Institut de Recherches Economiques et Fiscales

Faire un don

Nos ressources proviennent uniquement des dons privés !

anglais
Accueil » Dissolution et législatives : le bal des faux-culs

Dissolution et législatives : le bal des faux-culs

par
550 vues

Il règne comme un parfum de fin de règne au pays de l’exception française. Depuis l’annonce des résultats des élections européennes et de la dissolution de l’Assemblée nationale, nos hommes politiques se surpassent. Ils méritent bien, après le festival de Cannes et avant l’ouverture des Jeux olympiques, une distribution de prix.

1er prix du retournement de veste : Eric Ciotti

2013 : « Nous n’avons rien à voir avec le Front National » ; 2018 : « Jamais, jamais, jamais d’alliance avec le FN » ; 2021 : « Je ne voterai jamais Marine Le Pen ». Qui a fait ces déclarations martiales ? Eric Ciotti, lequel est resté droit dans ses bottes jusqu’au 11 juin 2024.

Maintenant, le président des Républicains appelle à un accord avec le Rassemblement National (RN). Or, si sur certaines questions régaliennes, délinquance et immigration, le rapprochement n’a rien d’incongru, il n’en est pas de même pour la question ukrainienne au sujet de laquelle, naguère encore, Eric Ciotti fustigeait les ambiguïtés de Marine Le Pen. Quant aux aspects économiques et sociaux, ses prises de position étaient jusque-là généralement très éloignées du « socialisme » de cette dernière, pour paraphraser Eric Zemmour.

Accessit : Olivier Faure

Le parti socialiste et La France insoumise (LFI) vivaient depuis des mois des relations tendues, tensions avivées les derniers jours de la campagne européenne. Nanti de son succès relatif, la tête de liste socialiste, Raphaël Glucksmann, a immédiatement exclu tout « Front populaire » avec LFI compte tenu notamment des déclarations antisémites de plusieurs de ses parlementaires et des provocations répétées de Jean-Luc Mélenchon.

C’était oublier le premier secrétaire du parti socialiste, Olivier Faure qui, naguère encore, disait pis que pendre du fondateur des Insoumis et qui, dès l’annonce de la dissolution, a tourné casaque pour conclure une alliance électorale. Une nouvelle fois, les sociaux-démocrates sont mis sur la touche et font figure de dindons de la farce.

1er prix de l’hypocrisie : Bruno Le Maire

Bruno Le Maire n’a rien trouvé de mieux, pour mettre en garde les Français contre tout vote en faveur de l’extrême droite, que de déclarer le 11 juin : « Si le RN applique son programme, une crise de la dette est possible en France ».

S’il est indéniable que le programme économique et social du RN est catastrophique et que Marine Le Pen n’entend rien à la science économique, il n’en demeure pas moins que, dans l’intérêt même du ministre de l’Economie, en poste depuis 2017, il vaut mieux ne pas rappeler les chiffres de l’endettement de la France et du déficit budgétaire, aggravés de manière abyssale depuis…2017.

Accessit : les ministres de l’« aile droite » du gouvernement

Bruno Le Maire, l’autoproclamé Sauveur de la France, figure deux fois dans notre palmarès, la seconde à titre collectif. En effet, le 11 juin, sept membres du gouvernement appartenant à son « aile droite », dont le ministre de l’Economie, Rachida Dati et Gérald Darmanin, ont publié une tribune dans Le Figaro pour appeler à la constitution d’un « front républicain », à équidistance du RN et de LFI.

« Héritiers » du général de Gaulle (qui doit se retourner dans sa tombe !), de Philippe Séguin (pour le « gaullisme social », à des années lumière du libéralisme), de Simone Veil et de Jacques Chirac, ils font part de leur refus de renoncer « des » convictions (lesquelles ?) et de leur rejet des manœuvres électorales opportunistes, tout en proclamant leur « fierté » des résultats obtenus avec la majorité présidentielle (il semble que 85 % des votants aux élections européennes n’aient pas été de cet avis…).

Il va de soi que leur ralliement au président de la République ces dernières années ou, pour certaine et de manière incongrue en lorgnant la mairie de Paris il y a quelques petits mois, n’avait aucun rapport, mais alors aucun, avec quelque opportunisme que ce soit et qu’il était le fruit d’une défense acharnée de « l’intérêt général »…

Prix du jury : Mathilde Panot

Le 11 juin, Mathilde Panot a fait paraître sur X le tweet suivant : « Le cordon sanitaire face au parti d’extrême droite fondé par des Waffen SS n’est plus. Pour survivre, la bourgeoisie a toujours été prête à tous les compromis avec le fascisme : une fois de plus, c’est  « plutôt Hitler que le Front populaire  » ».

Au-delà de la confusion des concepts et du caractère controuvé des faits, agiter contre le RN le chiffon… rouge du nazisme ne prend plus. A supposer que la très marxiste présidente du groupe LFI à l’Assemblée nationale ait raison, qui, en tout état de cause est-elle, pour donner des leçons de modération et de morale ?

Abonnez-vous à la Lettre des libertés !

Laissez un commentaire