Institut de Recherches Economiques et Fiscales

Faire un don

Nos ressources proviennent uniquement des dons privés !

anglais
Accueil » Il faut fustiger les marchands de peur climatique

Il faut fustiger les marchands de peur climatique

par
229 vues

« Des vagues de chaleur plus fréquentes et plus sévères » titre un grand journal du soir. Est-ce si sûr ? Ces annonces de péril imminent ne sont-elles pas trop souvent utilisées pour justifier une nouvelle emprise politique, voire idéologique sur la conscience des gens ? Ceux dont le rêve communiste d’une société entièrement étatisée a été brisé par la réalité soviétique ou chinoise ont trouvé dans l’écologie un nouveau moyen de faire grandir l’Etat au détriment des libertés individuelles. En agitant la grande peur d’un réchauffement climatique dû à l’homme, ils incitent l’humanité à se livrer à une grande autorité, seule capable selon eux d’entreprendre le travail titanesque de lutter contre le climat dans un combat qui doit mobiliser toutes les ressources du monde. Et cette bataille qui fait de la puissance publique un nouveau démiurge a l’immense avantage que ses résultats ne seront connus que par les générations à venir, ce qui évite d’avoir des comptes à rendre !

« La notion d’évolution du climat doit être maniée avec précaution et discernement »

Mais la révolte viendra peut-être néanmoins quand nous serons nombreux à contester ces mensonges qui nous abusent. Car s’il ne s’agit pas de nier qu’il y a des périodes plus chaudes que d’autres, la question est de savoir si ce réchauffement est dû ou non à l’homme avant que de consacrer autant d’argent et d’énergie à lutter, peut-être vainement, contre lui. Le principe de prudence qu’on a constitutionnalisé à tort en France devrait au moins servir à respecter cette sagesse. Car le discours conformiste que font entendre de nombreux gouvernements et les institutions internationales n’est pas celui de tous les chercheurs, loin de là.

Ainsi par exemple le propos d’Emmanuel Garnier. Membre senior de l’Institut universitaire de France, il est directeur de recherche CNRS et historien du climat et des risques au Laboratoire Littoral, Environnement et Sociétés (LIENSs, CNRS/Université de La Rochelle). Responsable des projets CLIMURBS (CLIMat et espaces URBainS, XVIe-début XXe s.) et RENASEC (Étude des caractéristiques et de la fréquence des événements extrêmes en France depuis 1500), il est l’auteur de l’ouvrage Les dérangements du temps. 500 ans de chaud et de froid en Europe.[[Paris, Plon, 2009, 245 p.]]. Il y note que « la notion d’évolution du climat doit être maniée avec précaution et discernement » (p. 88). Néanmoins ses conclusions, même si elles ne plaisent pas à tous ses collègues (!) sont éloquentes. Il les a résumées dans son intervention sous le titre « Bassesses extraordinaires et grandes chaleurs. 500 ans de sécheresse et de chaleurs en France et dans les pays limitrophes » au Colloque 193 SHF : «Etiages, Sécheresses, Canicules rares et leurs impacts sur les usages de l’eau »,[[Lyon, 7-8 octobre 2009 : http://www.gisclimat.fr/sites/default/files/Garnier_SHF_2009.pdf]]

Une délibération des Capitouls de Toulouse dénonçait en 1670 « Les désolantes sécheresses qui désoloient le pays ». « Ces mots nuancent quelque peu les modèles du GIEC et de Météo-France, relativement concordants à propos de l’avenir climatique potentiel des régions méditerranéennes » note Emmanuel Garnier. Depuis l’an 1500 jusqu’à 2009, en Languedoc-Roussillon les sécheresses sont de plus en plus nombreuses, mais moins longues, moins violentes. Toujours prudent il observe que « Sur les 500 ans considérés, les XVIIe et XVIIIe siècles apparaissent indiscutablement plus sévères en termes de jours de sécheresse mais peut-être faut-il expliquer cette réalité quantitative par une appréciation plus subjective de la notion de sécheresse pour les périodes anciennes dépourvues d’observations instrumentales jusqu’aux années 1750. Il n’empêche, les impacts économiques et sanitaires des XVIIe et XVIIIe siècles, tels qu’ils sont décrits dans les archives, en font de véritables tragédies humaines comme jamais elles ne se reproduiront par la suite”.

