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Atlas des guerres à venir, par Philippe Fabry

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Dans notre actualité géopolitique chaude du moment, ce livre peut être considéré comme un indispensable. C’est dans l’ancienne version de cet ouvrage (2017) que son auteur avait prévu l’invasion de l’Ukraine par la Russie de Poutine. Contre l’avis de nombreux spécialistes en géopolitique, il avait également prédit que la Russie passerait par la Biélorussie pour mener son attaque militaire, cartes à l’appui. L’histoire lui a donné raison.

Philippe Fabry est avocat, mais surtout historien du droit, des institutions et des idées politiques. Il est spécialiste de l’historionomie que l’auteur décrit comme « une autre façon de lire l’Histoire, et par là-même de lire le monde. Il ne s’agit pas de faire de la divination ou d’aborder l’Histoire comme un phénomène mystique ou finaliste ; il n’est pas question de donner un sens ultime à l’histoire, simplement de constater comment elle se fait, présentant des effets structurels, les « schémas » ou « cycles » ou « modèles » historiques, que l’on doit analyser comme le produit de lois sous-jacentes. La démarche pour identifier ces schémas historiques est essentiellement comparatiste, car le comparatisme est un outil extrêmement utile dans les sciences où l’expérience contrôlée est impossible (par exemple en astronomie) et où seule la multiplicité des exemples recensés permet d’isoler des variables, de dresser des catégories, de faire le tri entre le déterminant et le négligeable. »

Avec une soixantaine de cartes commentées présentes dans cet atlas réédité, revu et augmenté, Philippe Fabry dessine les potentiels conflits à venir en Eurasie (Europe orientale, Proche et Moyen-Orient, Asie). Ce livre n’est pas le fruit d’hasardeuses prédictions, mais d’une utilisation des schémas historiques. Il introduit d’ailleurs son ouvrage par un rappel de différentes guerres, de l’histoire antique à celle du XXème siècle afin d’étayer son propos. L’historionomie se veut être une science comparatiste, qui se fonde sur l’expérience. Son autre livre La structure de l’histoire permet d’éclairer cette matière encore inconnue aujourd’hui.

Ainsi, M. Fabry explique dans son atlas que la Russie poutinienne va s’attaquer, après l’Ukraine, aux pays Baltes puis à la Pologne. Cette action militaire permettrait à la Russie de prolonger son territoire et de rejoindre l’enclave de Kaliningrad, source de grandes inquiétudes côté polonais et lituanien. L’armée russe pourrait, selon ce scénario, arriver aux portes de Berlin. L’ère d’influence de la Russie poutinienne pourrait égaler voire dépasser celle de l’URSS et des démocraties populaires du siècle dernier.

Philippe Fabry prévoit également une forte intensification des conflits dans la péninsule arabique, parlant d’un couple « poutinisme-islamisme ». Qui plus est, c’est un véritable scénario de troisième guerre mondiale qui se profile dans l’ouvrage. En effet, la Chine envahirait ses proches voisins, et non pas uniquement Taïwan, mettant une bonne partie de l’Asie à genoux et sous la coupe du Parti Communiste Chinois. Après l’axe germano-nippon de 1939-1945, c’est la constitution d’un axe sino-russe qui est détaillé dans ce livre. Il faut dire que les proximités entre les deux régimes sont plus que flagrantes aujourd’hui.

Mais à la fin d’une guerre mondiale, c’est l’Occident et les Etats-Unis qui gagnent. Cette potentielle troisième guerre mondiale de Philippe Fabry n’échappe pas à cette règle. Mais en plus de cela, la Turquie, qui serait menacée par la Russie sur un front Est, participerait à l’effort de guerre contre Poutine, et ses victoires lui permettraient de constituer un empire panturc.

Certes, Philippe Fabry n’est pas Nostradamus. L’historionomie, bien que très intéressante, n’est pas une science exacte.  A l’heure où ses lignes sont écrites, la Russie peine à avancer en Ukraine et revoit ses positions. La troisième guerre mondiale qu’il prédit dans son ouvrage ne va probablement pas se réaliser. Ou alors d’une manière différente à ce que l’ouvrage explique. De même, rien ne dit que la Chine pourrait s’employer dans une entreprise de guerre mondiale ou que la Turquie souhaite s’étendre à des milliers de kilomètres d’Istanbul. Néanmoins, les réflexions qu’apportent M. Fabry sont nécessaires pour comprendre les futurs événements géopolitiques. C’est un éclairage sur les volontés de puissance de la Russie, de la Chine et de la Turquie, mais aussi un rappel essentiel : si pour certains une troisième guerre mondiale relève de la science-fiction, la guerre n’est pas une marque du passé. Elle fera aussi l’avenir des Etats-nations, comme elle le fait en ce moment-même en Europe, mais aussi dans d’autres régions du monde.

