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Ce n’est pas la faute de l’Europe mais la nôtre

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A l’occasion de la journée de l’Europe on a pu entendre de nombreux politiques critiquer l’Europe pour la plupart des maux qui accablent la France. Certains (situés à droite ou à gauche de l’échiquier politique) n’hésitent même pas à demander un « Frexit » selon le modèle du Brexit qui a vu la sortie du Royaume-Uni de l’Europe.

Même Emmanuel Macron a affirmé lors d’une interview accordée à une chaîne britannique qu’un référendum en France donnerait probablement le même résultat qu’au Royaume-Uni. Plus subtilement, mais tout aussi directement, le président français a critiqué la position allemande concernant les vertus du contrôle des dépenses budgétaires. A Aix-la-Chapelle, il a demandé « un budget européen beaucoup plus ambitieux (…) et une zone euro plus intégrée, avec un budget propre » feignant d’oublier qu’à la fin, ce sont les…Allemands qui règlent l’addition. « En Allemagne, il ne peut y avoir un fétichisme perpétuel pour les excédents budgétaires et commerciaux, car ils sont faits aux dépens des autres », a-t-il lancé lors de la cérémonie à laquelle assistait Angela Merkel.

Contrairement au Brexit, le « Frexit » aggraverait l’étatisation du pays

Le président français a tort. Ni l’Allemagne, ni l’Europe ne sont responsables des malheurs de la France. Et certains politiques qui invoquent le Brexit à longueur de journée oublient que le vote des Britanniques n’était pas contre l’Europe libérale mais contre l’Europe bureaucratique. D’ailleurs, les régions britanniques ayant reçu le plus d’aides européennes ont été aussi celles qui ont voté le plus majoritairement pour la sortie de l’Europe. Et celui qui a mené la campagne du Brexit – Nigel Farage – a des convictions économiques tout aussi éloignées de Mme Le Pen que de Jean-Luc Mélenchon. Pendant la campagne, il a demandé plus de libre-échange (mais sans l’Europe), des baisses d’impôts et même la suppression de l’impôt sur les successions. Connaissant les défenseurs politiques du Frexit, on peut craindre que celui-ci n’enfonce la France encore plus dans l’étatisme.

L’Europe c’est aussi plus de concurrence et plus de richesses

Car il faut reconnaître au moins un mérite à Bruxelles : plusieurs réformes libérales et en particulier l’ouverture à la concurrence des transports, des services… D’ailleurs, si le gouvernement veut imposer une réforme à la SNCF c’est parce que l’Europe l’y oblige à travers l’ouverture à la concurrence du rail. Désigner l’Europe comme bouc émissaire c’est un artifice électoral qui s’appuie sur des arguments complètement erronés. Depuis 1950 et les débuts de l’Europe, grâce à la France entre autres, le PIB de notre pays est passé de 13.2 Mds d’euros à 2 300 Mds d’euros en 2017 et celui par habitant de 4 000 euros à 39 000 euros constants. Contrairement à ce qu’affirment certains, on n’a jamais été aussi riches qu’aujourd’hui et, en très grande partie, grâce à l’Europe. Ce n’est pas de sa faute si nos gouvernements successifs n’ont pas réformé l’Etat et l’économie comme l’ont fait les autres pays. Si l’Allemagne a des excédents budgétaires et commerciaux ou si le taux de chômage des jeunes est trois fois moins élevé qu’en France c’est parce que nos voisins ont réformé l’Etat et le marché du travail. Si le Royaume-Uni se porte économiquement encore très bien avec le plein emploi c’est parce qu’elle a eu au pouvoir Margaret Thatcher d’abord, ensuite Tony Blair et David Cameron. Ce dernier a supprimé 600 000 postes de fonctionnaires en quatre ans. Si la France bat le record des prélèvements obligatoires parmi les membres de l’OCDE, ce n’est pas la faute de l’Europe, ni de l’Allemagne. Si le coût du travail est l’un des plus plus élevés (32.8 % de charges sur les salaires contre 24 % en moyenne dans la zone euro) et si les propriétaires français sont les plus taxés d’Europe (69.7 Mds d’euros prélevés par an contre 13.3 Mds d’euros en Allemagne), c’est dû uniquement à l’incompétence et à l’incurie de nos décideurs politiques.

Comme l’anti-américanisme ou l’antilibéralisme – deux sports nationaux en France – les discours anti-Europe ne font que masquer notre incapacité à voir en face nos problèmes. Cela ne veut pas dire que l’Europe n’a pas besoin de changements. Il serait bien qu’elle retrouve ses missions originelles, la défense du libre-échange et de la libre circulation tout en se débureaucratisant. Mais si l’on veut changer l’Europe, il faudra d’abord changer la France.

