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Vote protestataire : vers une société de la méfiance généralisée

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Comme chaque année, le journal Le Monde a publié en septembre 2021 une grande enquête destinée à mieux cerner l’opinion des Français. La perception qu’ils ont de leur pays est toujours mauvaise : 78 % le considèrent en déclin (contre 85% en 2014), même si pour 51 % d’entre eux, cela n’est pas irréversible.

Parmi ce qui préoccupe le plus nos compatriotes, on trouve naturellement en tête la crise sanitaire (49%), puis quatre sujets approximativement sur la même ligne : le pouvoir d’achat (39%), l’avenir du système social (37 %), la protection de l’environnement et la délinquance (36%). Insouciants de l’avenir, nos Gaulois réfractaires ne sont que 21 % à se soucier prioritairement de l’immigration.

Une confiance à deux vitesses et un besoin d’autorité ressort de l’étude de l’opinion des Français

Toutefois, c’est une avalanche d’idées, que l’on peut grossièrement qualifier de conservatrices, qui traverse notre société et en premier lieu, le besoin d’autorité. Les Français sont 82 % à réclamer un vrai chef pour rétablir l’ordre, 88 % à considérer que l’autorité est trop souvent critiquée et même 55 % à souhaiter le retour de la peine de mort.

Mieux, 68% pensent que « c’était mieux avant », 65 % que la France doit davantage se protéger du monde, 61 % qu’« on ne se sent plus chez soi comme avant », 66 % qu’il y a trop d’étrangers en France et 57 % que les immigrés ne font aucun effort pour s’intégrer.

Conséquence de cette situation d’insécurité culturelle, la défiance progresse : 78 % estiment « qu’on n’est jamais assez prudent quand on a affaire aux autres », et seulement 22% pensent pouvoir faire confiance à la plupart des gens.
Les institutions et acteurs de la vie publique qui inspirent le plus confiance aux Français sont les PME (81%), l’armée (80%), l’école (76%), les scientifiques (75%), la police (71%) et les maires (71%), qui s’en tirent très bien par rapport à leurs collègues parlementaires (29%). En revanche, nos compatriotes n’ont qu’une confiance très limitée dans les partis politiques (11%), les médias (24%), les syndicats (32%) ou l’Union européenne (42%).

Bien que globalement convaincus d’un certain nombre d’idées conservatrices, les Français ne passent pas à l’acte et se réfugient dans l’abstention. Cette situation résulte soit d’une atrophie de la force vitale du peuple français, réversible ou irréversible, soit de l’incapacité des partis dit populistes à incarner quoi que ce soit.

Une société inquiète, insatisfaite de sa classe politique et prompte à se réfugier dans le vote protestataire et l’abstention

C’est un fait que les médias se plaisent à nous rappeler : le vote protestataire et le vote dit populiste progressent. Le comportement électoral protestataire peut être défini comme le penchant (mais pas encore intention affirmée) d’un électeur à se déclarer en faveur de l’abstention, ou du vote blanc au premier tour ; ou encore d’un parti populiste, Rassemblement National, Lutte ouvrière, Nouveau Parti anticapitaliste, France insoumise, Debout la France… Si on l’examine de près, on s’aperçoit qu’il attire 72% des Français.

Ce potentiel électoral protestataire se répartit de la manière suivante : 48% pour un candidat d’un parti populiste, 34% pour le vote blanc ou l’abstention ; ce dernier chiffre concernant 41% des femmes, contre 28% des hommes, 50% des 18-24 ans et 46% des membres d’un foyer dont les revenus sont inférieurs à 1 000€ par mois.
Les raisons majeures de l’abstention sont le sentiment « que c’est la même politique qui est menée quel que soit le parti au pouvoir » (30%), le fait qu’aucun candidat ne convient (26%), le désintérêt général pour la politique (17%), la protestation contre le système politique actuel, l’absence d’intérêt direct pour l’élection présidentielle (12%).

L’inquiétude de nos compatriotes est grande : 41% croient que l’élection présidentielle va diviser les Français, contre seulement 12% qui pensent qu’elle va les rassembler. Ils sont également 72% à considérer que la société est de plus en plus violente, 34% des 18-24 ans se déclarant même en faveur du droit de porter une arme.

