D’après les médias et de nombreux analystes, le modèle social français résisterait mieux à la crise actuelle. Une assertion qui ne résiste pas une seconde à l’épreuve des faits.
Notre modèle social nous protégerait mieux que les autres face à la crise. Les tenants de l’économiquement correct ont réussi à faire croire qu’on n’était pas si mal que ça dans une France étatisée et bureaucratisée. Les statistiques montrent pourtant le contraire. Avec une croissance de 0.8 % en 2008 contre 2 % pour les Etats-Unis et des prévisions beaucoup plus sombres pour 2009 et 2010, la France ne s’en sort pas mieux que les Etats-Unis. Ces jours-ci, les chiffres ont montré une première baisse du chômage en Amérique après 4 semaines consécutives de réduction des inscriptions des demandeurs d’emploi. En Europe, la Grande-Bretagne a affiché une croissance positive au premier trimestre alors qu’on s’attendait à – 4 %.
De même, on oublie trop vite le passé glorieux de ce modèle social. Depuis la fin des années 1970, le pays s’est installé dans le chômage de masse à plus de 10 % et plus de 21 % pour les jeunes. L’insécurité dans les banlieues n’a cessé de croître, l’éducation nationale a sorti de ses rangs des centaines de milliers de jeunes sans diplôme et condamné au chômage de longue durée. Pendant ces 25 dernières années, le phénomène des jeunes diplômés partis à l’étranger n’a cessé de croître ainsi que celui des riches qui voulaient échapper à l’Etat rapace. Le modèle français qui se veut « solidaire » est aussi celui des 15 000 morts provoqués par la canicule abandonnés par les services publics, ainsi que celui des syndicats, défenseurs de leurs privilèges et non pas des travailleurs.
Le modèle français, un énorme fromage
Enfin, le modèle social français est surtout celui des inégalités entre le public et le privé, entre ceux qui ont emploi protégé à vie et ceux qui se retrouvent sur le marché du travail. Il est paradoxal – voire grotesque – de parler d’égalité et de solidarité dans un pays où plus de 6 millions de personnes vivent grâce à l’argent public et s’opposent à toute réforme de l’Etat. Salaires, retraites, vacances, le secteur public est nettement mieux loti que le privé. Quand nous savons qu’une ouvrière qui cotise pendant 40 ans 1 euro par mois disposera à sa retraite à 60 ans, 1.60 euros et qu’un agent de la SNCF, pour 1 euro cotisé disposera de 3.20 euros à 50 ans et après seulement 30 ans de cotisations, on peut se demander où est la fameuse égalité à la française ?
La France, tout en battant le record des prélèvements obligatoires, redistribue moins que la plupart des autres membres de l’OCDE, les impôts affectent les Français, les jeunes sont « plombés » par la TVA et les impôts locaux, tandis que les niches profitent aux riches et l’ISF pénalise les classes moyennes. L’Etat français confisque plus de la moitié des richesses créées par les Français et en redistribue moins que les Américains qui ne prélève que 30%. Les écarts entre les riches et les pauvres se réduisent de 35 % en France et de 42 % aux USA. Où va l’argent ? La réponse tient au fait que le modèle français est devenu un énorme fromage. Il a engendré une énorme bureaucratie, plus d’1 million de fonctionnaires en profitent, les politiques s’en servent à des fins électoralistes et les syndicats le brandissent comme le modèle à suivre.
Il n’y a que les hauts fonctionnaires énarques de Bercy pour ne pas comprendre que l’impôt sur le revenu et les prélèvements obligatoires sont inefficaces et que ce n’est sûrement pas en augmentant le taux d’imposition qu’on fera baisser les déficits publics. Qui plus est, faute de contrôle, les allocations distribuées ne vont pas toutes aux pauvres et sont largement grignoté par des armées de fonctionnaires « en charge de la redistribution ». On a assisté d’ailleurs à l’apparition d’une véritable caste qui profite de l’Etat providence.
D’après Le Petit Robert, le « modèle » est un mot associé à un autre mot qui est celui de « copier ». Or, dans le cas du modèle social français on peut dire que c’est le modèle que tout le monde nous envie mais que personne ne copie !