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Transformer la French Tech en Silicon Valley

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Malgré la domination mondiale des États-Unis dans le secteur de la haute technologie, du numérique et des NBIC[[NBIC = Nano-technologies, biotechnologies, informatique et sciences cognitives.]], la France est loin d’être en reste avec une scène extrêmement florissante et excitante de startups et un label « French Tech » qui commence à faire parler de lui à la Silicon Valley. Mais la plupart des jeunes entreprises françaises restent à un niveau de développement relativement faible, et les startups n’arrivent pas à atteindre une taille mondiale critique malgré le dynamisme incroyable et la capacité d’innovation redoutable de ses entrepreneurs. Pour transformer l’essai et s’adapter à la modernité et à la mondialisation, l’État doit repenser son rôle en abandonnant le colbertisme et ce concept dépassé de « l’État stratège », et rendre la fiscalité du capital plus attractive.

Le modèle capitaliste français doit évoluer

Les startups sont de jeunes entreprises au début de leur activité ou en pleine croissance qui cherchent à valider un concept et un modèle économique et à se développer au plan national et international. Pour y arriver, elles ont besoin d’accroître leur stock de fonds propres, d’élargir les réseaux et d’accroître leur intégration dans le monde économique. C’est pour cela que le capital-risque est fondamental car il leur apporte les fonds propres nécessaires au développement de leur activité en leur permettant d’investir dans des locaux et du matériel et d’embaucher.

Commençons par reconnaître que la France n’a rien à envier à ses voisins européens en matière d’innovation technologique disruptive et de startups. Tout d’abord, il suffit de 4,5 jours pour lancer une entreprise en France, contre 6 jours au Royaume-Uni et 14,5 jours en Allemagne (Doing Business de la Banque mondiale). Les recettes totales des entreprises numériques représentent 5,5 % du PIB en France contre 5,3 % en Allemagne et 10 % au Royaume-Uni. Certaines startups françaises ont réussi à trouver un modèle économique durable (PriceMinister, Meetic, Deezer, DailyMotion, etc.), d’autres ont réussi une introduction en Bourse sur le Nasdaq (Criteo), tandis que d’autres sont encore en phase de développement en cherchant à lever des centaines de millions voire des milliards de dollars auprès des investisseurs (Deezer, Blablacar, Sigfox, etc.).

Mais le capitalisme français reste relativement schizophrénique. Si nos entrepreneurs font preuve de dynamisme, d’innovation et d’ingéniosité, le capitalisme français évolue toujours sous l’emprise de l’État, qui pense devoir donner l’impulsion aux entreprises technologiques. La plupart des grandes entreprises françaises ont bénéficié de liens privilégiés avec l’État par l’octroi de subventions, de passe-droits ou par l’émission de commandes publiques, et quasiment aucune des grandes fortunes françaises ne s’est construite sans le concours de l’État.

L’initiative French Tech est une initiative de l’État en 2013, et c’est le ministre de l’Économie Emmanuel Macron qui est allé faire la publicité pour les startups françaises à la Silicon Valley. Les startups françaises ont encore du mal à se financer auprès des investisseurs privés et restent souvent contraintes de le faire auprès d’organismes publics comme la Banque publique d’investissement (Bpifrance) ou la Caisse des dépôts. Il est urgent de repenser notre approche économique globale et de redonner aux investisseurs institutionnels et aux acteurs privés l’envie d’investir auprès des startups françaises, plutôt que les rentiers actuels qui font preuve d’une grande aversion au risque. Nous devons passer du vieux modèle d’un capitalisme d’État à un capitalisme des entrepreneurs qui valorise la prise de risque.

La fiscalité du capital doit être plus attractive

Les startups françaises font donc face à une pénurie de capital et à une insuffisance de financements provenant de business angels, de capital-risqueurs ou d’investisseurs privés et institutionnels. La mise en relation entre une startup innovante et un investisseur à l’occasion d’un apport en capital-risque est souvent l’occasion d’une mise en réseau des entrepreneurs ou des associés de l’entreprise en croissance avec une communauté économique. Cela permet d’accroître la visibilité de la startup sur la scène économique et de vendre le concept auprès des bonnes personnes, ce qui permet d’accélérer son développement et sa croissance.

Le gros avantage des États-Unis est d’avoir un cadre fiscal et réglementaire extrêmement favorable au financement privé : les capitaux affluent auprès des entreprises innovantes dont le concept est porteur. Les États-Unis ont ainsi levé 58,8 Mds $ en capital-risque sur l’année 2015, contre 1,8 Mds € en France (2,03 Mds $) – même si cela représente tout de même plus de deux fois plus qu’en 2014. Une grande partie du financement en capital-risque aux États-Unis provient des fonds de pension (41,8 %) et l’intervention de l’État y est quasi-inexistante. Des entreprises comme Facebook ont su se financer grâce à une prise de participation de 500 000 dollars d’un investisseur individuel comme Peter Thiel, qui a vu très tôt le potentiel de croissance du réseau social.

Trois idées de réformes pour nos startups

Pour que la « French Tech » devienne une sorte de Silicon Valley française, il faut s’inspirer du modèle américain et mettre en place une série de réformes pour renforcer le capital-risque :

(1) Mettre un arrêt définitif au colbertisme, à l’intervention étatique et à cette fausse bonne idée d’État stratège : les entreprises du numérique ont simplement besoin d’un cadre fiscal attractif, simple et encourageant, elles n’ont pas besoin de la publicité du ministère de l’Économie ou de subventions publiques. Pour accroître leur rentabilité, leur croissance et le retour sur investissement potentiel pour les capital-risqueurs, elles ont besoin de stabilité et d’attractivité fiscale, d’une réglementation du travail flexible et d’un marché ouvert et concurrentiel ;

(2) Revoir la fiscalité du capital, qui privilégie davantage la rente que la prise de risque : le taux d’imposition des plus-values est de 31,3 % en France contre 0 à 15 % aux États-Unis pour les titres détenus plus d’un an (et entre 10 et 35 % pour ceux de moins d’un an) et entre 18 et 28 % au Royaume-Uni. En réduisant la fiscalité sur les revenus du capital, notamment sur les apports en capitaux pour les entreprises non cotées (startups), on incitera davantage d’investisseurs à faire du capital-risque et on accroîtra la prise de risque, qui est essentielle pour favoriser les innovations disruptives ;

(3) Simplifier l’environnement réglementaire et fiscal pour l’actionnariat salarié afin de favoriser l’investissement dans les entreprises, et pour l’investissement institutionnel afin de mobiliser davantage les fonds de pension dans le financement des startups avec du capital-investissement.

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1 commenter

Brevet 14 juin 2016 - 6:07

Fiscalité du capital
Pas de capital = pas de création d'emplois = chômage de masse.
L'état doit cesser d'assommer les détenteurs de capitaux.
Immobilier et dons: tout ramener les compteurs à zéros de taxation à dix ans. C'est la durée des assurances dommage ouvrage. Personne ne fait de projets à 15 ou 20 ou 30 ans. Une durée uniforme de dix ans, c'est aussi une simplification conséquente. et s'interdire de remodifier sans cesse.
Valeurs mobilières: tout ramener à deux ans.
Ainsi les capitaux recommenceront à circuler et à s'investir efficacement.

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