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Gouvernement Borne : des trous dans la raquette

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Pour les Français à qui on avait promis le sang neuf du quinquennat nouveau d’un Président nouveau, on ne peut écarter comme l’ombre d’une déception, comme le regret d’un nouveau rendez-vous manqué.  L’annonce du Gouvernement Borne n’est en effet  pas exempte d’incohérences et de manques et elle provoque en outre quelques inquiétudes sur des postes sensibles.  Même si le Président Macron, maître des horloges, s’est plu à faire attendre le pays au gré des prochaines échéances législatives, la nature de ce Gouvernement tout entier dévoué à sa personne – et qu’il a ainsi pris largement le temps de composer –  ne dispense pas de poser  quelques questions et même d’avancer quelques critiques.

Où sont les retraites et le logement ?

Bien qu’avec plus de 21% du PIB national en 2020 (source: ministère de la transition écologique), il corresponde à l’une des plus importantes dépenses (504 milliards d’euros) des Français, le logement n’a pas sa place dans la liste des ministères et secrétariats d’État. Le Président confirme ainsi son mépris et son arrogance de financier pour tout ce qui représente l’un des besoins primaires les plus essentiels de chacun. A moins bien sûr qu’il ne consacre pas de ministère à ce secteur pour libérer la construction, l’acquisition et la location de biens immobiliers de toutes les contraintes réglementaires et fiscales qui en effet sont la cause majeure des difficultés que rencontre l’immobilier en général et le logement en particulier. Mais ne soyons pas trop optimistes à cet égard.

La future réforme des retraites, pourtant la mère de toutes les réformes, n’est même pas expressément citée dans la liste des attributions ministérielles. Il faut en arriver, au delà de l’annonce officielle, au détail des postes ministériels pour apprendre qu’elle relèvera du ministre du Travail, du Plein-emploi et de l’Insertion. Or c’est un non-sens absolu, puisque précisément les retraites obligent les retraités à renoncer définitivement à leur activité et que, comme son titre l’indique, le ministre du travail  et de l’emploi n’est normalement pas le mieux placé pour s’occuper de personnes qui sont inactives du fait même de leur état . Manifestement, on n’a pas encore réalisé en haut lieu qu’il n’est pas sain de surcharger les effectifs d’un ministère, qui a déjà fort à faire avec le travail et l’emploi,  de la gestion ou du contrôle de quelque 330 milliards d’euros à redistribuer entre 18 millions de retraités. C’est une mission pour laquelle la rue de Grenelle, sous la coupe des syndicats et des organisations patronales, n’est véritablement pas la mieux dimensionnée, ni intrinsèquement la plus pertinente. À quand donc et pour pas moins de 18 millions de retraités,   qu’on contraint toujours injustement et illégalement au silence en leur refusant toute représentation collective dans les principales institutions les concernant (CESE, COR, CSR et la plupart des caisses de retraite…), un véritable ministère des retraites et des retraités, fin spécialiste des premières          et à l’écoute des seconds ?

On n’a pas oublié une tradition française : les conflits d’intérêt

On remarque que la sécurité, dont l’état plus que dégradé est actuellement l’une des toutes premières préoccupations des Français, agace hautement le Président, puisque dans l’un de ses tweets, il l’avait ostensiblement reléguée à la  dernière place des six ou sept priorités qu’il assignait à la Première Ministre dans la constitution du Gouvernement. On s’aperçoit que le mot désormais fâche tant qu’il n’apparaît plus dans le cadre des attributions spécifiques portée sur la liste des ministres, alors que l’écologie, pour ne citer qu’elle, ne mobilise pas moins de trois ministères distincts. Comme si la survivance à terme de l’ensemble de la biosphère mondiale importait davantage à notre Président que la survie quotidienne de ses concitoyens et de ses concitoyennes, victimes innocentes et plurielles d’agressions et d’assassinats récurrents,  dont plusieurs parfaitement évitables.

