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Egalité ou prospérité ? Il va falloir choisir !

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Egalité OU Prospérité

Si le gouvernement cherchait réellement à redresser les finances publiques et l’économie, il abandonnerait la recherche à tout prix de l’égalité qui nuit à la prospérité, et cesserait de surtaxer les plus riches.

Pour la porte-parole du gouvernement, Sophie Primas, le budget 2026 sera « un cauchemar » à préparer. Elle nous prévient déjà que « chacun sera mis à contribution » pour réduire le déficit à 4,7% du PIB (contre 5,4% prévu en 2025). Que cela signifie-t-il ? Serait-il par hasard question de solliciter vraiment tout le monde et non plus seulement les « riches » au nom de lutte contre les inégalités ? Ce serait heureux, mais nous n’y croyons guère.

Pourtant, comme le démontre un papier récent de l’Instituto Juan de Mariana (IJM), un think tank libéral espagnol, il est plus que temps de repenser les priorités car la poursuite à tout prix de l’égalité nuit à la prospérité.

 Égalité n’est pas synonyme de progrès

Diego Sánchez de la Cruz, auteur de la note et par ailleurs directeur de la recherche à l’IIJM, rappelle que c’est dans les années 1990, alors que le « socialisme réel » était en déclin, que la gauche a enfourché le cheval de la « lutte contre les inégalités ». Même la droite a entonné cette rengaine qui, petit à petit, a fini par être au cœur du discours politique en Europe.

Sans surprise, écrit Sánchez de la Cruz, « plus le débat s’est centré sur la “lutte contre les inégalités”, moins le dynamisme économique a été marqué », car « la plupart des politiques visant à réduire les disparités de revenus ou de richesse se traduisent souvent par une diminution de la liberté économique, ce qui freine in fine la prospérité ».

Des pays comme la Norvège, les Pays-Bas, la Moldavie et la Biélorussie affichent des indices de Gini (mesure statistique permettant de rendre compte de la répartition d’une variable – revenus, richesse, etc. – au sein d’une population) identiques, indiquant des niveaux similaires d’égalité des revenus. Cependant, les niveaux de revenu en Norvège (88 336 € par habitant) et aux Pays-Bas (49 670 €) sont nettement supérieurs à ceux de la Moldavie (18 700 €) et de la Biélorussie (6 675 €). Il paraît donc évident que « l’égalité ne doit pas être considérée à elle seule comme un indicateur de prospérité et de bien-être accrus ».

Par ailleurs, il est intéressant de noter que les inégalités de revenus sont plus faibles dans les économies plus libres, avec un indice de Gini moyen de 32,4, contre 37,5 dans les modèles plus interventionnistes. Comme l’a dit Milton Friedman : « Une société qui préfère l’égalité à la liberté n’obtiendra ni l’une ni l’autre. Une société qui préfère la liberté à l’égalité obtiendra un degré élevé des deux ».

Mythes et réalités sur les inégalités et les riches

Sánchez de la Cruz analyse le cas espagnol lors de la crise de 2008-2011. Pendant cette « grande récession », la forte hausse des inégalités de revenus était due, à 80% ou 90%, au chômage. En réalité, « les riches ne se sont pas enrichis » (la part du revenu national gagnée par le centile supérieur est passée de 26 % à 19 %), mais le chômage a fortement progressé (jusqu’à atteindre 25%) à cause d’un « marché du travail excessivement rigide ».

Par ailleurs, nous dit l’auteur de la note, « en Espagne, les fonctionnaires gagnent 15 à 20% de plus que leurs homologues du secteur privé, tandis qu’aux États-Unis, les fonctionnaires gagnent environ 20% de moins. L’augmentation des effectifs publics en Espagne exacerbe les inégalités, mais les défenseurs de la création d’emplois publics oublient souvent cette contradiction ».

Ensuite, il convient de considérer les revenus sur toute la vie et non pas sur une seule année. Mesurées de cette manière, les inégalités sont alors, en Espagne, réduites d’environ 25%.

