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L’audiovisuel public n’a plus de raison d’être

Jean-Philippe Delsol dans l'Opinion

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La question est de savoir s’il est encore justifié d’entretenir un audiovisuel public et des instances chargées de l’attribution des fréquences

Alors que le RN avait annoncé son intention de supprimer l’audiovisuel public, le petit monde qui l’anime s’en était ému. Le danger est passé, mais l’inquiétude demeure. Certains voudraient renforcer le service public en lui conférant plus d’indépendance, plus de liberté d’exploitation et de sécurité financière, comme la BBC. La question est plutôt de savoir s’il est encore justifié d’entretenir un audiovisuel public et des instances chargées de l’attribution des fréquences.

Fin juillet, l’Arcom a pris la décision de ne pas renouveler les fréquences TNT de C8 et NRJ12. Même si la vulgarité, les plaisanteries douteuses et les provocations de certaines émissions de C8 ne lui font pas honneur, la question se pose de savoir s’il ne s’agit pas d’une décision plus politique à l’encontre du groupe Bolloré et de sa ligne éditoriale de droite catholique, voire un pied de nez au RN. Mais alors, il faut s’interroger sur l’orientation très marquée à gauche des équipes de France Culture, France Inter, France Info, France 2…

Diffusion. Désormais, les chaînes de télévision sont des acteurs parmi d’autres de la diffusion d’images à la portée de tous sur les smartphones et autres tablettes aussi bien que depuis le petit écran multifonctionnel. Certes, on pourrait admettre qu’un gouvernement se réserve un canal spécifique, une chaîne, une radio pour pouvoir s’exprimer librement en cas de besoin. Mais pourquoi en avoir dix, vingt ? Les Etats-Unis n’en ont pas, sinon très marginalement, et n’en ont pas besoin pour être la plus grande puissance mondiale. L’Etat français n’a pas de journaux et s’en passe très bien.

Le but de l’Etat n’est pas d’informer, de cultiver et d’amuser les citoyens, surtout quand le privé le fait (principe de subsidiarité). Il n’est pas non plus de s’assurer une audience. Hélas, la télévision publique est souvent aussi indigente que les autres, voire plus. Les contribuables n’ont pas de raison d’être obligés de financer un service onéreux que d’autres peuvent procurer mieux ou aussi bien et moins cher : l’audiovisuel public coûte plus de 4 milliards d’euros en 2024 et fait de la concurrence déloyale aux autres médias qui n’ont pas les mêmes financements.

Le gouvernement a institué une Autorité de régulation, l’Arcom, pour garantir la liberté de communication et veiller au financement de la création audiovisuelle et à la protection des droits. Et désormais le Conseil d’Etat, par sa décision du 13 février 2024, estime que, sous le contrôle de l’Arcom, la loi du 30 septembre 1986 relative à la liberté de communication impose aux chaînes de télévision d’assurer l’honnêteté, le pluralisme et l’indépendance de l’information. L’Arcom doit donc s’assurer de l’indépendance de l’information au sein de chaque chaîne et prendre en compte la diversité des courants de pensée et d’opinions représentés par l’ensemble des participants aux programmes diffusés.

Pluralisme. Outre que ces objectifs d’indépendance et de contrôle du pluralisme semblent inconciliables, il est inquiétant, même si l’Arcom en fait en l’état une application mesurée, de considérer que celle-ci pourrait ainsi devenir une sorte de gardien de la pensée, une mission où germe toujours le totalitarisme.

L’Etat, comptable de l’argent des contribuables, ferait bien de veiller d’abord à l’objectivité de ses chaînes. Mais le mieux serait sans doute qu’il privatise l’audiovisuel public qui n’a aucune raison de le rester et d’autant moins qu’il ne respecte d’aucune manière le pluralisme.

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