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Pourquoi ce poids des extrêmes en France ?

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Les derniers sondages donnent la liste du RN largement en tête des intentions de vote aux élections européennes de juin prochain, nettement devant la liste Renaissance, elle-même largement devant les autres listes. Mais si l’on additionne les voix des listes proches, on arrive à près de 40 % d’intentions de vote pour l’extrême droite et plus de 20 % pour l’extrême gauche. En substance, une grande majorité des sondés entend choisir un parti extrémiste sans programme de gouvernement. Aux élections présidentielles de 2022 déjà, plus de 62 % des votants s’étaient exprimés dans ce sens.

Au-delà des contingences (l’éclatement des partis historiques de la droite classique et du PS associé au délitement des élites entre autres), on peut se demander pourquoi les partis extrémistes ont pris tant d’ampleur dans le paysage politique français. Si la réponse semble couler de source pour l’extrême droite, elle apparaît plus subtile pour l’extrême gauche.

La croissance récente de l’extrême droite

Au tout début des années 1980, l’extrême droite est atone. Déconsidérée à cause  du gouvernement de Vichy (en dépit du fait que ce dernier est loin d’avoir été monolithique), elle a ressuscité avant tout pour des raisons de basse politique dont François Mitterrand était orfèvre. La crise migratoire, exacerbée depuis la toute fin du XXe siècle, a provoqué, comme ailleurs en Europe, une poussée de ces mouvements.

Quoi qu’en dise un certain microcosme parisien, l’importance de l’immigration légale et illégale et la hausse de la délinquance corrélative ont avivé le rejet d’une immigration de basse qualité. En ce sens, il n’y a pas d’exception française. Les événements survenus outre-Rhin lors de la nuit du nouvel an 2016 (plus de 1.000 femmes agressées par des immigrés essentiellement musulmans) aura marqué les esprits. Pas besoin d’explication de type complotiste pour comprendre les ressorts du repli identitaire en France et ailleurs sur le continent.

La force habituelle de l’extrême gauche

A l’extrême gauche, le PCF, premier parti de France en 1945, a entamé un long déclin qui a profité au PS très marqué, fût-ce parfois pour des raisons tactiques, par le marxisme-léninisme. Remontons plus loin dans l’Histoire : le syndicalisme s’est construit à la fin du XIXe siècle sur fond de radicalité et de manière indépendante des partis politiques, à l’inverse du paradigme britannique. Aujourd’hui, la rhétorique de LFI fait penser à celle des sans-culottes de la Première République et ce n’est pas un compliment…

Ajoutons un motif traditionnel mais renouvelé : le poids du vote communautaire. Il ne s’agit plus des banlieues rouges, mais d’un « vote musulman » qui a conduit 69 % d’entre eux à choisir Jean-Luc Mélenchon au premier tour de l’élection présidentielle de 2022, trois fois plus que son score final. Un chiffre donné dans l’indifférence générale, alors que, on s’en doute, si la candidate de la droite avait reçu 69 % des voix des catholiques, cela aurait agité les rédactions…

Les raisons historiques de l’importance de l’extrême gauche et plus généralement de la radicalité de la gauche sont prégnantes. Deux caractéristiques typiquement françaises se conjuguent en outre pour amplifier le phénomène : le biais de nombreux médias, tant de la presse écrite que de la presse parlée, et la couleur politique des enseignants du secteur public de l’Education nationale.

Nos chères têtes blondes, comme on les appelait naguère, sucent le lait de l’État providence dès leur plus jeune âge. La propriété privée n’est pas respectée, les valeurs de la civilisation ne sont pas enseignées. La consécration à l’article 8 de la Charte de l’environnement, intégrée à la Constitution en 2005, de l’éducation et de la formation à l’environnement a mené au règne d’un écologisme au mieux sirupeux, au pis violemment anticapitaliste.

S’y ajoutent par capillarité de nombreux journalistes très orientés et eux-mêmes formés de manière trop souvent défectueuse, une sphère culturelle à l’avenant, un cinéma « engagé ». En bref, on « formate » des enfants puis des adultes, et il leur faut beaucoup de présence d’esprit pour tenter de s’extraire de cette « pensée unique », selon une expression dont nous détournerons le sens originel.

Lutter contre les populismes

Electoralement, sur fond de rejet des élites, le populisme de droite avec son immigré bouc émissaire et le populisme de gauche avec son bourgeois bouc émissaire s’additionnent pour transformer la politique en réceptacle des passions vives et souvent vaines. Comment échapper à cet affrontement délétère ?

Il n’existe pas de réponse simple. En politique comme en économie, c’est l’offre qui crée la demande. Or, force est de constater que non seulement il n’existe en France aucune offre libérale d’ampleur, contrairement à bien des pays occidentaux, mais encore que les propositions adéquates sont largement absentes des programmes électoraux des partis politiques comme des candidats.

Il serait donc judicieux que les hommes politiques français qui entendent défendre les valeurs de la liberté construisent un programme ambitieux et réaliste pour juguler la partialité du secteur public de l’audiovisuel et de l’Education nationale, et permettre ainsi à un vaste « marché des idées », pour reprendre une expression américaine, de s’implanter enfin dans notre pays.

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