Enfin, les statistiques sur les inégalités de revenus tiennent rarement compte du pouvoir d’achat. L’accessibilité financière des biens essentiels, tels que l’alimentation, l’énergie et les services numériques, s’est considérablement améliorée. L’Européen moyen peut aujourd’hui acheter 3 à 15 fois plus de ces biens que dans les années 1960. De plus, de nombreux services numériques que nous utilisons au quotidien (moteurs de recherche, plateformes de streaming, cartes numériques, applications de messagerie, etc.) sont gratuits ou très abordables.

Si l’on se penche sur le patrimoine, on constate que celui des Français, des Allemands, des Espagnols, des Suédois, des Américains ou encore des Britanniques a été multiplié par sept au cours des cinquante dernières années. Cette croissance est principalement due à la hausse des taux d’accession à la propriété et à l’augmentation de l’épargne-retraite (du moins dans certains des pays cités). Sánchez de la Cruz cite Daniel Waldenström – qu’on pourrait surnommer l’anti-Piketty – qui a montré que les 10% les plus riches de la population détenaient 75% de la richesse nationale brute au début du XXe siècle, contre environ 25% aujourd’hui. Dans le même temps, la richesse détenue par les 90% restants a triplé au cours de la même période. Bref, « la richesse a augmenté pour tous » et « les inégalités économiques n’ont pas augmenté, mais ont diminué ».

Il ne faut pas oublier que la répartition des revenus et du patrimoine est très dynamique : en Espagne, seules 9 des 50 personnes ou familles les plus riches de 1978 figurent encore sur la liste aujourd’hui. Il en est de même en France, ou dans le classement Forbes (80% des personnes  présentes dans la liste en 1980 ont été remplacées).

Surtaxer les riches est une erreur

Les inégalités n’augmentent pas. Il n’est donc pas nécessaire d’augmenter la fiscalité sur les plus riches pour les réduire. D’autant plus que la taxation excessive des riches a souvent des conséquences imprévues. Une autre étude récente sur l’Espagne montre que l’impôt sur le revenu ne réduit les inégalités que de 4%, tandis que l’impôt sur la fortune est en réalité régressif, augmentant légèrement les inégalités salariales.

Par conséquent, au lieu de surtaxer la richesse, les décideurs politiques devraient mettre en œuvre des mesures qui stimulent l’activité économique et favorisent la croissance.

La liberté économique tirée par le marché s’est avérée le moyen le plus efficace d’améliorer le niveau de vie et de réduire la pauvreté. Les pays qui ont choisi la liberté économique, comme l’Estonie et l’Irlande, bénéficient d’une plus grande mobilité sociale et d’une plus grande prospérité. À l’inverse, les pays qui s’appuient sur une fiscalité et un interventionnisme élevés, comme l’Espagne et la France, peinent à soutenir leur croissance économique.

Cinq propositions pour libérer les Européens

Pour assurer le bien-être à long terme de tous les citoyens, l’Union européenne (UE) et ses États membres doivent privilégier les politiques qui renforcent la liberté et la croissance économiques. C’est pourquoi Diego Sánchez de la Cruz fait cinq propositions à destination des décideurs.

  1. Privilégier la croissance par rapport à la redistribution. Plutôt qu’imposer une fiscalité excessive, mieux vaudrait mettre en œuvre des politiques favorables aux entreprises qui stimulent l’investissement et la création d’emplois.
  2. Accroître la flexibilité du marché du travail. La surrèglementation crée des obstacles à l’emploi, en particulier pour les jeunes.
  3. Encourager « l’inclusion » financière. Les politiques favorisant l’accession à la propriété, la participation au marché boursier et les retraites privées permettent aux individus de se constituer un patrimoine à long terme.
  4. Éviter les impôts punitifs. Une fiscalité élevée décourage l’entrepreneuriat et l’investissement, nuisant ainsi à la prospérité économique.
  5. Résister aux discours populistes. Les décideurs politiques devraient remettre en question les affirmations trompeuses selon lesquelles la croissance économique exacerbe intrinsèquement les inégalités et mettre plutôt l’accent sur les avantages d’une prospérité tirée par le marché.

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