On regrettera qu’alors que ni les océans, ni les mers n’ont rétréci, l’ancien ministère de la mer se contracte d’un coup  en un secrétariat d’État indigne de la seconde puissance maritime mondiale, au moment même où  le conflit ukrainien et les menaces chinoises remettent à l’ordre du jour l’importance de la géopolitique dans la conduite de l’ordre du monde.

N’échappant pas à la vieille tradition française du déni systématique des conflits d’intérêts, la nomination de Madame Oudéa-Castéra au poste de ministre des sports et des jeux olympiques et paralympiques,  pose un problème. Non pas à raison de ses qualités personnelles qui sont sans doute éminentes, mais parce que son mari se trouve être le directeur général de l’une des plus grandes banques françaises, dont on imagine mal qu’elle puisse être – tout favoritisme mis à part – systématiquement tenue à l’écart du financement de tous les investissements liés directement ou indirectement au prochains jeux olympiques et paralympiques. Rappelons d’ailleurs qu’un problème similaire s’était déjà posé lors du premier quinquennat à raison des liens matrimoniaux unissant la ministre de la Santé à son époux à la tête de l’INSERM.

Il sera intéressant de savoir si le nouveau ministre des comptes publics continuera, sur ordre ou de son propre chef, à développer les mêmes complaisances que son prédécesseur à l’égard des très généreuses rémunérations illicites du Conseil constitutionnel, que nos lecteurs connaissent bien.

Quant au ministère de l’Éducation nationale, on peut relever que malgré tous les efforts du ministre sortant, l’institution peine encore à instruire et que, l’ensauvagement » aidant, l’ambition d’éduquer demeure clairement hors de sa portée, alors que le seul maintien de la discipline ne cesse d’absorber une part croissante du temps scolaire. Incontestablement, il s’agit toujours d’un mammouth fragile  constamment ballotté de réformes en réformes  et qui aspire à retrouver, avec un cap solide et des principes républicains nettement affirmés,  un minimum de sérénité et de stabilité. Or, en dépit de sa qualité intrinsèque, le cursus universitaire de son nouveau titulaire inquiète visiblement nombre d’enseignants et de parents, car il ne faudrait pas que nos écoles, nos collèges et nos lycées suivent l’exemple sulfureux de certaines filières universitaires de sciences humaines et politiques, dont la conception très restrictive et volontiers musclée de la démocratie exclut par principe tout débat ou toute approche contradictoire. Il n’est pas sûr en effet que malgré toutes les chimères qu’elles ont brassées,  l’échec patent des années Vallaud-Belkacem nous ait définitivement prémunis contre de nouvelles expérimentations, qui focaliseraient à perte de raison sur l’idéologie une trop grande partie de l’énergie qu’on devrait précieusement réserver au savoir.

Ainis, sur un plan plus général, il est permis de se demander si, avec les ministres qu’il mobilise, ce second quinquennat va poursuivre ou non le travail de déconstruction du pays déjà largement entamé lors du premier mandat présidentiel, puisque:

  • dès le 14 février 2017, l’encore candidat Macron interviewé par une chaîne algérienne n’avait pas       hésité depuis Alger à charger gravement la France en dénonçant dans la colonisation de l’Algérie       rien moins qu’un crime contre l’humanité;
  • après avoir affirmé à Lyon le 5 février  2017 qu’il n’y avait pas de culture française, le Chef de l’État récidivait depuis l’Élysée le 18 avril 2021 en réservant à la chaîne américaine CBS l’annonce qu’il fallait déconstruire notre propre histoire.

Comment ne pas s’alarmer dès lors et si la même voie est poursuivie, des décombres qu’on risque de relever un peu partout au bout de dix ans de ce travail systématique de sape, d’endettement, de dénigrement et d’autoflagellation d’un pays qui, malgré ses défauts, mérite mieux que la médiocrité, les reniements et les affrontements qu’on lui promet ?