Les Français se « droitisent »

Si l’on considère l’autopositionnement politique des Français, c’est-à-dire la manière dont ils se situent eux-mêmes sur une échelle gauche-droite de 0 à 10 (0 correspondant au positionnement le plus à gauche et 10 le plus à droite, la gauche se situant entre 0 et 4, le centre à 5 et la droite entre 6 et 10), on remarque que 37% des Français sont à droite, 20% à gauche, 18% au centre et que 23 % refusent de se situer. Le constat est sans appel : il y a quasiment deux fois plus de Français à droite qu’à gauche.

Plus de la majorité des électeurs, soit 56%, déclare être plus ou moins disposée à voter pour un candidat de droite, contre 34% pour un candidat de gauche. Après la défaite quantitative, la gauche subit de plein fouet la défaite sociologique : 60% des ouvriers et des employés se dirigent vers la droite contre 36% pour la gauche.
On observe d’ailleurs qu’une part significative des électeurs de gauche de 2017 (37%) opère un mouvement vers la droite, quand seuls 10 et 16% des électeurs de François Fillon et Marine le Pen font le chemin inverse.

Par ailleurs, au sein du groupe d’électeurs positionnés au centre, le potentiel électoral de la droite (57%) est beaucoup plus élevé que celui de la gauche (35%).

En 1995, Alain Peyrefitte, ministre du Général de Gaulle, avait publié un livre intitulé La société de la confiance. La confiance, dans les hommes, dans les institutions, dans les personnes proches et les relations professionnelles, facilite le développement des sociétés et favorise le bien être des individus. Force est de constater que sous l’effet du grand déclassement de toute les couches moyennes de la société, de l’immigration de masse et de la montée de l’insécurité qui en découle, cette société de la confiance fait désormais partie de l’Histoire. La défiance vis-à-vis de la classe politique et le vote protestataire n’étant que la partie émergée de l’iceberg des effets délétères que ces grands mouvements de fond de la société produisent dans notre pays.

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10 commentaires

JR 6 janvier 2022 - 9:35

Vote protestataire : vers une société de la méfiance généralisée
Bonjour, la réponse se trouve dans les chiffres de l’étude.
Vous annoncez, je cite:  » Les institutions et acteurs de la vie publique qui inspirent le plus confiance aux Français sont les PME (81%), l’armée (80%), l’école (76%), les scientifiques (75%), la police (71%) et les maires (71%) ». Tout est dit.
Est-ce que ce panel est représenté dans les institutions parlementaires (Assemblée Nationale, Sénat et parlement Européen) ? La réponse est vraisemblablement non. Il conviendrait d’établir la statistique pour s’en assurer.
Voila ou se trouve(rait) le fameux décalage, il est inutile de constituer des comité citoyen de ceci ou de cela. Il faut régler le problème en amont.

A noter qu’à l’époque ou il y avait encore des gouvernements compétents, les parlementaires venaient du monde des entreprises et de la vraie vie.
Les président Français n’étaient pas encore de simple petit fonctionnaire de Maastricht, ils ne cherchaient pas à « emmerder les français ».
Au contraire, il fallait « arrêter d’emmerder les Français », merci Georges !
Simple réflexion: qui aujourd’hui dans ce médiocre gouvernement serait le Alain Peyrefitte de service ?
Charles, Georges au secours !
Merci. Bien à vous

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François MARTIN 7 janvier 2022 - 6:26

Vote protestataire : vers une société de la méfiance généralisée
Selon le journal LE MONDE, “la perception que les Français ont de leur pays est toujours mauvaise“.
Perception ? Sentiment ? Imagination ?
Les Français seraient-ils de pauvres petites choses névrotiques ? Imaginent-ils bêtement que “c’était mieux avant“? Ou bien ont-ils raison “objectivement“?

En réalité, malgré des financements considérables et en augmentation constante, les résultats des politiques gouvernementales françaises sont de plus en plus mauvais : crise de l’agriculture, crise de l’aménagement du territoire et de l’environnement, crise de l’apprentissage, crise de l’artisanat, crise de l’Administration, crise de l’emploi-chômage, crise de l’enseignement, crise de l’immigration, crise de l’industrie, crise de la justice, crise du logement, crise de la médecine, crise du maintien de l’ordre, crise de la pêche, crise des prisons, crise de la recherche, crise du système social…

L’impact global de cette “crise de tout“ sur la vie des Français a été mesuré : “De 1975 à 2019 la France est passée du 5ème au 26ème rang mondial pour le niveau de vie par tête“. (Jacques de Larosière. 40 ans d’égarements économiques. Éditions Odile JACOB).

