoctrinement de masse a été utilisée. Ce ne sont pas les écrits de Marx et Lénine que le peuple devait lire mais les écrits du « génie » qui le dirige.

Ce processus bien élaboré ne saurait fonctionner sans la cour du dictateur et toute une armée d’écrivains, poètes, comédiens, compositeurs et chorégraphes au service de la propagande. Il faut que le tyran devienne le symbole d’un culte presque divin et non seulement celui qui inspire la peur. Les manifestations rassemblant des dizaines de milliers de personnes qui brandissent son portrait ont aussi pour rôle de créer la confusion au sein de la population. Et si le dictateur était vraiment aimé par une partie du pays ? Cela peut dissuader les opposants et faire douter les dirigeants étrangers, en particulier ceux des pays démocratiques. Sans oublier les intellectuels zélateurs en Occident, tel un Jean-Paul Sartre, qui croyaient effectivement en l’adhésion des masses.

Un autre ingrédient du culte de la personnalité est lié aux racines historiques que s’attribuent les dictateurs. Ils font partie de l’Histoire comme les anciens héros du pays qui ont combattu vaillamment les ennemis. Mussolini était le nouveau César et Ceausescu, le descendant des rois qui avaient vaincu l’Empire ottoman. D’autres s’attribuaient des pouvoirs magiques. Duvalier, en Haïti, était un prêtre vaudou capable de guérir toutes les maladies et de prédire l’avenir. Mengistu, en Ethiopie, était un Dieu qui demandait aux parents de rembourser les balles ayant servi à exécuter leurs propres enfants ! Difficile de trouver mieux sur l’échelle de l’horreur…

Ce culte de la personnalité mène souvent à la paranoïa. Nombreux ont été ceux qui voyaient partout des ennemis, même parmi leurs plus fidèles serviteurs. Ils sont tombés à cause de leur propre peur, souvent injustifiée, et aussi parce qu’ils ont cru en leur pouvoir éternel. L’essai de Dikötter prouve remarquablement que, contrairement à ce qu’on a longtemps cru, la terreur ne suffit pas pour la survie d’une dictature.

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