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6 commentaires

Cicéron14 15 mai 2018 - 8:40

Fraxit
On ne peut pas critiquer l'idée d'un Fraxit (sic) en se fondant sur l'idéologie étatiste ou post-communiste de certains de ceux qui, en France, le demande. Et ça n'arrêtera pas la logique inéluctable de l'éclatement des institutions européennes actuelles, à court ou moyen terme. Il serait plus judicieux de concevoir la suite, d'imaginer une autre Europe débarrassée de Bruxelles. Une Europe plus démocratique et plus respectueuse de ses peuples et de leurs intérêts. Un des préalables reste les réformes sérieuses dont la France ne pourra s'exonérer. En attendant, que l'Europe actuelle crève, et vive le FRAXIT.

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galafo 15 mai 2018 - 10:58

Raz le bol de Bruxelles et ses affidés
je ne suis pas révolutionnaire, ni d'extrême droite façon Pinochet … l'UE actuelle est devenue "totalitaire" dans sa pensée …
Hors d'elle, point de salut !
Hors de son économie libérale, point de salut !
Hors de la disparition de la souveraineté, point de salut !
Hors des entreprises Nationales qu'il faut privatiser, point de salut !
Hors de la disparition des "Biens Communs",point de salut !
Hors d'une vassalisation aux USA & Anglo-saxons, point de salut !
Hors De la privatisation de la "Santé",point de salut !
Hors de la privatisation des écoles, des facs, de la recherche, de la culture, de la religion … point de salut !

Vraiment on nous prend pour des imbéciles ! Cette Europe là qu'on nous vante sur tous les tons dans les médias des tenants du pouvoir actuel … est obscène ! Vivement un Frexit ou Fraxit et une Europe à sa juste place …je pense que les prochaines élections européennes vont bousculer tout ce petit monde Bruxellois/UE … Tant mieux !

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Dominogris 15 mai 2018 - 11:14

L'Europe est depuis le début un projet politique
Bien sûr que la France est responsable d'une bonne partie de ses problèmes et que l'Europe est un prétexte facile. Néanmoins, ce n'est pas faire de l'antiaméricanisme primaire de dire que le projet d'Etats-Unis d'Europe visait à une vassalisation de cette dernière avec un versant politico-économique (l'UE supranationale) et un versant militaire (l'OTAN). Projet auquel se sint toujours opposés les défensers d'une Europe des nations.

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Picot 15 mai 2018 - 11:39

Pas tout à fait d'accord.
Il est certain que l'étatisme qui nous étouffe, et qui est un héritage plus ou moins net du Marxisme, est en grande partie responsable de notre marasme. Mais supposons, ô miracle, que cet état de fait disparaisse (on peut toujours rêver), cela irait peut être un peu mieux en France mais Bruxelles sera toujours là pour nous imposer une conduite économique, entre autres, qui ne sera pas toujours dans notre intérêt. Et croire que l'Europe bénéficierait d'un embellie Française me paraît donc, de ce fait, illusoire.
J'ai beau chercher, et je ne suis pas le seul, je ne vois vraiment pas ce que l'Union Européenne nous apporte.
De plus il s'agit carrément d'une dictature : nous sommes dirigés par des technocrates non élus et qui s'enrichissent de façon scandaleuse en nous faisant les poches. Ils le disent en plus : la démocratie ne saurait s'opposer aux projets Européens. On ne saurait être plus clair. Démonstration faite en 2005.
En outre l'Europe est pieds et poings liés par sa soumission à l'OTAN, ce qui représente une chaîne de plus.
Etatisme en France ou pas, désolé, mais je pense qu'il faut sortir de là au plus vite. Même si la France devient florissante cela ne changera rien : cette Europe, imposée de force contre la volonté des nations, se cassera la figure de toute façon. Tous les empires qui ont tenté de soumettre des pays entiers ont disparu.

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Dominogris 15 mai 2018 - 12:27

Petit retour en arrière
Il est instructif d'écouter ce passage du discours de P. Seguin en 1992
https://m.youtube.com/watch?v=tC0o2f4i9GA

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popol 15 mai 2018 - 6:11

L' IRAN
Les peuples n'ont pas confiance dans l'actuel fonctionnement de l'Europe , elle parait se préoccuper détails de notre vie pour lesquels nous n'avons pas besoin d'elle .
Aujourd'hui ,avec le refus des Etats Unis d'honorer l'Accord avec l'Iran ,devrons nous subir à nouveau la supra nationalité des lois US ? et subir des sanctions pour infraction décidée par les USA ?
Une position unique et forte de l'Europe refusant toute immixtion de la Justice US dans les contrats Renault , PSA , Total … serait perçue par les populations comme une Europe protectrice et non gendarme .
Politiciens de tous bords , qu'attendez vous pour ,enfin , vous comporter comme des Hommes d'Etat ?

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