En 2007, les actifs des fonds de pension atteignaient 17 900 Mds de dollars, ce qui représente environ 64% des actifs totaux de l’ensemble des pensions privées. Par rapport à l’ensemble des pays de l’OCDE, les fonds de pension américains représentent 10 200 Mds de dollars d’actifs. Il faut souligner que, à part la France, le montant total des actifs des fonds de pension augmente d’une manière vertigineuse dans la zone OCDE : entre 2001 et 2007, la hausse des actifs a été de 67% (de 10 680 Mds de dollars à 17 859 Mds).
En pourcentage du PIB, les fonds de pension représentent en moyenne pour les pays membres environ 75% du PIB mais ce taux peut varier de 134% du PIB en Islande et Pays-Bas à 1.1% en France. Aux Etats-Unis, les fonds de pension représentent 74.3% du PIB, en Grande-Bretagne, 86.1% et au Canada, 55.3%. Hors OCDE, les fonds de pension pèsent environ 37% du PIB (et 65% au Chili).
Pertes de 20% en une année…
Fin 2008, l’encours total de l’ensemble des fonds de pension de la zone OCDE enregistrait un recul d’environ 3 300 Mds de dollars soit 20% de moins par rapport à décembre 2007. Les plus grosses pertes ont été subies par les fonds de pension américains qui détiennent plus de la moitié de la totalité des actifs des fonds de pension dans les pays de l’OCDE : 1 700 Mds de dollars sur 3 300. Il s’agit d’une perte moins élevée que prévue (d’après une étude de l’OCDE de décembre 2008, la perte s’élevait à 2 200 Mds de dollars). Les fonds américains qui s’en sortent le mieux sont Thrift Investment Board (- 5.7% sur un an) et Texas Municipal Retirement System’s qui connaît même un résultat positif (+ 14 Mds d’actifs sur un an).
En termes absolus, parmi les autres pays membres de l’OCDE, les fonds de pension britanniques ont connu les plus grosses pertes (300 Mds de dollars) suivis par les fonds australiens (200 Mds de dollars).
… mais gains de 11% en moyenne par an pendant 20 ans
Malgré ces résultats catastrophiques, si l’on regarde les rendements des mêmes fonds de pension sur les 5, 10, 15 ou 25 dernières années, on constate que le taux annuel moyen de croissance est supérieur à 5%. Ainsi, les fonds de pension américains ont connu des rendements nominaux annuels moyens de 11% sur 15 ans (+ 6% sur 5 ans), les fonds britanniques, de 9% sur la même période et les fonds suédois de 12%.
A plus long terme, le rendement moyen annuel des fonds de pension a été de 11% entre 1985 et 2005. Lors de la crise financière actuelle, les médias et de nombreux spécialistes ont surtout insisté sur le fait qu’il s’agissait de « la plus grande crise financière depuis celle de 1929 ». Ceci veut dire qu’entre temps, il n’y aurait pas eu de crises aussi graves. Les adversaires de la capitalisation donnent ainsi un argument de poids aux défenseurs de la Bourse et des marchés financiers. En regardant l’évolution du marché financier à long terme, on constate que les chutes des actions égales ou supérieures à 20% se sont produites seulement au cours de 12 années pendant 200 ans (1803-1998) et qu’au XXème siècle seulement 5 années sont concernées par une baisse aussi importante.
Pour ce qui est des hausses des actions, 12 années ont connu des hausses supérieures à 40% et 48 années des hausses de plus de 20% (une année sur quatre). Ceci démontre que l’épargne en actions reste très intéressante à long terme (plus de 5 ans) et c’est comme ça que fonctionnent les fonds de pension.
Dans une étude qui vient de paraître, intitulée « Pour un nouveau système de retraite. Des comptes individuels de cotisations financés par la répartition », le très médiatisé économiste Thomas Piketty reconnaît que le taux de rendement d’un système de retraite basé sur la capitalisation est très largement supérieur au taux de rendement de la retraite par répartition.