Dans ce contexte, les pays d’Occident et du monde libre devraient envisager d’augmenter nettement leurs budgets de défense et de tout mettre en œuvre pour qu’un tel scénario ne puisse pas se produire.

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6 commentaires

François MARTIN 2 avril 2022 - 6:06 am

L’historionomie est clairement une méthode d’analyse interessante qui a permis de prévoir la guerre russo-ukrainiène mais pas que la Russie peine à avancer en Ukraine.

Elle doit donc être complétée par une une analyse des forces en présence.

Mais cela ne suffit pas forcément: Le renseignement militaire français avait prédit que la Russie n’attaquerait pas l’Ukraine parce que ses forces armées étaient insuffisantes.

C’était un raisonnement impeccable mais il n’intégrait pas que Mr Poutine aurait une perception inexacte de sa puissance militaire.

C’est ainsi que les analyses les plus puissantes peuvent être déjouées par des circonstances difficilement prévisibles.

Un fait-divers peut provoquer une guerre mondiale ou l’éviter.

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Duhamel 2 avril 2022 - 8:22 am

Comme en 1914, comme en 1936 , nous sommes diriges par des «  bonobos. souriants » incapables de se projeter dans l’avenir et d’imaginer le pire pour l’eviter . Nos chers dirigeants ne devenant agressifs que pour defendre le «  pognon » .Ils n’ont pas retenu les leçons de l’histoire se croyant plus intelligents sue le petit peuple .

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Verdun 2 avril 2022 - 8:40 am

Les accords de Minsk écrits par les 4 fantastiques prévoyaient déjà cette guerre de position et l’ue à financé l’armée russe en privilégiant son gaz au détriment de notre indépendance nucléaire. La Russie ne veut pas écraser l’Ukraine. Sinon ce serait déjà terminé.

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Nicolas Lecaussin 3 avril 2022 - 6:25 am

La Russie ne peut pas l’écraser…
NL

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Obeguyx 2 avril 2022 - 12:56 pm

Biden a dû lire Fabry. Cet Atlas est certainement très intéressant et mérite d’être lu (près de 30 balles quand même) et il ne faut pas prendre comme du bon pain ce qui est dit ou écrit, mais le travail de l’auteur peut apporter des éclairages alors inconnus de nous et nous permettre d’affiner nos réflexions et jugements (il en est de même des débats). C’est tout le mérite de ce genre d’essai qu’il ne faut pas préjuger. La lecture de cet chronique est fort intéressante et pourrait m’inciter à acheter le livre dès que mes finances me le permettront.

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François MARTIN 2 avril 2022 - 3:00 pm

S’IL VOUS PLAIT, POUVEZ_VOUS REMPLACER MON COMMENTAIRE PRECEDENT, REDIGE UN PEU RAPIDEMENT PAR CELUI-CI:

L’historionomie est une méthode d’analyse intéressante qui a permis de prévoir qu’une guerre russo-ukrainiène était possible. Mais elle ne permettait pas de prévoir que la Russie peinerait à avancer en Ukraine, cela est du domaine de l’analyse stratégique.

Le renseignement militaire français avait prédit que la Russie n’attaquerait pas l’Ukraine parce que ses forces armées étaient insuffisantes. C’était un raisonnement impeccable mais il n’intégrait pas que Mr Poutine aurait une perception inexacte de sa puissance militaire.

Ainsi les analyses les plus puissantes (historionomie + stratégie) peuvent être déjouées par des impondérables (en l’occurrence une appréciation erronée du rapport de forces par le pouvoir en place).

Les impondérables, qui peuvent expliquer le basculement ou le non basculement vers une guerre mondiale, par exemple, doivent être recensés et pris en compte par les analystes. Ce n’est pas la partie la plus facile de l’exercice.

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