Très peu de personnes en France connaissent le système éducatif aussi bien que Philippe Nemo. C’est le combat d’une vie pour lui. Il a déjà publié plusieurs livres sur le sujet, il a aussi créé une Ecole professorale à Paris. Dans son dernier essai, il revient sur le catastrophique système scolaire français et avance des propositions concrètes. Non pour le sauver, mais pour en améliorer la qualité et le rendre performant. Il est presque superflu de revenir sur les résultats de l’Education nationale. Des rapports (français et étrangers) de nombreux articles scientifiques décrivent une école où les élèves n’apprennent plus et où les enseignants sont méprisés. C’est la fameuse « fabrique du crétin » comme l’a nommée Jean-Paul Brighelli et dont les ressorts sont très bien expliqués par Philippe Nemo. Le « Mammouth » souffre – entre autres – d’un excès de pédagogisme et de ce qu’il appelle la méthode d’enseignement « séquence ». Les enseignants ne suivent pas un programme conçu pour apporter des connaissances sur la littérature, les mathématiques, la biologie, etc…, ils animent des « activités » et discutent avec les élèves.
Tout cela doit changer et Nemo donne les détails de transformations qu’il juge essentielles. Il faut réformer les structures de l’école en la rendant libre et autonome. Il faut museler les syndicats rétrogrades qui endoctrinent les enseignants. Enseignement primaire ou secondaire, les deux doivent devenir des cursus où l’on enseigne les savoirs. « Il faut, pour cela, écrit Nemo, oser mettre en perspective et question le monopole scolaire de l’Etat, invention de Napoléon détournée de son sens au fil des décennies. Il faut séparer à nouveau, dans le domaine de l’éducation, les pouvoirs spirituel et temporel, qui ont été abusivement confondus et ont permis que les forces idéologiques utilisent les pouvoirs coercitifs de l’Etat pour s’emparer de l’esprit du pays, cependant que l’Etat lui-même, par l’impôt et le carcan réglementaire, rendait quasi impossible l’émergence de modèles éducatifs alternatifs ». On ne saurait mieux résumer le drame de l’école française.