La dépendance la plus grave pour la société française n’est pas liée au grand âge, c’est une dépendance sociale, écrit l’avocat Jean-Philippe Delsol. Les aides distribuées par l’Etat entravent la capacité des citoyens d’agir par eux-mêmes.
Le plus grave fléau de la dépendance n’est pas celui qu’on croit généralement. Certes, la dépendance qui nous guette tous est celle du grand âge, physique ou mentale. L’allongement de la vie et de la retraite augmente sensiblement les situations d’incapacité dont la prise en charge peut être onéreuse. L’Etat a promis de s’en occuper, mais il est dépassé par le coût que cela représenterait . Le meilleur moyen d’y faire face est sans doute de faire évoluer progressivement notre système de retraite, au-delà d’un régime solidaire de base, vers la capitalisation qui offre un rendement très supérieur à la répartition ainsi qu’en témoignent, malgré la crise, les Pays-Bas.
Mais la dépendance qui délite en profondeur notre société est due au poison lent et inexorable de l’assistance généralisée. Déjà beaucoup de Français ne sauraient plus vivre sans leurs aides sociales directes qui représentaient, en 2020, 10 % des dépenses sociales, elles-mêmes les plus élevées de l’OCDE en pourcentage du PIB (33 %).
Le président de la République et le gouvernement distribuent sans compter, avant même que le Parlement en ait été saisi. Il a été promis 600 millions d’euros par an pour indemniser les agriculteurs des catastrophes climatiques. Après une nouvelle enveloppe de 2 milliards d’euros annoncée pour aider à la rénovation énergétique, puis le gel des prix du gaz (1,2 milliards d’euros sinon plus), un chèque énergie de 100 euros par foyer (600 millions d’euros) s’est ajouté à la manne publique, augmentée bientôt d’une aide exceptionnelle « coût de la vie » de 100 euros accordée à 38 millions de personnes. Il y a encore l’élargissement de la « garantie jeunes » de 497 euros mensuelle, une prime de 400 euros aux personnels des Crous, l’amélioration du « congé proche aidant »…
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La dépendance ne soigne pas la dépendance
J’ai lu avec satisfaction votre article dans Les Echos. Il appelle de ma part les observations complémentaires suivantes :
1/ Il est du devoir de l’Etat de venir à l’aide des plus faibles. Mais il lui appartient aussi de bien déterminer qui a besoin de cette aide, et de contrôler efficacement son application (cf. les règles comptables appliquées avec rigueur aux entreprises). Le Parlement devrait y tenir une place plus importante.
2/ Nous assistons à la multiplication des aides défiscalisées et, pour celles qui pourraient l’être, sans cotisations sociales, sur la base de seuils de revenus.
Ceci induit une inégalité entre les citoyens puisque celui qui se situe juste sous le seuil a in fine un revenu supérieur à celui qui est juste au dessus du seuil (cf. indemnité inflation).
La question se pose également de la constitutionalité puisque les citoyens doivent contribuer à la mesure « en raison de leurs facultés ». A quand une QPC sur ce sujet ?
A l’heure où l’informatique permet de transmettre les salaires et revenus de placements au fisc, pourquoi tous les autres revenus, directs et indirects, ne sont-ils pas transmis ? Le barème de l’IR ferait le tri entre les revenus cumulés non imposables et ceux qui le seraient.
L’argument de la modicité de certaines aides, vue sous l’angle du rendement fiscal, est fallacieux : ma banque a déclaré 5 € d’intérêts sur un compte épargne, qui ont été dûment imposés.