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11 commentaires

Laurent46 24 mai 2022 - 5:17

Il y a assez de Cons qui ont voté pour lui en toute connaissance alors arrêtez de vous plaindre, surtout les médias qui depuis des années ont mis en place le « vote utile ».

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Daniel 1945 24 mai 2022 - 7:03

Comme en 2017, ils vous répondront qu’ils n’ont pas voté « pour » Macron mais « contre » Le Pen.

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Laurent MOTTE 24 mai 2022 - 7:49

Je suis tout à fait d’accord avec Laurent46.
De toute façon, on n’a que ce que l’on mérite.

Répondre
Laurent MOTTE 24 mai 2022 - 7:49

Je suis tout à fait d’accord.
De toute façon, on n’a que ce que l’on mérite.

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Thoma 24 mai 2022 - 8:08

Je rejoins Laurent46 et j’espère pour les cons qui ont voté macron que le pays s’enlise complètement et je n’arrêterai pas de le répèter qu’ à force d’être pris pour des cons sommes nous pas vraiment devenus des cons? .

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LEXXIS 24 mai 2022 - 10:44

@ LAURENT 46, LAURENT MOTTE ET THOMA

Navré, vous vous trompez: je ne me plains pas, mais j’observe simplement que ce nouveau gouvernement pose quelques problèmes et contredit assez largement l’annonce de son concepteur. Par ailleurs, je ne suis pas un adepte du vote utile et je pense que la solution qui consiste à se croiser les bras en vitupérant et à attendre n’est pas nécessairement la plus efficace pour essayer de faire bouger les choses. Mais, chacun son choix!

Cordialement: Th.B

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JR 24 mai 2022 - 8:39

Bonjour, beau tableau de chasse de la crasse Macroniste déconstructrice. Comme dirait un ami « là, on en tient une bande… ». Ceux là n’ont pas inventé l’eau chaude, à part taxer, interdire, désindustrialiser et saboter l’action énergétique, E. Borne l’escrolo-gauchiste en tête, ça vol bas pour l’ambition de la France. Le déclin du pays est assuré entrainant le déclassement des français. Triste fin pour notre pays.
Malgré tout, je ne ferai pas comme les juges rouges, je n’afficherai pas les cibles au fond du couloir pour jouer aux fléchettes, non, nous lutterons uniquement par le débat et par la démonstration. Merci à l’IREF aussi. Bien à vous

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Picot 24 mai 2022 - 11:01

Macron ne déconstruit pas seulement notre propre histoire.Il déconstruit tout, la France et les Français. Première trahison : la vente d’Alstom aux Américains, il y en a eu d’autres ensuite. La nomination de ce monsieur à l’Éducation Nationale est voulue : il s’agit pour lui de continuer à réduire le niveau d’éducation des enfants à presque rien avec, bien sûr, une bonne dose de bourrage de crâne idéologique.

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Razoski 24 mai 2022 - 8:06

Et moi je suis obligé de subir le fameux vote utile!

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Henri 26 mai 2022 - 9:41

D’un côté, on dit qu’il y a trop de ministres et cet article dit qu’il en manque.
Oì est la cohérence !!!!!!!!!!!!!

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AlainD 29 mai 2022 - 3:23

Mon sentiment est que ce gouvernement a été joué aux dés et qu’il ne s’agit que d’une troupe d’attente que les élections législatives soient passées. On voit d’ailleurs ces derniers temps une sorte de vacuité s’installer, on palabre un peu, les retraites pourraient être augmentées le 09 août ! On voit madame Borne en déplacements fréquents en Normandie où elle espère être élue pour laisser sa place à sa suppléante, n’y a t il pas là une anomalie flagrante ? Macron quant à lui n’a jamais exercé le moindre mandat électif hormis celui de président de la république peut être en attendant de postuler pour un éventuel mandat de président européen si celui-ci venait à être instauré…

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