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Non, monsieur Macron, Les Français ne sont pas un peuple de nomades !

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Au début de son premier mandat, le président Macron avait déclaré tout de go qu’il n’y avait pas de culture française et on pouvait légitimement en inférer qu’un pays qui n’avait pas de culture n’avait pas besoin de ministère de la Culture Quel chemin de Damas l’a donc conduit, au début de son second mandat, à désigner Mme Dati comme ministre de la Culture ? Est-ce là que se situe l’urgence ? Ne faudrait-il pas accorder plus d’attention au logement et aux propriétaires écrasés par les taxes et les réglementations ?

I – DES RÉFLEXES DE FINANCIERS …

La crise de l’immobilier inquiète et exclut un nombre sans cesse croissant de Français que les prix du marché écartent de l’achat, tout comme l’ampleur de la concurrence les élimine du marché locatif. Et les choses ne sont pas près de s’arranger : l’attentisme actuel et l’alourdissement continu des normes bloquent toute l’économie de la construction et raréfie encore une offre locative qui ne cesse de se détériorer. Ajoutons à cela que la transition écologique va chasser progressivement du marché locatif au moins cinq millions de prétendues passoire thermiques. Alors que le coût du logement est en tête des préoccupations des Français, c’est précisément le moment que choisit le président de la République pour réaffirmer son mépris et son déni maladifs de l’immobilier, en le retranchant rageusement des ministères majeurs dont la liste a été dévoilée dès après la désignation du Premier ministre.

Certes, on veut bien croire que le second tour gouvernemental comblera cette lacune mais, qu’il soit ministre délégué ou secrétaire d’État, le prochain titulaire issu d’un laborieux repêchage partira avec un handicap sensible sur ses collègues nommés au premier tour et bénéficiant à ce titre de la préférence présidentielle. Manifestement une fois de plus, le logement et le bâtiment peuvent attendre, comme si le pouvoir n’avait toujours pas réalisé que les Français ne sont pas un peuple de nomades. En réalité, on retrouve là les travers connus du monde de la finance, que révulse tout investissement foncier, parce qu’il fixe sur un temps relativement long les gens, leurs capitaux, leurs emplois et leurs choix et qu’avec les bailleurs, il accroît la horde honnie des rentiers. La mobilité immédiate et universelle est en effet un impératif absolu pour cette caste de carnassiers, dont les ambitions requièrent que les gens et les choses soient immédiatement et en tout temps à leur immédiate disposition et là où ils en ont besoin, afin de dénouer le plus vite possible leurs spéculations où seul l’argent compte.

II – … QUI EXÉCRENT L’IMMOBILIER

Le problème est qu’il ne suffit pas du docte mépris de M. Macron pour résoudre la crise que, depuis les travaux de la commission Attali en 2007, il a largement contribué à provoquer. Il l’a même aggravée en promouvant encore les augmentations délirantes des bases de la taxe foncière ou en faisant d’un diagnostic de performance énergétique (DPE)  techniquement mal calé (pratiquement toutes les études sérieuses critiquent lourdement ses biais et ses erreurs) un redoutable outil de ségrégation pour châtier encore un peu plus les propriétaires, qu’ils soient ou non bailleurs. On ne pourra indéfiniment continuer à bloquer sans nuance de nouvelles constructions, au prétexte de l’interdiction d’une bétonisation des sols qu’on lève sans barguigner pour favoriser des milliers de nouveaux implants éoliens, témoins inexpugnables et impassibles de la folie verte pour les siècles à venir. Comme si le chef de l’État n’avait de cesse de décourager la production foncière tout en faisant lâcher prise aux propriétaires fonciers les plus fragiles pour offrir leurs biens à vil prix à la meute des prédateurs ou aux chantres du logement social universel. Visiblement depuis plus de dix ans qu’il pèse sur les affaires du pays, notre virtuose de la finance, qui l’endette plus vite que son ombre, n’a toujours pas compris que s’il existe déjà des propriétaires sans locataires, les dernières recherches de la génétique nationale n’ont pas encore réussi à donner vie au premier clone français du locataire sans propriétaire, que toute la gauche appelle pourtant de ses vœux. Même quand on s’appelle Monsieur Macron, et que l’on se sent donc très supérieur à tous les économistes de France et de Navarre, on ne peut continuer à gouverner la France en tirant un trait hargneux sur le logement et la construction (actuellement en chute libre) et en persécutant sans relâche tous ceux qui animent et font vivre ce secteur vital de l’économie. Il n’est d’ailleurs pas besoin d’avoir fait de longues études de droit pour savoir qu’un jour ou l’autre, par leurs abus, les privilèges finissent toujours par se retourner contre ceux qu’ils sont censés favoriser.

