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Une vibrante défense de la liberté par David Lisnard

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Le 24 août, David Lisnard, le maire de Cannes et président de l’Association des maires de France, n’a pas seulement célébré le 80e anniversaire de la libération de sa ville, il a surtout prononcé une longue allocution en défense de la liberté.

La valeur cardinale d’une liberté qui ne va pas de soi

Ce qui traverse le discours de David Lisnard, c’est la volonté explicite de montrer que les résistants et les combattants pour la libération de la France avaient pour valeur cardinale la liberté et que, en leur mémoire, nous ne devons pas, précisément : nous ne devons plus, trahir leur mémoire.

David Lisnard parle en liminaire du « combat de la liberté ». Il ne faut évidemment pas y voir un impensé marxiste selon lequel la liberté n’est pas naturelle, mais à construire. La liberté -et ce sont les premiers mots- est « consubstantielle à la condition humaine » ; c’est un « combat pour la nature humaine ». Il n’est donc pas surprenant de voir citée la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen de 1789. Mais, si la liberté est un droit imprescriptible et sacré, « être libre ne va pas de soi ». Tel est le cœur de l’allocution.

Une espérance agissante et une mise en garde

Cette allocution est assez peu commune en ce qu’elle est tout à la fois la manifestation d’une espérance agissante (« agir et espérer ») et une mise en garde. Une sévère mise en garde même qui démontre ce qui peut séparer un homme politique, voire un vulgaire politicien, au mieux pusillanime, au pis démagogue, et un homme d’État (ce qui ne veut pas dire « homme de l’État », on va le voir).

Après avoir opportunément rappelé que la victoire a été remportée en 1944-1945 par les démocraties à l’ouest et grâce au sacrifice de nombreux soviétiques, David Lisnard rappelle à propos la responsabilité de l’URSS, signataire du déshonorant pacte germano-soviétique en 1939, et l’extension du totalitarisme soviétique à l’est. Deux faits soigneusement obombrés, surtout le premier, dans notre pays.

David Lisnard ne caresse pas les électeurs dans le sens du poil et il prononce un discours de vérité à l’encontre d’un certain nombre de nos concitoyens qui ont « perdu le goût de la liberté ». Il les tance en les qualifiant sans fard de « consommateurs de services publics », emplis de droits et exemptés de devoirs, en définitive victimes du « piège de la soumission volontaire ».

La sécurité, oui bien sûr ; la « tentation sécuritaire », non. L’élu local rappelle à juste titre combien l’idée reçue d’une sécurité entendue comme « première des libertés » est fausse. Ici, ce sont évidemment l’extrême droite et la droite nationale qui sont visées au premier chef. Les mots sonnent justes : les citoyens sont l’objet « de la sollicitude infantilisante » des gouvernants qui entendent les « protéger » (là, tous les bords politiques sont montrés du doigt, macronistes en tête). La banalité de la nécessité d’un pouvoir arbitraire en prend pour son grade, citation de Benjamin Constant à l’appui. David Lisnard retrouve des thèmes qu’il connaît fort bien lorsqu’il anathématise le « régime des technocrates », « faible avec les forts, forts avec les faibles » (tout le monde aura en tête la politique pénale de l’État…). L’équation s’écrit ainsi : laxisme régalien plus tyrannie bureaucratique égale autoritarisme.

Le président de l’AMF fustige ensuite le « laxisme » des comptes publics, le « social-étatisme » champion de la dépense publique et la dette publique. Pourtant, il n’existe aucun fatalisme en la matière puisque les comptes de la Ville de Cannes, eux, sont sains, ne manque-t-il pas de souligner.

David Lisnard passe ensuite à la politique internationale et il vitupère les « empires illibéraux » chinois et russe, ainsi que l’ensemble des pays qui entravent la liberté, entre autres l’Afghanistan, l’Iran et (pierre dans le jardin de Jean-Luc Mélenchon) le Venezuela. Avec courage, il dénonce le « grand sud » victimaire qui porte atteinte « à la démocratie et à l’universalisme républicain », avec la responsabilité des « déconstructionnistes » et autres « wokistes ». Il s’oppose, en France comme dans le monde, à l’islamisme, au communautarisme et aux islamo-gauchistes.

Le fond et la forme de la liberté

Au fond, le maire de Cannes défend avec vigueur la liberté d’expression, la propriété (quel autre homme politique de premier plan entend-il la défendre ?), la liberté d’entreprendre et de commercer, par conséquent le libre-échange (là encore avec cran puisque l’ensemble des partis politiques lui est totalement ou partiellement opposé). On aura relevé qu’il n’utilise jamais les termes de droite, de gauche ou du centre. Il entend clairement faire preuve de hauteur de vue, au-delà des positions politiciennes ou représentatives d’une mauvaise foi achevée, et rassembler, mais non pas selon le plus petit dénominateur commun, autour de la grande valeur de la liberté.

En la forme, David Lisnard consacre une partie de ses développements au « comportement en société ». La liberté, précise-t-il, n’est ni le laisser-aller ni l’anarchie. Elle s’oppose à l’incivisme. Et ici, en contrepoint, il n’hésite pas à rabrouer non seulement les citoyens mais aussi certains de leurs élus : les extrémistes de gauche « débraillés et grossiers ».

Enfin une offre politique

David Lisnard résume son objectif : le combat de la « responsabilité individuelle », avec référence à Frédéric Bastiat, et de l’encadrement de « l’action de l’État à sa mission d’ordre et de justice ». Bref, un État concentré sur ses missions régaliennes dans la lignée du libéralisme classique. Mais, interroge-t-il pour finir, ce combat pour la liberté qu’il a chevillé à son corps est-il vraiment partagé par ses concitoyens, eux qui ont pour beaucoup perdu le « goût de la liberté » depuis plus d’un demi-siècle ? « Avons-nous encore la volonté de redresser la France ? En avons-nous le courage, condition de la liberté ? »

Nous répondrons que la perte du goût de la liberté est en partie due à l’absence d’offre politique. Les dernières élections ont été cruelles pour les défenseurs des droits et libertés : une extrême gauche primitive, une gauche qui perd son honneur en s’alliant avec La France Insoumise, les extrémistes du centre, des macronistes toujours adeptes du « un pas en avant, deux en arrière » et qui ont tout raté depuis 2017, une droite en lambeaux au discours inaudible, une extrême droite au programme économique et social de gauche.

Une offre politique s’ouvre enfin avec David Lisnard : celle de la défense acharnée de la liberté.

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