Le débat scientifique doit légitimement se poursuivre

Au demeurant, la situation n’est jamais la même d’une période à l’autre : « Sur les berges de la Seine comme sur les côtes de la mer Méditerranée, les sécheresses se décalent chronologiquement au cours des 500 dernières années pour débuter plus souvent en juin et en juillet, phénomène accentué depuis les années 1950 ». Il compare ensuite les sécheresses en Ile de France, en Angleterre et dans les pays rhénans pour constater que « les trois séries se caractérisent par un premier mouvement riche en catastrophes hydrologiques entre 1500 et 1800, après quoi s’observe un cycle plus atone, tant en durée qu’en fréquence avec, soulignons-le, une reprise nette vers 1960 ».

Il analyse « les sécheresses communes les plus extrêmes (supérieures ou égales à 200 jours en Ile-de-France). La première d’entre elles se trouve être la catastrophe de 1556, très bien décrite par le curé provinois Haton, Pierre de L’Estoile et les élus parisiens. Les sources convergent pour souligner la gravité de la situation. Elles parlent des « très grandes chaleurs » et des processions organisées un peu partout en France. Pire que cela, elles affirment qu’il ne tomba pas une goutte d’eau entre le Vendredi Saint et la Toussaint ! Sur l’autre rive de la Manche, la situation n’est guère plus enviable et même s’il est impossible de dater précisément l’épisode, les signes de sévérité ne manquent pas. Ici, c’est la litanie des fontaines, des puits et des sources taries qui rythme le discours des sujets de Sa Gracieuse Majesté.

La vraie rupture intervient cependant en 1666, mettant en jeu la France et l’Angleterre, toutes deux victimes d’une sécheresse exceptionnelle dont les conséquences s’avèrent catastrophiques chez notre voisin britannique. Les prolégomènes de la crise météorologique prennent la forme de grandes processions à compter du 17 mai. Comme de coutume, les Parisiens et leurs échevins se tournent vers sainte Geneviève afin d’obtenir la pluie. En Angleterre, le déroulement de la crise est bien mieux connu. La sécheresse s’installe dès le mois de novembre 1665 pour culminer en août de l’année suivante. Vers le 15 du même mois, les Londoniens découvrent, médusés, « la Tamise réduite à un ruisseau aisément franchissable à pied ». C’est dans cet environnement de sécheresse et chaleur absolue qu’eut lieu le grand incendie de Londres qui ravagea presque en totalité la vielle citée du 2 au 5 septembre. « Si le désastre fit peu de morts directs (huit décès), il en est tout autre du bilan matériel. Plus de 13 000 maisons, 87 églises dont la cathédrale Saint Paul, et la majorité des bâtiments municipaux furent consumés. Pire encore, le feu jeta à la rue 80 000 habitants qu’il fallut évacuer et reloger… Ensuite, un chapelet ininterrompu de sécheresses touche aussi bien les vallées de la Seine, du Rhin que de la Tamise autour des années 1680 (1681, 1683, 1684, 1685) puis 1700 (1701, 1705, 1709, 1714) comme autant de signes avant-coureurs de la sécheresse-canicule européenne de 1719. Considérée comme un des étés les plus chauds du siècle au Royaume-Uni… ».

Le débat scientifique doit légitimement se poursuivre et les propos d’Etienne Garnier peuvent être soumis à la critique. Il reste que ses observations historiques, et celles, qui vont dans le même sens, de nombre de ses collègues, ne sont guère contestables et mettent en péril les fantasmes idéologiques des marchands de peur qui ont eux-mêmes peur de voir leur stratagème dévoilé. Raison de plus pour revenir à la raison contre tous les bonimenteurs du siècle.

Abonnez-vous à la Lettre des libertés !

Vous pouvez aussi aimer

Laissez un commentaire

6 commentaires

Teisserenc 2 juillet 2019 - 12:08

C’est affolant…..
….de voir certaines personnalités pourtant cultivées (ENS etc) parler de parvenir à régler les futures températures comme si devant les complexités de la Nature nous n’avions qu’à tourner quelques robinets comme un physicien dans son laboratoire pour obtenir un résultat précis.
Comment tous ces gens sont-ils ignorants de la démarche scientifique : hypothèses avant certitude.
Nous n’en sommes en ce qui concerne le climat qu’aux hypothèses.

Répondre
PICOT 2 juillet 2019 - 12:51

Arnaque
Et le plus fort c’est que ce ramassis d’hommes, soit disant politiques, vont réussir à nous faire payer l’air que nous respirons, grâce à la taxe carbone, tout comme les seigneurs du moyen âge taxaient les paysans pour l’air qui faisaient tourner leur moulins. En effet, en respirant nous rejetons du CO2 donc du carbone, indispensable aux plantes qui le convertissent en oxygène. Vital donc. Ils nous racontent que le CO2 entraîne un effet de serre responsable du réchauffement climatique!! Et ça marche. Sauf que… le CO2 ne représente que 0,04% des gaz atmosphériques, cette explication ne tient donc pas debout même en tenant comptes des rejets d’autres sources. C’est comme le trou de la couche d’ozone : tiens où est il passé?? Grosses manipulations. Et plus c’est gros plus ça passe.

