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L’emploi en France et au Royaume-Uni

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Le Royaume-Uni réalise d’excellentes performances en matière d’emploi. Comme l’Allemagne et les USA d’ailleurs. Cependant, ces performances sont souvent dénigrées. Il est souvent dit que l’emploi est de mauvaise qualité au Royaume-Uni. Faisons une petite comparaison entre la France et le Royaume-Uni.

Cette comparaison est d’autant plus intéressante que les deux pays ont une population équivalente, une population en âge de travailler équivalente. La comparaison est par exemple plus pertinente qu’avec l’Allemagne, pays à la population plus importante, mais vieillissant plus vite. Même si une comparaison entre les deux pays serait également intéressante.

Taux de chômage France et Royaume-Uni

Le taux de chômage en France au quatrième trimestre 2018 s’élève à 8,8 %. Au Royaume-Uni, il s’élève à 3,9 % pour décembre 2018. Tandis que le taux d’emploi est de 66,1 % en France, et de 75,1 % au Royaume-Uni. Avantage à nos amis d’outre-Manche, sans conteste donc.

Mais, on pourrait ergoter. Quelle est la qualité des emplois ? Ce qui est une question pertinente. Si un pays décide de lancer des grands travaux, utilisant l’argent public pour faire baisser le chômage artificiellement, cela n’est pas la même chose qu’un système économique qui produit de l’emploi par lui-même. Examinons donc de plus près l’emploi en France et au Royaume-Uni.

Typologie de l’emploi en France et au Royaume-Uni

En France, selon les dernières statistiques de l’INSEE, l’emploi salarié est estimé à 25,005 millions de personnes au 31 décembre 2017. L’emploi non salarié à 2,871 millions de personnes, soit un total de 27,877 millions de personnes en emploi (en tenant compte des arrondis).

Au Royaume-Uni, le total des salariés s’élève en décembre 2017 à 27,174 millions de personnes. L’emploi non salarié à 4,776 millions, soit un total de 32,154 millions de personnes en emploi.

On remarque donc un avantage au Royaume-Uni dans les deux domaines, emploi salarié comme non salarié.

Si on examine maintenant le temps partiel, l’INSEE indique que le nombre de salariés à temps partiel en France métropolitaine (critère retenu car plus adéquat avec le Royaume-Uni) s’élève à 4,348 millions en 2018, soit 18,9 % de la population salariée. Au Royaume-Uni, le nombre de salariés à temps partiel s’élève à 6,969 millions de personnes à la même période, soit 25,26 % du total des salariés.

Un emploi de mauvaise qualité au Royaume-Uni ?

On constate que le nombre d’emplois supérieur au Royaume-Uni s’explique par un nombre plus important de temps partiel, et par un nombre plus important de travailleurs indépendants. Ce qui fait que d’aucuns qualifient ces emplois de mauvaise qualité. A tort, néanmoins.

En effet, en France, le temps partiel subi est de 43,8 % en 2017. Au Royaume-Uni, ceux qui ne peuvent pas trouver un emploi à temps plein, en décembre 2017, représentent 11,8 % des temps partiels. Les autres ne veulent pas d’un emploi à temps plein. Par conséquent, le temps partiel est plus subi en France qu’au Royaume-Uni. Largement. Donc, l’importance du temps partiel ne signifie pas que l’emploi est de plus mauvaise qualité au Royaume-Uni. Au contraire, c’est en France que le temps partiel est un problème.

Travail indépendant : un pis aller ?

Passons maintenant à l’emploi indépendant. Il y a souvent un préjugé en sa défaveur. Il est associé aux plateformes, comme UBER. Pourtant, la réalité est tout autre. Le travail indépendant est souvent du travail qualifié, comme le montre l’IPSE, l’Association of Independent professionals and the Self-Employed, au Royaume-Uni. Elle souligne que 80 % des self employed, les indépendants, sont heureux de l’être. Et d’ailleurs, en France, l’étude Freelance 2018 Malt – Ouishare souligne que 88 % des freelancers le sont par choix. Le développement du travail indépendant se développe ainsi dans les économie modernes, et il est le plus souvent un choix. Ce n’est pas un pis aller. Ce n’est pas le signe d’un marché du travail dégradé, mais plutôt d’une économie moderne.

Le contrat à durée déterminée

Une particularité du marché du travail français est l’intérim, et le contrat à durée déterminée. Selon l’INSEE, en 2018, l’emploi en CDD et l’intérim représentent 13,5 % de l’emploi salarié, dont 3 % pour l’intérim. Au Royaume-Uni, le total des salariés en contrat temporaire représente en décembre 2018 5,6 % des salariés, dont 26,3 % ne trouvent pas un emploi en CDI.

Se pose la question de la mesure de l’emploi. En effet, selon la définition du Bureau International du travail, un chômeur est une personne en âge de travailler (15 ans ou plus) qui répond simultanément à trois conditions : être sans emploi, c’est à dire ne pas avoir travaillé au moins une heure durant une semaine de référence; être disponible pour prendre un emploi dans les 15 jours; avoir cherché activement un emploi dans le mois précédent ou en avoir trouvé un qui commence dans moins de trois mois.

La définition d’une personne en emploi au sens du BIT est la suivante :
les personnes employées au sens du BIT sont celles ayant travaillé pendant une durée quelconque, ne serait-ce qu’une heure, au cours d’une semaine dite de référence.

Par conséquent, une personne en CDD ayant travaillé une journée pendant la période de référence est considérée comme un salarié à temps plein. Or, d’après la DARES, 30 % des CDD ne durent qu’une seule journée, 40 % moins d’un mois, en 2017. Il semble que ces CDD soient comptés comme des salariés à temps complet.

Sous l’angle du travail temporaire, l’emploi paraît plus précaire en France qu’au Royaume-Uni. Ce qui n’apparaît pas aussi nettement dans les statistiques brutes.

En France, précarité de l’emploi

En France, la réglementation du travail est très lourde, et se veut plus protectrice pour le travailleur, qu’au Royaume-Uni. Cependant, il semble que le travailleur soit plus assuré d’un emploi stable au Royaume-Uni.

D’ailleurs, les jeunes se ruent vers le Royaume-Uni. C’est qu’ils ont des espoirs. Ils perçoivent des opportunités. C’est, finalement, un bon indicateur du marché de l’emploi, et, plus globalement, des opportunités offertes par le pays.

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1 commenter

zelectron 15 octobre 2019 - 7:02

erreur de casting
si nos gouvernements successifs se sont figurés, se figurent et se figureront que les emplois pléthoriques de fonctionnaires et collatéraux sont bons pour notre économie, ils se mettent le doigt dans l’œil jusqu'au coude !

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