Quand l’Elysée choisira Pascal Perri pour interviewer le Président, la France aura vraiment changé. Car il est très réconfortant de voir un éditorialiste comme lui maîtriser parfaitement les sujets dont il parle et, surtout, éviter la sempiternelle analyse économiquement correcte. Il est éditorialiste sur LCI. Ses commentaires sont justes, clairs, solidement argumentés. Il manie avec brio les chiffres et les données, ne les cite pas sans les vérifier et les comparer. C’est cette rigueur que l’on retrouve dans son dernier essai. Les Français ne sont pas des foudres de guerre : à choisir, ils préfèrent travailler moins que dans d’autres pays et partir plus tôt à la retraite. L’Etat providence y est pour quelque chose, mais il y d’autres causes. L’école ne donne plus le goût du travail et de l’effort aux enfants ; le discours égalitariste est omniprésent et se distinguer n’est plus vraiment méritoire. Ceux qui travaillent beaucoup, qui veulent réussir et bien gagner leur vie, en arrivent même parfois à se sentir coupables…
Pascal Perri passe en revue toutes les tares de notre modèle social, ce modèle que tout le monde nous envie mais que personne ne copie, selon une formule qui devient presque un refrain. On peut profiter très largement des très nombreuses aides sociales – la France est un paradis social – car les contrôles sont rares et inefficaces. L’indemnité chômage est la plus généreuse au monde : elle permet de travailler six mois puis de se « reposer » en touchant les indemnités. Les politiques ? Ils sont amorphes, ils ont oublié ce que veut dire le mot « réforme ». La gauche ne s’est toujours pas débarrassée de ses habits marxistes et souffre d’un trouble obsessionnel compulsif : taxer les riches ! Quant à la droite, elle est toujours ancrée dans l’étatisme et l’interventionnisme. Le discours du RN et d’une partie de la droite vise l’immigration clandestine sans pour autant encourager les Français « de souche » à ne plus vivre aux crochets de l’Etat, même s’ils doivent pour cela accepter des boulots qu’ils jugent peu valorisants.
Le travail n’est pas un jeu et l’entreprise n’est pas un « centre aéré ou une colonie de vacances », écrit l’auteur. Les Français doivent aimer l’entreprise – créatrice de richesses – et l’entreprise doit savoir les apprécier aussi. Plutôt que de faire l’éloge du repos et de la retraite, faisons celui de l’effort et du succès entrepreneurial. L’essai de Perri apporte la preuve que la lucidité économique existe encore dans ce pays qui a terriblement besoin de changer. Sinon, il est condamné.
2 commentaires
La paresse était déjà dans les péchés capitaux. Elle s’accroît quand les gouvernants (par démagogie) l’encouragent.
Dans un monde d’opportunités les opportunistes sont rois.
Et Perrichon (moins « expert-compatible » que Perri ?) très à propos quand il publie ce livre avant les débats parlementaires (sic) qui modifieront les droits des allocataires du RSA par exemple… et ce dans un pur esprit de sacrifice.
Je suis toujours étonné que cette « pensée économique » soit à ce point engluée dans une vieille morale aigre et punitive. Qu’elle se fasse passer pour de l’incorrect voire du révolutionnaire ajoute au piquant de cette entreprise essentiellement nourrie de conflits d’intérêts.
NB : Je trouvais Perri très allusif sur ses fameuses « expériences professionnelles » dans l’aéronautique… en fait de « chef d’entreprise » il était dir-cab d’AirLib dans une nébuleuse de sociétés.
Où est la dimension sacrificielle de Perri dans son travail ?