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L’orientation des futurs étudiants, déconnectée des besoins du marché, nuit au bon fonctionnement de l’économie

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La volonté pourtant affichée du législateur de rationaliser l’orientation des futurs étudiants depuis le début du premier mandat d’Emmanuel Macron n’a pas été couronnée de succès : elle mène les principaux intéressés vers l’échec scolaire et freine leur accès à l’emploi.

La loi relative à l’orientation et à la réussite des étudiants, dite loi ORE, adoptée en 2018, a introduit le système Parcoursup pour guider les bacheliers vers l’enseignement supérieur, remplaçant le système d’admission post-bac qui avait conduit à devoir organiser des tirages au sort dans les filières non sélectives (universitaires notamment) les plus demandées.

Parcoursup oblige les candidats à motiver leurs vœux et confie au président de l’université concernée, ou au directeur de l’établissement, le soin de trancher sur les admissions ; alors qu’autrefois cette tâche était dévolue au recteur de l’académie, menant à une forme de sélection boiteuse par des algorithmes opaques, chaque établissement ayant le sien.

Faute d’une volonté claire et assumée d’instaurer une sélection à l’université, l’outil a généré beaucoup de frustration sans véritablement optimiser les choix des étudiants et, en bout de chaîne, leur permettre de suivre une formation débouchant sur un emploi stable.

Un rapport de l’Assemblée nationale signalait déjà, il y a une dizaine d’années, que parmi les bacheliers de 2014, 63 % avaient obtenu un diplôme de niveau bac + 3 six ans après l’obtention du baccalauréat, et que 28 % des étudiants étaient sortis sans diplôme…

Un système d’orientation assez peu efficace…

Dans une note publiée au mois de juin, la Direction générale du Trésor constatait les taux d’échec effarants des bacheliers en licence, au fils des années. Quelques chiffres en donnent une idée : en septembre 2021, 52,2 % des étudiants en première année de licence ont échoué à passer en deuxième année, la moitié a redoublé et l’autre moitié a quitté sa filière ; seuls 36% ont obtenu leur licence en trois ans[1], la durée théoriquement normale. Les redoublements, qu’ils soient dus à un manque de travail ou à une mauvaise orientation au départ, ajoutés aux années « blanches » des étudiants qui sortent de l’enseignement supérieur sans aucun diplôme, toutes les années perdues en somme, coûtent cher aux finances publiques : entre trois et quatre milliards d’euros par an.

La création de Parcoursup n’a d’ailleurs pas permis une amélioration notable de la situation, le taux de passage de la licence 1 à la licence 2 demeurant stable depuis 2018, entre 45 et 47 %.

Par ailleurs, selon l’OCDE, entre un et deux ans après leur sortie d’études, seuls 83 % des diplômés de l’enseignement tertiaire occupent un emploi, contre une moyenne de 88 % pour l’ensemble des pays membres et 94 % en Allemagne.

… qui ne satisfait pas complètement les besoins du marché et retarde l’emploi des jeunes travailleurs

Dans cette même note mentionnée plus haut, la Direction générale du Trésor mettait en parallèle la hausse malgré tout sensible du nombre de diplômés de l’enseignement supérieur – dont la proportion atteint 47 % de la classe d’âge des 25-34 ans contre seulement 24 % de celle des 55-64 ans – et le lent reflux du taux de croissance trimestriel de la productivité, qui s’élevait encore à 3,4 % entre 1978 et 1986, puis est descendu à 2,1 % entre 1986 et 1993, puis à 1,9 % entre 1993 et 2004, puis à 0,7 % entre 2004 et 2018.

Alors que certaines filières en tension, comme celles des métiers de l’industrie, manquent cruellement de bras et de cerveaux, le système scolaire préfère orienter les futurs étudiants vers les sciences humaines et sociales, dont les effectifs ont progressé de 22 % entre 2011 et 2022, soit presque 40 % de plus que pour l’ensemble des filières universitaires.

Ce sont pourtant les métiers liés aux sciences dures qui créent le plus d’emplois : entre 1982 et 2020, la part d’emplois nécessitant des compétences mathématiques a augmenté de 9,2 % quand celle n’en nécessitant aucune a baissé de 16,2 %.

Dans la mesure où l’ouverture de nouvelles places a été décidée, naturellement sans concertation préalable, au mépris des besoins du marché et seulement en fonction des capacités d’accueil des universités, 27,7% sont demeurées vacantes à l’issue de la procédure parcoursup l’année dernière.

L’orientation des étudiants est incontestablement irrationnelle. Ce défaut est lié à la structure même d’une université qui évolue dans une bulle ouatée, déconnectée des contingences économiques puisque son financement est quasi exclusivement assuré par le contribuable et n’est pas soumis à la concurrence. Aussi faut-il recommander la mise en œuvre d’une complète autonomie des universités publiques, de la disparition de Parcoursup, d’un chèque éducation couvrant les frais d’inscription dans des structures d’enseignement publiques et privées, ce qui permettrait aux étudiants d’élargir leurs choix et aux universités d’améliorer l’insertion de leurs diplômés.

Puisque le baccalauréat n’est plus à même d’assurer la sélection minimum des élèves sortant de l’enseignement secondaire, ne serait-ce que par son taux de réussite extrêmement haut (91,4 % au niveau global et 96,1 % en filière générale), il est également nécessaire d’instaurer la sélection à l’université via l’organisation d’examens complémentaires ou sur dossier.


[1] Chiffres calculés sur une cohorte d’étudiants arrivés à l’Université en 2018 et ayant obtenu, ou pas, son diplôme de licence en 2021.

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2 commentaires

Oncpicsou 6 septembre 2024 - 1:24 pm

Le bon sens à encore été bafoué par les lubies de gauche.
Si vous voulez que les étudiants se préoccupent sérieusement des débouchés de leurs études supérieures, considérez que le coût des études supérieures est un prêt de la nation que l’étudiant devra rembourser une foi dans la vie active.
Cela changerait fondamentalement les comportements en remettant le bon sens à l’endroit!

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CLEMENT 6 septembre 2024 - 5:47 pm

Mon Dieu…, cela fait plus de 45 ans (à ma connaissance) que le problème de l’orientation se pose. Que de débats sur le sujet lorsque j’étais étudiant à la fin des années 70 et au début des années 80. Je crains que, quel que soit le sujet, nous ne soyons jamais capables d’adopter les bonnes solutions car nous faisons toujours un mauvais diagnostic et, en même temps, nous nous détournons des solutions réalistes sous le poids des idéologiques dominantes. Je crois que je mourrai sans que ce problème de l’orientation ne soit résolu. Heureusement, mes enfants sont grands, mais quid de mes petits-enfants… Ah.

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