Un rapport sénatorial transpartisan dénonce « l’imprudence » du gouvernement sur le dérapage budgétaire des derniers mois. « Aucune crise comparable ne justifie le déficit public de l’année 2023 », s’est alarmé le rapporteur général du Budget Jean-François Husson (LR), pointant « une confusion entre la solidité, la rigueur des chiffres et le pari politique » de l’exécutif. Le déficit public a en effet atteint 5,5% du PIB en 2023, soit 15,8 milliards d’euros de plus que ce qu’avait prévu le gouvernement (4,9%). Ce qui l’a conduit à annuler 10 milliards d’euros de crédits pour 2024. Le socialiste Claude Raynal a lui épinglé « l’opacité de la communication budgétaire ». Les deux sénateurs en charge de cette mission s’indignent tout particulièrement de la pratique gouvernementale du report de crédits budgétaires d’une année sur l’autre, chiffré pour 2024 à 16,1 milliards d’euros. Une pratique « non conforme à la rigueur budgétaire et à la transparence », qui permet de « réduire le déficit d’une année tout en augmentant gentiment celui de l’année suivante », a raillé M. Husson.
Le rapport sénatorial, adopté à l’unanimité avec des abstentions macronistes, propose ainsi que soient « mises à disposition » des commissions des finances du Parlement les notes techniques des administrations, et que ces commissions soient « saisies » en cas « d’alerte sur une possible sortie des estimations hors des intervalles de confiance ». Cette mission d’information « flash », lancée fin mars par la Haute assemblée, faisait suite à un contrôle sur pièces et sur place mené par la commission des finances du Sénat à Bercy pour éclaircir les conditions de la dégradation du déficit public.