Les résultats du second tour des élections législatives sont maintenant connus. Non seulement aucun parti ou regroupement de partis ne dispose de la majorité absolue, mais encore aucun ne dispose a priori d’une majorité relative viable. Quatre grandes questions se posent au sujet du devenir politique de notre pays pour les trois années à venir.
Jean-Luc Mélenchon sera-t-il notre prochain Premier ministre ?
L’allocution de Jean-Luc Mélenchon quelques minutes après l’officialisation des résultats du second tour aura été ahurissante, au fond comme en la forme. La mâchoire serrée, le meneur de La France insoumise s’est positionné, pour ne pas dire imposé, comme le futur Premier ministre. Nous conseillons à nos lecteurs de la revoir en différé, mais sans le son : l’air agressif malgré le prétendu triomphe de LFI, belliqueux, en un mot mauvais et inquiétant. Ce qui est sûr, c’est que ce n’est pas par son côté avenant qu’il connaît une certaine popularité…
Surtout, Jean-Luc Mélenchon ne manque pas de témérité à oser revendiquer le poste de Premier ministre alors que LFI n’a même pas obtenu un cinquième des sièges à l’Assemblée ! Il ne manque pas plus de témérité à oser prétendre que le programme du Nouveau Front populaire serait appliqué en intégralité, alors que le NFP n’est la première coalition en tête que de peu et qu’il n’a aucune, absolument aucune chance de trouver une majorité absolue pour voter la plupart de ses textes à l’Assemblée ! Comme d’habitude, le fondateur de LFI aux dents longues tente un coup de force, mais qui une nouvelle fois  sera voué à l’échec. Il a d’ailleurs été immédiatement recadré par François Hollande qui, l’air grave (on ne rappellera pas la méchante formule de Montesquieu : la gravité est le bouclier des sots…), s’est permis de donner une petite leçon de droit constitutionnel à l’extrémiste de gauche.
Emmanuel Macron a-t-il le choix ?
Alors que le président de la République s’est démené depuis les élections européennes et qu’il s’est invité à répétition dans les médias, il s’est fait très discret après l’annonce des résultats du second tour des élections législatives… Le Château a simplement fait savoir que le chef de l’État attendrait la « structuration » de la nouvelle chambre « pour prendre les décisions nécessaires » et que, « garant » des institutions, il respecterait le « choix souverain des Français ».
Un flou artistique propre à Emmanuel Macron, si ce n’est qu’il a explicitement rappelé, comme lors de l’annonce de la dissolution, ses prérogatives constitutionnelles, d’une part pour marquer son territoire, d’autre part pour se distinguer du trublion Mélenchon. Car, quoi qu’en dise ce dernier, le chef de l’État est libre de choisir le Premier ministre. Et comme les trois coalitions, les extrêmes et le camp présidentiel, se tiennent en 40 sièges, cela laisse une grande latitude au président, d’autant plus que les dissensions sont déjà criantes parmi les dirigeants du NFP sur le nom du Premier ministre pressenti.
Donc, Emmanuel Macron, expert en subtilité politique, a toutes les cartes en main pour finasser.
Emmanuel Macron doit-il se soumettre ou se démettre ?
Jean-Luc Mélenchon a fait peser sur le chef de l’État l’alternative suivante en se référant sans le dire à la crise de 1877 : le nommer comme Premier ministre ou démissionner. Mais Emmanuel Macron n’est pas seulement un président de la IVe République, encore moins de la IIIe ; il ne détient pas seulement le pouvoir, non pas formel mais effectif, de désignation du Premier ministre : il est doté par la Constitution de pouvoirs de crise et de larges attributions à l’international. Marine Le Pen a d’ailleurs commis une maladresse en déclarant qu’un chef de l’État en période de cohabitation n’aurait plus aucun rôle dans le domaine militaire.
Garant de nos institutions, on l’a dit, le président de la République s’affiche comme un pôle de stabilité d’autant plus fort en période d’instabilité et en présence d’une assemblée ingouvernable. Il demeure également le « gardien du temps » au sens où c’est lui qui pourra décider à tout moment d’une nouvelle dissolution de l’Assemblée nationale, un an après la précédente . Et l’on sait combien les députés détestent retourner devant les électeurs, ne serait-ce que pour des raisons financières…
Le Rassemblement national a-t-il déjà perdu la prochaine élection présidentielle ?
