C’est la dernière ligne droite pour les candidats à la présidence du parti Les Républicains (LR). Peut-on déjà tirer des enseignements de leur campagne ? Peut-on affirmer qu’il y en a un qui se détache par des propositions plus audacieuses, plus libérales ? Difficile de répondre tant il y a à prendre et à laisser chez chacun. Aurélien Pradié, avec sa notion de “droite populaire”, est sûrement celui dont les idées sont les plus éloignées d’une vraie droite réformatrice. Il fait confiance à l’État centralisé, critique la mondialisation, se dit favorable à la relance budgétaire et n’hésite pas à suivre la gauche dans la protection des services publics et des travailleurs. Dans un entretien accordé au journal Libération, en mars 2020, il a évoqué, en analysant le malheur économique français, la culpabilité du libéralisme : « On n’évitera pas d’interroger le libéralisme, c’est une évidence. Je le fais depuis un moment, quitte à passer pour un communiste. » Pas vraiment de droite comme position.
« Le moment est venu d’oser la droite ! », s’est exclamé Éric Ciotti lors du récent débat entre les candidats. C’est vrai, la plupart de ses prises de position et plusieurs de ses propositions sont osées. Il y a environ un an, l’un de ses tweets avait impressionné les libéraux. Répondant aux provocations de Rama Yade, qui avait affirmé « ressentir une micro-agression » à chaque fois qu’elle passait devant la statue de Colbert, située à l’entrée de l’Assemblée nationale, il avait clairement affirmé : « Je suis plutôt Turgot que Colbert. Je suis pour la liberté, pas pour l’État qui paralyse. » Nous sommes sur la même longueur d’onde. Turgot, libéral avant Adam Smith, défenseur de l’individu, de la liberté d’entreprendre et du commerce sans entraves, devrait être un exemple pour tous nos politiques de droite. Éric Ciotti a aussi osé proposer, reprenant les travaux de l’Iref, une flat tax sur le revenu à 15 % avec suppression des niches fiscales, la suppression de l’impôt sur les successions et la baisse des impôts de production. Il prône un contre-choc fiscal d’ampleur, une baisse de la fiscalité et des charges d’au moins 125 milliards d’euros sur un quinquennat pour ramener les prélèvements obligatoires à moins de 40 % de PIB (47,5 % du PIB en 2020).
Batailler contre la gauche dure
Dans un long entretien qu’il a accordé au Journal du dimanche, fin octobre, Bruno Retailleau, le président du groupe LR au Sénat et lui aussi candidat à la présidence du parti, a soutenu vouloir mener bataille contre la « gauche dure » et « tout changer à droite ». Il considère que la marque Les Républicains est morte et veut construire un « parti populaire et patriote capable de rassembler tous les électeurs de droite ». C’est une excellente initiative. À condition que ce parti populaire et patriote soit tourné vers les idées libérales. Les signes sont plutôt encourageants. Pour Retailleau, « pendant trop longtemps, la droite a eu, et a encore aujourd’hui, la liberté honteuse. On confond la liberté avec l’ultra-libéralisme. Droite et gauche ont en commun une tendance très étatiste qui vient de l’absolutisme royal, du centralisme napoléonien et du jacobinisme républicain. Cet étatisme, qui est une tendance à confier à l’État l’essentiel de la vie publique, est une erreur ».
Bruno Retailleau fait partie de ceux — très rares — qui ont reconnu l’échec de l’État lors de la pandémie. Il n’a pas demandé « plus de moyens pour l’hôpital ». Au contraire. Il a critiqué le manque d’efficacité au sein du système de santé, où la bureaucratie serait considérable : « Vous avez 34 % de postes administratifs contre 25 % en Allemagne » dans les établissements, a-t-il fait remarquer. Ce sont des chiffres que l’Iref avait rendus publics dès le début de la pandémie, en 2020. Il souhaite aussi remédicaliser les services et mieux responsabiliser les soignants dans leurs missions. Ces positions plutôt libérales se retrouvent dans d’autres domaines, comme celui de l’école. On ne peut que se réjouir d’entendre Bruno Retailleau proposer « un vrai changement de système éducatif, avec des établissements publics autonomes qui auront la liberté de recruter leurs professeurs ou de choisir les méthodes les plus efficaces pour transmettre les savoirs ». Il a aussi évoqué un système de « crédit formation » qui ressemble à celui du chèque-éducation et défend la liberté d’opter pour l’école à la maison.