Répondre
John Sheppard 2 juillet 2019 - 2:54

Ne glissons pas du doute à la négation
Face à telle ou telle affirmation péremptoire imputant au réchauffement climatique (anthropique de préférence) un évènement météorologique remarquable (sécheresse, inondation, canicule, grêle, …), s'il est légitime de douter, au nom de l'absence de preuve scientifique indiscutable, par contre il importe de ne pas glisser pour autant dans le négationnisme. L'hypothèse climatique ne doit pas être écartée et si les techniques de décision statistique ne concluent pas aujourd'hui, contentons-nous de cette indécision et rajoutons l'évènement à notre collection en vue d'éventuelles prises en compte ultérieures à la lueur d'évènements nouveaux.
Ne faisons pas comme tous ces climatosceptiques qui sont en fait des climatonégationnistes.

Répondre
fritz 3 juillet 2019 - 1:02

je vois que vous êtes un adepte du principe de précaution : on ne sait pas si le CO2 est le responsable du réchauffement climatique , mais en cas de doute on interdit d'en émettre ; arrêtez donc de respirer

Répondre
MONTIGNAC-LASCAUX 10 février 2021 - 10:24

Le CO2, un gaz à effet de serre?
Aucune preuve… J'attends l'explication ou l'expérience qui nous apportera cette preuve. Bien sûr,tous ceux qui nous rabachent cette maxime, peuvent-ils nous expliquer ce qu'est l'effet de serre, ce serait déjà un début, mais de là à prouver que le CO2 est un gaz à effet de serre, il y à de la marge.
Coluche, qui était plein de bon sens, avait dit que ce n'est pas parce que tout le monde répète la même c..ie que ça devient une vérité.
J'étais étudiant à la fac du Mirail dans les années 70 à 75 et déjà, les oiseaux de mauvaise augure prévoyaient le … refroidissement de la Terre et l'épuisement des carburants pour l'année 2000.

Répondre
Nicotera 22 février 2021 - 11:35

réchauffement climatique
Je vois que parmi les divers commentaires postés sur votre site, vous avez sélectionné uniquement ceux qui vont dans le sens de votre article. C'est ce qui s'appelle faire de la politique partisane. Est-ce surprenant ? Je ne pense pas. Le thème mérite une réflexion approfondie. Il y a une quinzaine d'années, le cadavre d'un homme des cavernes vieux de 5000 ans a été découvert dans les Alpes suisses ou autrichiennes par suite de la fonte des glaces (et NON en raison d'un déplacement dû à la progression dudit glacier). Cela signifie que les températures moyennes n'avaient jamais été aussi élevées depuis 5000 ans au moins!
Un autre exemple: il y a une 10 d'années, mon fils s'est rendu au Groenland avec trous spécialistes des pôles pour t faire une expérience liée aux courants marins. L'idée était de s'installer sur une plaque de glace et de se laisser dériver pendant plusieurs mois en faisant leurs observations. Deux des membres de cette expédition se rendaient presque tous les ans au Groenland depuis 20 ans. Cette année là, lorsqu'ils sont arrivés à destination, au lieu d'y trouver la banquise qu'ils connaissaient si bien, il n'y avait que de l'eau. Pas un simple glaçon! Les deux spécialistes familiers des lieux ont dit qu'en 20 ans, ils n'avaient jamais vu ça. Ils ont alors décidé de monter beaucoup plus haut au nord du Groenland. Cette fous, ils y ont trouvé une banquise mais très mince et très fracturée. Ils ont malgré tout tenter de procéder à leur expérience et se sont installés sur une plaque de glace. Malheureusement, la glace était trop mince et au bout de trois jours, ils ont été obligés de l'abandonner et de mettre un terme à leur expédition et ce, bien à contre coeur car ils étaient venus uniquement pour cette expérience et avaient engagé de gros frais.
Quand vous faites allusion aux variations climatiques enregistrées au cours des siècles passés, variations dont toute personne connaissant l'histoire est au courant, il s'agit toujours de variations relativement limitées dans le temps. Le réchauffement actuel se constate depuis une cinquantaine d'années et ne cesse de progresser. C'est ça qui fait la différence. jn

Répondre