Après la directive CSRD dont l’IREF a déjà  dénoncé les effets pervers, l’UE a adopté une directive complémentaire, la « CS3D », dont les conséquences pourraient être bien plus dévastatrices.
Vous avez aimé la CSRD, « Corporate Sustainability Report Directive », obligeant les entreprises à accompagner leur reporting financier de rapports de « durabilité » de leur action, d’une complexité ingérable ?
Vous allez adorer sa petite soeur, la CS3D, « Corporate Sustainability Due Diligence Directive », adoptée par l’UE en juillet 2024, qui rend de facto les entreprises, au-delà d’une certaine taille, responsables de toute atteinte à l’environnement ou aux droits de l’homme commise non seulement par elles mêmes mais aussi par tout maillon de leur supply chain (chaîne d’approvisionnement), voire par leurs clients, avec des amendes pouvant atteindre… 5% de leur chiffre d’affaires mondial. Les États membres ont jusqu’à juillet 2026 pour la transcrire dans leur droit. En 2029, toutes les entreprises européennes ayant plus de 1000 salariés ou faisant plus de 450M€ de CA mondial, ainsi que les entreprises extra européennes de plus de 450 M€ de CA dans l’union, devront se conformer à la directive CS3D.
Là où la CSRD se limite à une obligation de reporting, la CS3D oblige les entreprises à agir en cas de manquements sociaux et environnementaux dans toute la chaîne de vie de leur produit, et pour limiter le changement climatique à 1,5°C en 2050.
Une cascade d’obligations intenables
Si l’on peut admettre que le recours au travail forcé doit être proscrit, les autres dispositions de la directive sont clairement abusives. Comment une entreprise peut-elle être comptable du respect ou non des droits sociaux d’un sous-traitant en Chine ou en Inde ? Et sur quelle base normative ces droits sociaux doivent-ils être jugés : européenne, locale ? Comment une entreprise moyenne qui assemble des pièces en provenance de centaines de sous-traitants peut-elle s’assurer que chacun d’entre eux a pris des mesures pour que tout écrou ou rivet soit fabriqué selon des critères visant à réduire les émissions de CO2 ?
Et même si la directive prétend s’arrêter aux entreprises d’une certaine taille, comment la Commission européenne peut-elle imaginer qu’une telle usine à gaz n’aura pas un impact bureaucratique paralysant sur les petits sous-traitants des entreprises soumises à la CS3D ?
Ajoutons que les entreprises européennes devront assumer le coût gigantesque de la mise en conformité avec le duo CSRD-CS3D, alors que certains concurrents prendront grand soin d’éviter toute interaction avec l’UE et ces coûts associés. La Commission croit-elle sérieusement que la compétitivité du vieux continent, déjà écornée par la hausse brutale des prix de son électricité, sera améliorée par cette directive ?
Conséquences géopolitiques de la CS3D
Les conséquences de la CS3D ne seront pas seulement économiques. Le ministre de l’Energie du Qatar et président de Qatar Petroleum, Saad al Kaabi, a publié une critique polie mais acerbe de la CS3D, assortie d’une menace à peine voilée aux Européens. Résumé de son argument :
« Selon cette directive, l’UE nous rendrait responsable des manquements sociaux et des émissions de CO2 de nos moindres fournisseurs, ce qui nous obligerait à employer des centaines de personnes rien que pour vérifier tout cela, mais elle pourrait également nous tenir pour responsable des émissions des gens à qui nous vendons du pétrole, du gaz, du kérosène, etc. et nous pourrions être pénalisés jusqu’à hauteur de 5% de notre CA mondial ! Mais l’Europe croit-elle que, dans ces conditions, nous continuerons à prendre le risque de leur vendre du pétrole ou du gaz ?
 Et croit-elle que nos fonds souverains, ou les grands fonds d’investissement internationaux, ne demanderont pas aux entreprises dans lesquelles ils investissent de réduire au maximum leur exposition au risque européen, ce qui pénalisera d’autant l’investissement en UE ? »
Bien sûr, la menace de voir les robinets du gaz et du pétrole moyen oriental coupés doit être relativisée, les Qataris ont besoin de clients. Mais l’UE aurait tort de négliger un tel risque, énoncé par un des acteurs majeurs du secteur mondial de l’énergie. Après tout, elle ne représente que 6% de la population et 9% de la consommation mondiale d’hydrocarbures ; les pays exportateurs peuvent donc privilégier d’autres marchés.
Vers l’exclusion des plus faibles du commerce avec l’Europe ?
Enfin, si des producteurs de marchandise à faible valeur ajoutée situés dans des pays pauvres se voient fermer les accès à l’UE parce qu’ils n’ont pas les moyens de se conformer à notre intégrisme social et environnemental, croyez-vous que notre relation avec les pays concernés en sortira grandie ? Que lesdites nations ne seront pas tentées de renforcer leurs espaces de coopération avec le reste du monde, à commencer par les superpuissances asiatiques, à notre détriment ? Du reste, les critiques des dirigeants africains contre ce qu’ils qualifient de néo-colonialisme environnemental de l’occident sont nombreuses.
Or, les emplois liés au commerce international, dans les pays pauvres, pour mal payés et socialement peu protecteurs qu’ils paraissent vus de chez nous, sont souvent les mieux payés localement, et toutes les tentatives passées de forcer des producteurs occidentaux à boycotter certains fournisseurs ont abouti à détériorer les conditions de travail des plus faibles dans ces régions. La directive CS3D est donc de nature à contrarier la dynamique de progrès social dans certains pays émergents.