Les Français sont, finalement, de meilleurs analystes politiques et économiques que LE MONDE, c’est le Monde à l’envers!

Etonnant, non ?

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Nicolas Carras 7 janvier 2022 - 8:57

Vote protestataire : vers une société de la méfiance généralisée
Alors qu’ils prennent le temps de comprendre ceux qui veulent libéraliser la France (pour ne pas écrire carrément la libérer, vu l’état actuel des choses, et a-t-elle vraiment été totalement libérée à la libération ?), afin de la remettre dans la marche du monde, améliorer considérablement le niveau de vie de ses habitants.

Il faut nous débarrasser de toute la bureaucratie et de tout l’administratif, totalement inutile dans ce pays et nous coûtant une fortune, en plus de scléroser la France.

La TOTALITÉ des secteurs d’activités sont parasités par de la bureaucratie-technocratique déconnectée du terrain, du locale.

Des bureaucrates vont dire aux patrons comment faire leurs entreprises. Alors que cet état n’est même pas capable de se gérer convenablement, n’est même pas capable d’assurer convenablement la base de la base de ce dont pourquoi il est payé à la base.

Je discutais avec des soignants de la Pitié-Salpêtrière de ces problèmes d’administration déconnectée de l’hôpital, et je leur demandais, vu qu’ils avaient déjà une administration interne à la Pitié-Salpêtrière, s’il avaient besoin d’une autre administration en dehors de la Pitié-Salpêtrière.

Ils ont été catégorique : 1 – ils n’en ont pas besoin, 2 – ils leur apportent plus de problèmes que le contraire.

Le ministère de la santé, c’est l’hôpital lui-même !

Et y a-t-il encore entre le citoyen et cette bureaucratie technocratique délirante, quelque chose qui fait tampon, afin d’empêcher ces fonctionnaires de ruiner ses libertés fondamentales, à commencer par sa liberté économique ?

La France est devenue un pays de type communiste. C’est clairement un pays étatiste, appliquant de l’étatisme et imprégné de tout un tas d’idées d’essence socialistes illibérales au possible.

Avec un président qui affirme publiquement vouloir emmerder des gens comme moi jusqu’au bout.

Voilà la définition de jusqu’au-boutiste : qui pousse à prendre des mesures extrêmes, quelles qu’en soient les conséquences. Synonyme : extrémiste.

Un extrémiste…

Vive la France, vive la liberté !

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Verdun 7 janvier 2022 - 9:43

Vote protestataire : vers une société de la méfiance généralisée
Bonjour
Personnellement par expérience, je n’ai confiance en aucun de ces acteurs. C’est probablement un besoin de se raccrocher à quelque chose une institution ou une icône qui fait que les sondés témoignent encore confiances en certains acteurs publics comme les scientifiques avec la gabegie du covid ou l’armée qui n’apas gagné une guerre depuis plus d’un siècle. Un besoin de paternalisme franco français. Avec cette mentalité le déclassement ne fait que commencer.

Quel est le profil des sondés, quelles sont leur expérience mis à part peut être vis à vis des pme ?

La demande de retour de la peine de mort traduit cette faillite des institutions incapables de prévoir et prévenir.

C’est probablement le résultat de la confrontation et du rapport de force entre le grand capital et les états aujourd’hui discrédités, comme autrefois les « grands » luttaient contre les rois pour le pouvoir.
Le monde repus de financement public nous berce t’il d’illusions depuis 40 ans ?

Prenez vous en main français l’état vous emme.de ce n’est pas encore suffisamment clair.

Bien à vous

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en fait 7 janvier 2022 - 10:14

Vote protestataire : vers une société de la méfiance généralisée
merci pour votre texte,
Oui, quand le monde « publie », j’active mon « neurone », pour l’immigration, j’ai comme un très gros doute; il suffit pourtant de noter les informations: naissances – mariages – décès – du bulletin municipal mensuel pour noter des faits officiels en totale contradiction(s) !.
A la fin, le lourd réel impose toujours sa très grosse  » patta ».
Oui, 65 % de vote protestataire de la population de plus de 18 ans ( environ 11% sont « ailleurs » )
vs quasi 65 % pour les divers prélèvements sans oublier l’augmentation des dettes , . .. ….,
Oui, même sans lire: Les Intouchables d’Etat – Les Voraces – La Mafia d’ Etat, le peuple se rend bien compte que la Caste Incompétente et Accapareuse se moque sans la moindre vergogne des citoyens.
En même temps, ceux qui peuvent  » Agir » font semblant de ne pas « écouter », d’autres idées, aussi, Oui tout va très bien.