Les commentateurs se sont délectés de l’absence de majorité absolue du RN, plus encore de son absence de majorité relative. Il n’en demeure pas moins que l’extrême droite vient d’obtenir des résultats que l’on peut qualifier d’historiques. Sa croissance est très nette et le RN n’est en définitive pas si éloigné que cela du NFP et du camp présidentiel. Le parti d’extrême droite va retourner dans sa position préférée, celle de l’opposition.
Deux grands scénarios sont concevables pour la prochaine élection présidentielle. Soit une défaite inéluctable compte tenu du « plafond de verre » auquel le RN semble se heurter, à savoir la faiblesse de ses réserves au second tour. Soit une possible victoire en raison de l’incompétence des gouvernants, quels qu’ils soient, sur les questions régaliennes de sécurité et d’immigration comme sur les questions économiques et sociales. En effet, les résultats de dimanche interdiront toute libéralisation du pays jusqu’aux prochaines élections nationales et toute lutte contre l’immigration illégale. Mais, pour que le RN ramasse le pouvoir, encore faudrait-il qu’il se présente lui-même comme un parti sérieux dans le domaine économique, point particulièrement faible de Marine Le Pen.
5 commentaires
Le programme du RN en dehors de l’immigration et de la sécurité publique était particulièrement débile au plan économique. MLP aurait mieux fait de s’inspirer de R!, nettement plus réaliste, au lieu d’essayer de le détruire.
Bonne analyse, sauf qu’il faudrait quand-même cesser d’adhérer à la propagande selon laquelle le RN (& Reconquête…) seraient à « l’extrême droite », alors qu’ils en sont les plus éloignés sur tout le spectre politique français. En effet, l’extrême droite se caractérise par :
1) la soumission de l’économie à ceux qui dirigent l’État, l’économie devant être au service de « celui-ci »
2) un pseudo nationalisme agressif sur le plan extérieur,
caractéristiques auxquelles on peut ajouter le rejet de la démocratie parlementaire et du pluralisme.
La totalité du spectre politique français est bien plus proche de ces caractéristiques que le RN ou Reconquête.
Sur le plan économique, avec des dépenses publiques qui se situent autour de 70% de ce que produit le secteur privé hors fournisseurs des administrations publiques (rappelons que cette partie du secteur privé est la seule à payer des impôts), avec un contrôle de plus en plus intrusif de ce secteur par les politiciens et les administrations, et la promesse d’aller encore plus loin sous différents prétextes comme les prétendues « luttes » contre « la discrimination », « l’élévation globale des températures », pour « la justice sociale » et autres lubies, la démonstration n’est plus à faire.
Concernant le pseudo nationalisme agressif où trouve-t-on les va-t-en guerre avec le sang et l’argent des autres si non de « Ensembles ! » au PS en passant par les « Verts » ? Qui veut une Europe fédérale destructrice des peuples et des nations, rêve de tous les conquérants européens depuis Charlemagne ?
Sur le plan du rejet de la démocratie parlementaire et du pluralisme qui en est l’indispensable corolaire, qui l’a méprisé pendant les 3 dernières années, qui a accepté des alliances contre nature pour faire « barrage » au seul parti qui n’est pas ‘d’extreme droite », qui cherche à censurer toute idée dissidente, si non l’ensemble des formations politiques frauduleusement classées du « centre » à « l’extrême gauche » ?
Macron n’est plus légitime, chacun le sait, sauf lui bien sûr : les français utilisent les élections qu’il veut bien leur concéder pour le signifier, mais malgré les résultats qui sont autant de contestations de sa personne, il se campe dans son déni égotique. L’exaspération risque de mener notre pays à un chaos dont il devra assumer seul la responsabilité. Cet homme qui divise le pays, qui le ruine, qui ne le mène nulle part, bref qui le détruit, déshonore sa fonction en s’obstinant contre le peuple.
Il ne va rien se passer, le train – train quotidien avec un premier ministre éphémère, des lois sans stratégie et donc sans cohérence et un déficit budgétaire en croissance juque quand? , mais comme avant. Pourtant notre président avait imaginé un autre scénario. Il a eu tort de confondre ses rêves avec la réalité et la stratégie avec la tactique politicienne.
Notre prochain premier ministre sera un ancien premier ministre classé à droite avec des propos de gauche qui rassurera les français
Les parlementaires ne pourront pas lui refuser la confiance
Voyez vous à qui je pense ?
Attendons encore quelques jours et nous verrons bien. Il ne faut pas pour l’heure donner son nom afin qu’il bénéficie de l’effet de surprise. Il pourrait ensuite être candidat à la présidence de la République, il en rêve probablement depuis longtemps