Cette directive est une tentative de nature impérialiste de l’Europe d’imposer au monde entier son modèle intellectuel, social et environnemental, sans se préoccuper des effets secondaires tant pour elle-même que pour les autres. Au-delà des dégâts économiques qu’il provoque, nous devrions nous interroger sur les conséquences géopolitiques de notre intégrisme social et environnemental.
20 commentaires
Ils sont devenus fous. C’est effrayant.
si l’idée est de détruire l’économie des pays d’europe (surtout la france) on peut compter sur le s écolos et le mercosur
L’Union Européenne cherche à se faire détester par les européens et par le reste du monde économique. Quand cessera-t-on cette folie, résultat d’une idéologie aussi stupide que dévastatrice?
A priori, nous avons encore trop d’entreprises… mais après ça, il ne va plus en rester beaucoup… !!!!!
“Mais l’Europe croit-elle que, dans ces conditions, nous continuerons à prendre le risque de leur vendre du pétrole ou du gaz ?”
Monsieur Saad al Kaabi n’a pas compris le but de la manÅ“uvre, puisque la réponse est dans la question! En effet le but recherché par l’UE est de supprimer la consommation de “fossiles” afin d’enrayer la production du méchant CO2. Nos génies de la “grosse commission” risquent de s’apercevoir un peu tard que le pétrole ou le gaz ne servent pas seulement à circuler ou transporter, mais aussi à faire du ciment, de l’acier, du plastique et tout un tas de choses dont l’humain du 21°siècle aura bien du mal à se passer.
C’est comme pour arrêter le fumer, la meilleure tactique c’est de ne pas acheter de tabac!
Merci pour votre article. Non la commission européenne n’a aucun dessein, donc en rien imperialiste. Elle n’est plus qu’une vaste machine à se défausser, peu importe la contradiction, car inchiffrable. J’ai travaillé 11 ans dans la réglementation bancaire au niveau logiciel, après 22 ans en tant gestionnaire d’actifs bancaires. La réglementation avec une valeur ajoutée économique, sécurisante et durable ne représente que 20%, les 80% restants provoquant un ralentissement de l’innovation, du bien-être au travail, donc de la société au sens plus global.
C’est du Pascal Canfin dans le texte, cette directive, tout comme le reste des imbécillités écologiques du “Green Deal” dont j’espère que la majorité conservatrice au Parlement européen va nous débarrasser définitivement.
Je me demande vraiment pourquoi les eurodéputés de bon sens sont si timorés à ces sujets. Sont-ils tous contaminés par le cancer écologiste qui mine notre société ? Ou sont-ils tout simplement “au-dessus” des réalités économiques ?
On peut faire confiance aux petits hommes gris de l’UE pour pondre des directives plus débiles les unes que les autres.
Pendant ce temps là la Chine et les US s’en donnent à cÅ“ur joie !
La commission européenne est vraiment le problème de l’Union Europénne, car elle ne cesse de pondre des directives visant à détruire l’économie de la zone! Nos clowns d’élus européens ont réélu Von Leyen le dictateur!
Je crois qu’ils sont devenus fous. Dans tous les cas ils font tout pour que les gens aient envie de quitter l’union européenne.
Traités les humains comme du bétail
Voilà vraiment le prix des humains
Les technocrates de l’Europe se réjouissent des difficultés rencontrées par les pays membres. Cela leur permet d’accentuer leur pouvoir.
Leur pouvoir de destruction.
Ce sont des idéologues, ils se moquent des conséquences économiques comme d’une guigne, c’est les même qui sont en train de détruire joyeusement l’industrie automobile européenne.
Je me prends à penser que nous avons une poignée de malades mentaux à la tête de l’UE. Ces gens qui ne produisent rien d’autre que des règlements, des directives et autres obligations feraient bien de redescendre sur terre. Les peuples Européens en ont assez de tous ces plumitifs qui coûtent for cher et passent leur temps à compliquer la vie des citoyens. ASSEZ !!!
Il faut couper la tête de l’ hydre !
Mais il n’y a personne pour le faire.
Comme pour le reste les gens biens placés et courageux manquent à l’appel.
Personne !
Voilà la résultante d’une L’Europe sans PROJET.Ils ne savent plus quoi inventer pour se rendre indispensables, on défend la veuve ,l’orphelin,l’exilé,le proscrit,le climat,la planète,l’univers;masquant ainsi la situation critique de l’Europe marchande.
Le gouvernement français a le devoir de se manifester sur les travaux émis par la communauté européenne.
Il se doit également de réunir ceux des pays européens qui dénoncent ces pratiques aberrantes et préjudiciables à notre économie et aux conséquences sociales de ces débordements. Faute à MR Bayrou de s’en occuper ce sont les français qui se manifesteront contre l’Europe. Les dégâts sont déjà présents avec la crise de l’automobile. La communauté européenne n’est pas un lieu de pouvoir mais d’harmonisations.
Cest la meilleure façon de conduire les sociétés a exclure l’UE de leurs volonté de créer des sociétés en UE et en France en particulier
L’Union Européenne construit et vote sa mort prochaine..L’EUROPE SE MEURT…. VIVE L’EUROPE… IL Y A DU SOLEIL AILLEURS
Les Rats de bibliothèque, fonctionnaires de l’UE qui n’ont jamais travaillé et ne connaissent rien des entreprises petites ou grandes, sont poussés dans la démesure normative, « écologique » et punitive par des lobbys et des gourous, chantres de la décroissance … pour les autres, mais pas pour eux; il suffit de voir leurs bilans/comptes de résultats