Vous faites probablement partie des 56 % des Français qui ne soutiennent pas la fameuse grève « perlée » prévue deux jours sur cinq dans les transports ferroviaires jusqu’à fin juin. Pourtant, la grève des cheminots, c’est vous qui la financez. La rémunération de Philippe Martinez, secrétaire général de la CGT ? C’est vous. Les salaires des permanents de Force ouvrière ? Encore vous. Et ceux du MEDEF ? Toujours vous.
Le financement forcé des organisations syndicales
Bien que vous n’ayez probablement pas adhéré à un syndicat, comme plus de neuf Français sur dix, bien que vous n’ayez pas non plus voté lors des élections professionnelles, comme plus de la moitié des salariés (plus de 90 % d’abstention dans les très petites entreprises), c’est bien vous qui financez les organisations à l’origine des blocages syndicaux du pays : 139 jours de travail perdus pour faits de grève ou de conflits sociaux dans le secteur privé pour 1000 actifs sur la période 2005-2013. Un record européen, loin devant l’Allemagne (16 jours), le Royaume-Uni (23 jours) ou la Suisse (1 jour).
Vous n’avez pas le choix. Si les syndicats sont si actifs, c’est grâce à vous. Le fameux rapport du député Nicolas Perruchot, immédiatement mis sous le tapis par la commission parlementaire en 2011, mais révélé par Le Point, nous a permis de découvrir la portion d’argent public (donc de vos revenus) allouée à ces organisations sous forme de subvention.
La loi a tout de même changé dans le bon sens il y a trois ans et le financement est désormais plus transparent. En 2015, les subventions d’État se sont élevées à 33 millions d’euros. À cela, il faut ajouter les cotisations forcées. Lorsque vous recevrez votre fiche de paie à la fin du mois, vous pourrez lire une ligne de prélèvement « Contribution au dialogue social – 0,016 % ». Cela peut paraître peu, mais multipliez cette ligne par les 12 mois de l’année et le nombre de salariés, soit 25 millions, et vous devriez approcher les 82 millions d’euros que les salariés et employeurs, syndiqués ou non, doivent payer chaque année.
Ce coût ne prend pas en compte les centaines de milliers d’heures de travail consacrées à l’activité syndicale et payées par les employeurs. Cela reviendrait à plus d’un milliard d’euros pour le secteur privé d’après le rapport Perruchot.
Les luttes syndicales en grande partie responsables du chômage et de l’exclusion
Ces syndicats négocient en votre nom, pour votre bien. D’ailleurs, cela se voit dans les chiffres : grâce aux fameux standards sociaux qu’ils ont arrachés, nous réussissons l’exploit de maintenir près de 4 millions de Français hors du marché du travail, alors que la moitié des pays européens est en situation de plein emploi et peine à recruter.
La France fait partie de la tête de peloton des pays de l’OCDE au marché du travail le plus réglementé comme le rappelle une récente étude de l’IREF. Ce rapport montre que les entraves corporatistes comme le salaire minimum (dont les syndicats continuent à exiger des augmentations) ou les restrictions au licenciement empêchent plus de 25 % des jeunes peu qualifiés (moins d’un Bac + 2) de décrocher un premier emploi.
Pourquoi ne pas faire la grève des syndicats ?
Ne pourrions-nous pas faire la grève des syndicats ? Leur dire qu’on ne veut pas qu’ils nous représentent. Qu’avec 8 % de salariés syndiqués, ils n’ont aucune légitimité. Que leurs conventions collectives ne doivent concerner que leurs adhérents. Que l’on ne veut plus financer leurs grèves à répétition.
Vous connaissez la réponse. C’est non. Depuis les accords Matignon du Front populaire en 1936, le ministère du Travail détient le privilège légal d’imposer les conventions collectives dites « étendues » à tous les salariés d’une branche, syndiqués ou non.
Pourtant, les syndicats devraient d’abord être des [associations de travailleurs volontaires. Comme dans de nombreux pays, ils devraient prouver leur utilité pour mériter notre adhésion. Certains pays d’Europe du Nord comme la Norvège, l’Allemagne ou le Danemark démontrent qu’il est possible d’associer le dialogue social à un taux de chômage inférieur à 5 %. Là-bas, les syndicats fournissent des services utiles, choisis par et pour les travailleurs et leurs familles, comme des assurances chômage ou des mutuelles.
Avec 9 % de chômage, il est temps que la situation change en France. Il est temps que la liberté syndicale (et celle de ne pas se syndiquer) soit restaurée. Il ne s’agit pas de nuire aux syndicats, mais de les inciter à œuvrer au service de l’économie française plutôt qu’à la saboter. Une telle réforme serait un premier pas décisif vers le retour de la compétitivité et l’éradication du chômage de masse. Laissez-nous faire la grève des syndicats corporatistes actuels et rebâtir des associations syndicales volontaires et libres.