III – UN AVEUGLEMENT SUICIDAIRE

Car malgré tous les capitaux que le pays y engloutit, malgré l’arasement systématique et significatif des taux du livret A pour favoriser son financement, la préférence pour le logement social (qui représente un peu moins du cinquième du parc locatif français) ne saurait répondre à tous les besoins de cette classe moyenne que le nouveau Premier ministre s’est empressé de flatter. Avant de la pressurer une nouvelle fois par un relèvement imminent et substantiel des taxes sur l’électricité. En effet dans son ensemble, le logement représente plus du cinquième du PIB national, puisqu’en 2022 et selon l’INSEE, les dépenses de logement représentaient déjà 22 % du produit intérieur brut (PIB), soit 580,7 milliards d’euros. Et il y a fort à craindre que, dans un des rares domaines où il est constant, rien n’empêche le chef de l’État de parachever jusqu’au terme de son second quinquennat cette merveilleuse politique de gribouille,  qui consiste à alourdir sans cesse les normes pour les logements qui ne se construisent plus et à mortifier par tous moyens fiscaux et autres des bailleurs qui, faute de revenu net suffisant, sont de plus en plus nombreux à déserter le marché locatif.

IV – CONCLUSION : L’APPEL À UN RETOUR AU BON SENS

Malheureusement dans le nouveau gouvernement Attal, on ne voit pas poindre la forte tête qui sera capable, bec et ongles, de travailler envers et contre tous et sur la durée à ce que chaque Français ayant un emploi ou une pension de retraite puisse accéder durablement, équitablement et dans un délai raisonnable, à un logement décent, que ce soit dans le cadre d’un bail, où les droits et les obligations de chaque partie seraient convenablement équilibrés ou dans le cadre d’une acquisition, que l’accumulation des normes tournant notamment autour d’un DPE délirant et l’addition d’autres contraintes insensées ne rendraient plus inaccessible.

Ce qu’il faut c’est un peu de ce bon sens dont le philosophe constatait d’un ton railleur qu’il était sans doute la chose la mieux partagée du monde, puisqu’aucun de ses compatriotes ne se plaignait jamais d’en être dépourvu. Et ce constat moqueur du philosophe vaut davantage encore pour les intelligences les plus brillantes, toujours sûres de leur fait et déniant leurs carences, que pour les esprits les plus communs qu’une saine humilité et l’acquis de l’expérience marquent au coin de la réflexion, de la prudence et de la clairvoyance. Et c’est ici qu’on s’aperçoit que les gens qui développent les qualités les plus éminentes pour conquérir le pouvoir, ne sont pas nécessairement ceux qui l’exercent le mieux.

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7 commentaires

louis 26 janvier 2024 - 8:52

mettez des technocrates dans le sahara et au bout de 2 ans il faudra qu’ils achetent du sable ailleurs !

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Broussard 28 janvier 2024 - 9:30

tout à fait !
mais Coluche ne l’avait-il pas déjà prédit ?
Christian B.

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Broussard 28 janvier 2024 - 9:29

la gueule qu’il fait sur la photo !
beaucoup plus naturelle que quand il sourit…
Christian B.

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duplan 28 janvier 2024 - 11:03

oui revenir au bon sens c’est tout ce que la majorité des FRANÇAIS demande , écoutez les Merci

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AlainD 28 janvier 2024 - 8:12

C Q F D bravo pour ce brillant article. E. Macron n’aime pas les propriétaires il faut cependant se souvenir que madame son épouse est propriétaire au Touquet d’un immeuble qu’elle aurait reçu en héritage et qu’il ne manque pas d’occuper avec elle. C’est toujours » faites ce que je dis, pas ce que je fais ».
Au reste ce bâtiment coûte de l’argent aux contribuables par la surveillance exercée 24/24 par les forces de l’ordre.
Ce soi-disant Jupiter n’aura pas cassé 3 pattes à un canard depuis qu’il est au pouvoir, il n’est que de voir la progression de la dette française depuis 2017…

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LYBD 31 janvier 2024 - 6:13

Il est très inquiétant qu’un homme de cette qualité à priori, fasse autant de dégâts.Merci Mr Attali et Hollande.
L’ENA se confirme bien comme la formation de la CASSE de toutes natures.

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Caillet 8 février 2024 - 11:47

Merci Monsieur Benne pour cet article précis et détaillé qui décrit parfaitement une situation invraisemblable . Les mois qui viennent réservent beaucoup de surprises pour E . Macron . J’ai malheureusement peur que nous n’échappions pas à la catastrophe avec sans doute plus de 150 000 chômeurs à la clé
Je suis quand même heureux et rassuré en vous lisant ! J’ai pu constater que je n’étais pas le seul à dire ce que vous avez si bien écrit.
Meilleures salutations

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