IREF : Pouvez-vous nous rappeler le contexte de l’apparition de ce mouvement ? Quel a été l’élément déclencheur ? A-t-il un leader ?
Jérôme Blanchet-Gravel : À l’origine, le mouvement s’opposait à la vaccination obligatoire des camionneurs, mais il a rapidement fait boule de neige pour incarner le ras-le-bol d’une partie grandissante de la population face à l’ensemble des mesures sanitaires. Durant toute cette crise, seule l’Australie accoucha d’un régime sanitaire plus répressif et liberticide que le Canada. D’ailleurs, ce sont deux pays à l’esprit insulaire et offrant une grande qualité de vie, bien que le Canada ne soit pas évidemment une île sur le plan géographique. Peu habitués à l’adversité et aux grands bouleversements, les Canadiens semblent avoir été particulièrement secoués par la menace du virus. Comme je le souligne dans mon récent livre Un Québécois à Mexico (L’Harmattan), l’idéal du risque zéro s’est imposé avec une facilité déconcertante dans ce pays hyper aseptisé et technocratique. Ainsi, pendant deux ans, les Canadiens ont été extraordinairement obéissants – à un point quasi troublant –, mais la fatigue et la colère dues en bonne partie à la détresse psychologique semblent avoir rattrapé des politiciens déconnectés de la réalité des perdants de la crise.
Quelques leaders identifiables ont guidé le groupe (par exemple Pat King au Canada anglais et Joanie B. Pelchat au Québec), mais nous sommes devant un mouvement horizontal du type Gilets jaunes. C’est un mouvement spontané qui se nourrit d’une importante crise de la représentation. Un nombre croissant de Canadiens ne se sentent plus représentés ni dans les parlements ni dans les grands médias, ce qui donne une coloration antisystème à cette forme de révolte populaire. En gros, les manifestants visent tout simplement à récupérer leur vie d’antan dans un contexte où l’état d’urgence est en voie d’être normalisé et où leurs droits sont remplacés par des « privilèges ».
IREF : Comment les Canadiens ont accueilli le mouvement ? Et les politiques ?
Dans les grands médias, il a été très mal accueilli. Les protestataires ont été associés à l’extrême droite et même à la suprématie blanche, alors que diverses communautés culturelles ont pris part aux manifestations. Il faut dire que les camionneurs ont reçu le soutien de Donald Trump. Le premier ministre fédéral, Justin Trudeau, a lui-même plusieurs fois associé le mouvement à l’extrême droite. Dans un pays célébrant toutes les communautés sauf les deux peuples fondateurs européens, le fait que les manifestants soient en majorité blancs a certainement été très néfaste sur le plan de l’image. Tout comme le fait qu’un camion soit un symbole de pollution dans un pays qui se croit à l’avant-garde de l’écologisme. La majorité des partis fédéraux ont appuyé Ottawa dans son opposition au mouvement, quoique certains plus timidement. Quant à la population elle-même, elle semble assez divisée sur la question. Nous sommes passés d’un fort consensus à la polarisation, signe d’un effritement du récit médiatique et politique.
IREF : On ne peut pas dire qu’il ait fait tache d’huile (en Europe en tout cas). Comment l’expliquez-vous ?
D’abord, je ne suis pas sûr que les camions fassent appel au même imaginaire en Europe. En Amérique du Nord, le camion est aussi un symbole de l’économie et d’une vie sur la route rappelant les grands espaces et une certaine liberté. Dans plusieurs régions, les parades de camions sont une tradition qui perdure et à laquelle les enfants vont assister sur le bord de la route. Il y a un aspect culturel dans toute cette affaire. Ensuite, en France, le contexte n’était manifestement pas aussi propice à l’émergence d’un tel courant. La France est aussi un pays où les mesures sanitaires ne sont pas le seul sujet dans l’actualité, contrairement au Canada où la pandémie a monopolisé tout le débat public.
IREF : Trudeau est extrêmement critiqué pour la manière dont il a réagi et
pour les mesures qu’il a prises. Que s’est-il vraiment passé et
comment pourrait-il s’en sortir ?
Après trois semaines de manifestations et de blocages à Ottawa, la capitale, Justin Trudeau a décidé d’invoquer la loi sur les mesures d’urgence, laquelle est la directe héritière des lois sur les mesures de guerre, modifiée en 1988. Des postes-frontières avaient aussi été paralysés. La loi martiale n’avait été utilisée que trois fois dans l’histoire canadienne : à l’occasion des Première et Deuxième Guerres mondiales et durant la crise d’Octobre 1970, qui opposa Ottawa à une cellule terroriste souverainiste, le Front de libération du Québec. Il s’agit d’une mesure complètement disproportionnée par rapport à la menace réelle que représentaient les camionneurs présents à Ottawa, et c’est ce qui est généralement reproché à Trudeau. La situation s’apparentait beaucoup plus à un festival du camion qu’à un véritable siège mené par des insurgés. Depuis le démantèlement du campement par les autorités, il devient de plus en plus difficile pour Justin Trudeau de justifier le maintien des mesures d’urgence.
