On peut s’interroger sur le « timing » du gouvernement. En effet, à quelques semaines des élections européennes, Stanislas Guerini, le ministre de la Transformation et de la Fonction publique, a déclaré au Parisien : « Je veux qu’on lève le tabou du licenciement dans la fonction publique ».
Des réactions quasi unanimes contre les déclarations de Stanislas Guerini
Réaction immédiate et attendue : le secrétaire général FO de la fonction publique, interrogé sur RMC, a menacé de lancer une grève. De manière plus inattendue, l’opposition, de gauche certes mais également de droite, a dénoncé une attaque inadmissible contre les fonctionnaires. On n’est jamais trop prudent avant des échéances électorales…
Habilement, certains syndicalistes ont fait mine de s’en tenir aux licenciements pour inaptitude, c’est-à -dire pour incompétence, car le document de cadrage de la consultation des syndicats de la fonction publique sur le projet de loi de réforme de cette dernière ne mentionne que ce type de rupture. Les syndicats représentatifs ont déjà dénoncé le caractère « dogmatique » du projet gouvernemental (il va de soi que les syndicalistes français ne sont, eux, jamais dogmatiques…).
Les chiffres des licenciements et révocations de fonctionnaires
Le ministre a bien fait référence aux licenciements en général, et non pas seulement aux licenciements pour inaptitude. Le 10 avril, sur France Inter, il a semblé faire un pas en arrière en martelant qu’il n’y aurait pas de « licenciements économiques » dans la fonction publique et que le statut unique de cette dernière serait préservé.
En revanche, il a rappelé quelques chiffres. Il y a eu, sur 2,5 millions d’agents :
- 13 licenciements pour inaptitude dans la fonction publique d’État en 2023 (soit, si nous calculons bien, 0,0000052 % des effectifs) ;
- et 222 révocations, c’est-à -dire l’équivalent d’un licenciement pour faute dans le secteur privé (soit 0, 0000888 %).
Ajoutons deux autres statistiques. Il y a eu :
- 300 ruptures conventionnelles entre 2020 et 2022, soit 0,00212 % des effectifs ;
- et, dans la fonction publique territoriales, 6.600 sanctions disciplinaires dont, selon une synthèse des bilans sociaux de 2017, 3 % constituaient des révocations, soit 197 révocations, autrement dit 0,013 % du 1,5 million d’agents territoriaux.
 Supprimer le statut unique de la fonction publique
Le statut unique de la fonction publique de 1946, adopté à l’initiative des communistes, prévoyait deux grandes mesures qui devaient contrebalancer les importants droits accordés aux fonctionnaires : l’instauration d’une rémunération au mérite (serpent de mer des gouvernements successifs, de nouveau sur la table de la consultation lancée le 9 avril par Stanislas Guerini) et la possibilité de révocations.
Ces mesures ont été très rapidement vidées de leur substance sous la pression des organisations syndicales. Aujourd’hui, un fonctionnaire titulaire est donc quasi indéboulonnable. Pour le dire autrement, se faire licencier de la fonction publique représente un véritable exploit…
Contrairement à ce que souhaite le ministre, il ne s’agit plus d’adopter des réformettes ; c’est le statut de la fonction publique qu’il faut abattre.
L’Iref demande la fin des emplois à vie des fonctionnaires dans les trois fonctions publiques, d’État, territoriale et hospitalière, à l’exception des fonctions dites régaliennes de la puissance publique.
6 commentaires
Il faut cependant noter que le traitement des litiges entre le fonctionnaire et son administration relève de la justice administrative. Tribunaux administratifs, Cours d’appel administratives, Conseil d’Etat.
Autant d’entités, qui sont à la fois, juges et parties.
Bien loin des Prud’hommes !
votre demande correspond si elle etait accepter au suicide de la gauche deja bien mal en, point ladroite d’ailleurs en profiterais pour défendre se statut spécial et récuperer ainsi des electeurs donc : impossible ! il y aura sans doute un effondrement du systeme a court terme qui va éradiquer ce probleme !
Il ne faut pas attendre de réforme du statut public de la part d’un gouvernement de technocrates, on ne scie pas la branche sur laquelle on est assis !
A l’approche des élections européennes, l’annonce de Guérini est, une fois de plus, un simple message clientéliste visant à obtenir « en même temps » les voix des uns et des autres… Mais les autres ne seront plus dupes, espérons-le !
Si la constitution précisait que la dépense publique ne doit pas dépasser 30% du PIB , sous peine de révocation du président, il serait bien obligés de ne s’occuper que de l’essentiel : le régalien.
Toujours pas de précisions sur la contrepartie à ce statut privilégié…
N’oublions pas la double peine: le gaspillage des ressources de la nation ET le détournement de main d’Å“uvre qualifiée dont on tente, en vain, de compenser le manque par de l’immigration !
Impossible d’imaginer une assemblée constituée quasiment aux deux tiers de fonctionnaires qu’ils suppriment l’emploi à vie dans la fonction publique…