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Astérix 7 janvier 2022 - 12:27

Vote protestataire : vers une société de la méfiance généralisée
Les institutions parlementaires (Assemblée Nationale, Sénat et parlement Européen) ne représentent en aucun cas le peuple.
Ils sont tous le doigt sur la couture du pantalon….! et se moquent des peuples.
Scandaleux ! il est inutile de voter puisque nous ne sommes pas représentés comme il convient.

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AlainD 7 janvier 2022 - 2:46

Vote protestataire : vers une société de la méfiance généralisée
Faut il s’étonner de l’état de notre pays ?
La France est « gérée » par une monstruosité bureaucratique, il y a beaucoup trop de strates administratives au sein desquelles navigue une population qui n’a jamais diminué malgré la mise en place d’outils technologiques, c’est vrai que l’on a vu des fiascos genre « Louvois » pour la solde des militaires… Néanmoins parmi tous ces gens, on peut se demander si tous sont utiles ou simplement planqués en attendant que sonne l’heure de la retraite. Prenez un ministre au hasard, sait il à l’unité près quel est son effectif et combien on le paie ? Les hauts fonctionnaires cultivent le secret sur leur rémunération, cela est il normal ?
Parlons du gouvernement, le nombre de ministres et de conseillers n’a jamais été aussi élevé depuis l’arrivé de Macron malgré la promesse du candidat de 2017. Qui sont les ministres ? Pour la plupart des énarques dont on voit bien que le mode de gestion consiste à augmenter les impôts plutôt que de faire des économies.
Le Parlement, avons nous besoin de 577 députés et 323 sénateurs ? Ce sont des gens qui coûtent cher d’autant qu’il s’y ajoute les députés européens dont la rémunération échappe à l’impôt…
Quant au président, il n’a de considération que pour lui-même.
Nous vivons dans un innommable bazar car sans parler des structures régionales et départementales il faut encore compter avec les hauts conseils et hautes autorités de tout poil.
Chacun de ces machins veut donc avoir voix au chapitre et complique la situation à loisir.
Hélas je vois mal qui serait capable de remettre de l’ordre.
Dans une chanson de Queen(I’m going slightly mad) on entend « I’m driving only three wheels these days » C’est carrément ce que je ressens…

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Obeguyx 8 janvier 2022 - 7:03

Vote protestataire : vers une société de la méfiance généralisée
Le responsable : c’est le socialisme sous toutes ses formes, l’idéologie la plus criminelle de la planète. Et les peuples continuent de voter pour cette infamie. En France, après De Gaulle, cela a commencé avec l’élection de Giscard qui bien que placé au « centre » était un bon socialiste mondain qui pensait avoir du sang royal.

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Patrick MAGNIN 9 janvier 2022 - 1:44

Vote protestataire : vers une société de la méfiance généralisée
La France s’est toujours sortie des crises majeures. Mais toujours par la violence, révolutions ou guerres. Nous nous sortirons de celle-ci, comme des autres, mais pas par le vote. Nous avons coupé les têtes de la noblesse et du clergé, pillé leurs biens. Aujourd’hui, il faudra couper les têtes des oisifs, des employés inutiles, des retraités, des rentiers. Ou les faire fuir.

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JR 9 janvier 2022 - 5:53

Vote protestataire : vers une société de la méfiance généralisée
Bonjour, c’est une véritable cacophonie. Seul un Charles De Gaulle pourrait y remettre de l’ordre. Nous sommes dans le régime des partis qui avait tant exacerbé le grand Charles. D’où la V-ème république. Nous ne voyons ni Précron, ni Macresse avoir la capacité d’y remédier, tous deux, bons petits élèves lobotomisés par la feuille de route de tonton Klaus Schwab qui les avait préalablement récompensés. Charles au secours ! Merci. Bien à vous

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