3 commentaires
Bonjour, même cause, même symptôme qu’en France. Justin Trudeau n’est-il pas le clone de notre petit Macron et de ses petits ministres ineptes à la tache, ineptes à l’honneur de la France et habités par l’idéologie éscrolo-gaucho-mondialo-davosio-cancelo-wokistes.
La différence entre avant et maintenant, c’est que maintenant ce sont des petits c… qui sont au pouvoir et qui jouent aux instituteurs de primaire. Ecoutez Attal, on est mort de rire.
Je suis un homme de droite, donc par définition un homme d’ordre, cependant la Macronisation à marche forcée de notre société est insupportable, elle débouche inéluctablement sur une sécession du pays. Je considère que ce gouvernement est une menace pour la France et ses concitoyens. Je soutiens toutes actions légales visant à manifester notre désaccord sur le mode de société qu’ils nous imposent, depuis cinq ans, c’est pire qu’avant. Alors que le régime Hollande était déjà une tare, mais au moins, lui, il ne nous emmerdait pas trop, le malus était limité à 1 500 € en son temps. Les médias subventionnés feraient bien de faire la différence, entre nous et les gauchistes casseurs, c’est une énorme erreur de leur part qui se payera à prix fort un jour. La résultante est déjà là, les médias ne sont plus écoutés, ne sont plus considérés et passent pour des manipulateurs, ils ont le fruits de leur inféodation (forcés eux aussi) au gouvernement Macroniste.
Je répète que les deux premiers WE des GJ, regroupaient toutes la catégories socio-professionnelles, y compris des imposables à l’ISF, des automobilistes et des passionnées d’automobiles, des clubs, etc… Les médias n’ont jamais montré cette cartographie, mais uniquement celle du smicard bière à la main qui n’y arrivait plus. Smicard que je soutiens, car les 80 km/h, les taxe « dite » Carbone que Macron voulait ajouter aux carburants et enfin la CSG sur les retraites allaient sérieusement les empêcher de se rendre au travail. Parallèlement les radars tourelles se mettaient en place et tout ce monde, y compris les classes moyennes et supérieures, nous nous sommes sentis pris au piège sous prétexte éscrologique. Dont chacun sait que c’est une escroquerie qui rapporte énormément. En fait, nous subissions une assignation à résidence avec entrave au droit de travailler.
Des collaborateurs m’ont dit « je ne ferai plus 120 kms chaque jour pour venir travailler ». Sur un registre parallèle, la grille des malus s’est envolée, pour atteindre 40 000 €, et là, c’est l’explosion, même le socialo Hollande n’avait pas osé, sans parler des ZFE que l’on évoquait peu à ce moment là. On se dit que ces petits merdeux de Macronistes, veulent tout faire crever. Ils devront répondre devant les Français du déclin de notre industrie, de notre industrie automobile, de nos libertés. Alors, Macron/Trudeau ou Trudeau/Macron c’est la même daude. Le recours à l’état d’urgence démontre qu’ils sont paranoïas. Un seul instant, puissent-ils remettre en cause leurs politiques liberticides, dont nous ne voulons pas ? Cela va mal se terminer, hélas. Quand j’étais jeune et que je parcourais l’Europe pour des raisons professionnelles, un grand patron Italien très cultivé m’avait dit » La France terminera comme le Liban, en guerre civile », j’ai souvent ressassé cette remarque. Je comprends mieux désormais, il y aura quatre groupes qui s’affronteront; les gaucho radicaux incluant les éscrolos, les islamistes, les titit macronistes ou assimilés et enfin les gens normaux qui veulent vivres normalement sans qu’on les emmerde, disons les ex Gaullistes (les vrais, pas les peignes-culs), désirant acheter la voiture de leur choix, travailler avec ardeur, avoir une famille, aimant les centrales thermonucléaires, la vie, la chasse, les 4×4 si besoin, la pèche, voyager quand bon lui semble, quand il lui semble, un homme ou une femme de droite ordinaire. Mais ça, c’est avant que cette « normalité » se fâche, car on en peut plus de ceux là, on ne les supporte plus, comprenez-vous, ils sont à vomir. Plutôt le chao que la soumission (cf Ukraine), n’en déplaise à Jadot, Pompili et autres religieux de cet acabit, ils trouveront une forte résistance face à leurs ravages. Vive la France, Charles au secours ! Merci. Bien à vous
Merci de nous maintenir informé du Québec, autre nation rebelle courageuse. Nous n’avions effectivement plus de nouvelles. Merci pour cet entretien très intéressant.
Bonjour, oui le // entre la Canada et la France est intéressant. Le Macronisme, copie conforme du Trudeaunisme sont des fléaux pour nos pays. Les nouvelles sont la bienvenue. Merci. Bien à vous