Les universités Harvard et Brown, et la Bill and Melinda Gates Foundation, relèvent dans une étude conjointe que les restrictions liées à la crise sanitaire ont engendré de graves inégalités économiques entre les foyers modestes et les classes aisées. Le taux d’emploi des premiers a baissé de 23% tandis que celui des seconds a augmenté de 2,4%.
Il y a un an, nous avions mis nos lecteurs en garde contre le confinement, une mesure inégalitaire. Les nouvelles données venant du milieu universitaire américain et de la Fondation Gates confirment cette crainte. Regroupées sur le site tracktherecovery.org, elles montrent l’évolution depuis le début de la crise de plusieurs aspects économiques, comme l’emploi ou les revenus, non seulement au niveau national mais également par Etats. Il en ressort que les divisions économiques se sont largement creusées entre les états américains, généralement démocrates, qui ont imposé d’importantes restrictions, et ceux, républicains, qui ont été moins contraignants.
La situation économique des classes populaires sacrifiée
Les principales victimes des mesures de confinement sont les petites entreprises et les petits commerces. Au 1er juin 2021, ils accusent, au niveau des Etats-Unis, une baisse de revenus de 29,7%. Au niveau des états et à titre d’exemple, Washington DC est le plus touché avec une baisse de 50%, suivi par le Massachussetts avec 43% et New York avec 39%. La Floride, le Texas et la Californie se situent dans la moyenne avec respectivement 26%, 35% et 28%. Ce sont L’Oregon et le New Hampshire qui s’en tirent le moins mal avec une baisse de 10% et 14%. Un pic a été atteint en mars 2020, avec une baisse nationale de 50% (75% à Washington DC).
Conséquence logique, beaucoup d’entreprises ont fait faillite. Ou n’ont pas vu le jour : en juin 2021, la création de petites entreprises est estimée à -38% par rapport à janvier 2020 au niveau national et -50% à Washington DC. Un constat qui n’est pas sans importance car les petites entreprises représentaient 44% de l’économie et 47% des emplois du secteur privé en 2019. Même si ce secteur était en diminution depuis des années, cette baisse brutale et pour des raisons non économiques est néfaste.
De plus, la situation a engendré un taux d’emploi en baisse de 23% pour les personnes à faible revenu (gagnant moins de 27000 dollars) et en hausse de 2,4% pour celles qui avaient un revenu élevé (plus de 60000 dollars). Dans un certain nombre d’états, l’écart est encore plus marquant : au Massachussetts, baisse de 51% pour les premiers, hausse de 15% pour les seconds ; en Californie, respectivement -38% et +10,9% ; en Oregon, -38% et +15% ; dans l’Etat de New York, -23% et +11%. En revanche, dans quelques autres, la situation au niveau de l’emploi des classes populaires est meilleure qu’avant la crise : Floride +0,4%, Caroline du Sud +2,1%, Kentucky +2,4%, Indiana +2,4%, Alabama +9%, Delaware +19,4%.
Des états comme la Californie, New York et le Massachussetts payent leurs mesures sanitaires. Inversement des Etats comme la Floride et des Etats plus ruraux vivent une situation moins dramatique.
Les différents plans de relance sous les administrations Trump et Biden n’ont eu aucun effet sur ces tendances. C’est compréhensible : on ne peut pas faire fonctionner un secteur entier juste avec des aides, surtout quand l’épée de Damoclès des restrictions reste suspendue.
Des divisions politiques
Beaucoup d’états républicains ont donc réussi à limiter les dégâts en étant moins stricts au niveau des restrictions. Rappelons que l’électorat du Parti républicain issu de la classe populaire ne cesse de grossir, face à un Parti démocrate soutenu par les plus aisés. Une aggravation des inégalités économiques renforcerait le fossé entre les deux forces politiques, ce qui ne serait guère bénéfique à la cohésion de la société américaine compte tenu de la polarisation actuelle. Pourtant, les différents facteurs évoqués ci-dessus montrent que les Etats-Unis vont dans cette direction.
En outre, il est à craindre que les conséquences économiques et sociales soient les mêmes en Europe. Si la polarisation économique et politique y est, pour l’instant, moins forte, la situation américaine doit servir d’avertissement. Le «quoi qu’il en coûte» sanitaire devient de plus en plus une arme de destruction massive pour nos sociétés.
2 commentaires
Le confinement a détruit les classes populaires aux Etats-Unis
Nous ressentons bien ici en Californie une polarisation de plus en plus importante et très certainement accentuée par la crise sanitaire.
Le confinement a détruit les classes populaires aux Etats-Unis
Ici, en France, la population feint d’ignorer les mesures dévastatrices sur les forces vives du pays.
Mon entourage est en passe de m’expliquer qu’elles sont un bien pour un mal, alors que leurs conséquences délétères vont être aiguës.
Quid de l’expérimentation médicale à contre-courant de l’approbation générale au nom d’intérêts financiers ploutocratiques ?
Nous assistons, ébahis, au contingentement de la population par l’intermédiaire d’une téléologie sans doute militaro-industrielle.
le climat devient électrique, et le courant va passer de moins en moins bien.
Le risque qu’une déferlante emporte ce qui reste de tissus sociaux est bien présent.
Pour cela, une vigilance bienveillante est de mise, surtout sur tout ce qui a attrait aux libertés fondamentales.
Bien à vous.