D’après Piketty, qui se base sur une étude plus exhaustive publiée par le très prestigieux « Quarterly Journal of Economics », « Le rendement financier moyen observé sur les placements en actions est certes nettement plus élevé : 9,1% par an en moyenne en France sur la période 1950-2000, en prenant en compte à la fois les dividendes et les plus-values (…) » (page 31). Ce qui veut dire que 1 franc de cotisation versée en 1950 aurait valu plus de 9 francs en 2000 ! Et sur la période 1900-2000, le rendement moyen des actions a été de 7% ». Et cela malgré la crise de 1929 et les deux guerres mondiales !
Même un intellectuel de gauche le reconnaît : la capitalisation reste bien plus rentable que la répartition.
Tableau 1: Importance des fonds de pension par rapport au PIB:
Islande | 134% |
Pays-Bas | 132.2% |
Suisse | 119.4% |
Australie | 105.4% |
Royaume-Uni | 86.1% |
Total OCDE | 75.5% |
Etats-Unis | 74.3% |
Danemark | 32.4% |
France | 1.1% |
Tableau 2: Rendements nominaux annuels moyens des fonds de pension:
Sur 5 ans | 6% |
Sur 15 ans | 11% |
Sur 20 ans et plus | 11% |
Définition : Qu’est-ce qu’un fonds de pension ?
Les fonds de pension (pension funds – que l’on pourrait traduire en français fonds de retraites) sont des investisseurs institutionnels qui engagent des montants importants de leurs ressources dans le capital des sociétés, soit pour eux-mêmes, soit pour le compte de tiers.
Parmi les fonds de pension, il faut distinguer entre les grands fonds de pension qui regroupent des souscripteurs très différents et les fonds de pension des entreprises. La confusion qui existe entre les deux a donné beaucoup de munitions aux détracteurs des fonds de pension. Le scandale des pensions des employés de la firme Enron qui a fait faillite en décembre 2001 après des manipulation comptables frauduleuses, atteignant des proportions jamais vues jusque-là, les a amenés à conclure à l’échec général des fonds de pension et aux risques qu’ils font encourir aux salariés. Le problème c’est que les retraites des salariés d’Enron faisaient partie d’un fonds de pension géré par l’entreprise elle-même. La faillite de l’entreprise (masquée encore frauduleusement par les contrôleurs de gestion – dont Arthur Andersen) a entraîné la faillite du fonds. Un autre scandale du même type s’est produit en Angleterre avec le fonds de pension du groupe Maxwell, qui a confondu son argent avec celui de ses salariés.
De telles escroqueries ne sont pas possibles si les sommes versées par l’entreprise au compte épargne de leurs salariés n’étaient pas confiées à l’entreprise elle-même. Cependant, il est certain que l’épargne confiée à un fonds d’entreprise comporte infiniment plus de risques que celle qui est placée dans un fonds de pension « classique » qui diversifie énormément ses investissements et prend donc un minimum de risques.
Comment travaille un fonds de pension ? Ses ressources sont les sommes versées par de simples individus à titre personnel ou par des salariés ou des employeurs pour leur compte. Dans beaucoup de pays, ces sommes se substituent partiellement ou totalement aux cotisations obligatoires de Sécurité Sociale (assurance vieillesse), elles sont assez souvent exemptées d’impôts. Le mécanisme fonctionne par capitalisation, c’est-à-dire que les sommes collectées sont investies en Bourse, dans les entreprises, l’immobilier et/ou dans des différents autres fonds d’investissement.
Les revenus des retraités dépendent donc de la rentabilité des placements faits par les fonds de pension. C’est un mécanisme basé sur des cotisations définies (l’argent épargné) et sur des prestations indéfinies. Le niveau de retraite n’est pas garanti même s’il existe aussi des fonds de pension à prestations définies.
Contrairement aux fantasmes des critiques de la capitalisation, les fonds de pension sont soumis à des règles très strictes. Les fonds de pension et les mutual funds représentent environ 45% de la capitalisation boursière aux Etats-Unis.