En une nouvelle illustration de l’imprévisibilité et des incohérences de la politique économique de la Maison-Blanche, Donald Trump a annoncé soudainement mardi après-midi qu’il avait décidé de relever non plus de 25% mais de 50% les droits de douane exigés dès mercredi sur les importations d’acier et d’aluminium canadien. Il riposte ainsi à une taxe à l’exportation de l’Ontario au détriment des consommateurs américains d’électricité, mais semble aussi s’être vexé des discours martiaux émanant de tous les partis politiques canadiens, à rebours de ceux, plus conciliants, de l’exécutif mexicain. Ce qui illustre combien les rapports de force, voire les relations personnelles importent plus que la rationalité économique pour le président américain.
Il a ajouté qu’il imposerait le 2 avril de telles taxes douanières sur les voitures, ce qui “mettra à l’arrêt définitivement l’industrie automobile au Canada”, estimant une nouvelle fois que la “seule chose sensée” à faire pour le pays était de devenir le “51ème Etat américain”. Ces mesures brutales et hyper protectionnistes sont de nature à profondément perturber le commerce entre les Etats-Unis et le reste du monde, ne serait-ce que parce que les importateurs américains et partenaires ne savent plus à quoi s’attendre, sans oublier l’impact sur les ménages américains par la hausse des prix des produits importés.
En conséquence, le Dow Jones a immédiatement perdu 400 points, soit 1 %, ajoutant au repli, qui pourrait tourner à la déroute, des marchés boursiers américains. L’indice vedette de Wall Street avait glissé à 41.400 points mardi soir, alors qu’il était monté à 44.870 début février, juste après le retour à la Maison Blanche de Donald Trump. Il évolue aujourd’hui au plus bas depuis la veille de la présidentielle. Le Nasdaq 100 a connu sa pire journée depuis 2022. Piteux résultat pour un président censé mener une politique très favorable aux entreprises et à la croissance économique. Les investisseurs sont effrayés par la possibilité que les guerres commerciales de M. Trump provoquent une récession. Donald Trump devrait essayer de ramener la confiance lors d’une conférence, ce mercredi, avec la Business Roundtable, basée à Washington, qui comprend des chefs d’entreprise de tout le pays.
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On se fixe sur les droits de douane… mais le protectionnisme c’est aussi les barrières normatives, les complexifications juridiques (qui réservent le marché aux grosses structures compétentes), les traités de commerce préférentiels, l’UE (qui subventionne la production dans les pays de l’est), les différentes aides aux entreprises, les sanctions économiques internationales, les professions restreintes, etc. Je ne sais pas encore quoi penser de la politique du président américain sur les tarifs douaniers, mais je sais que nous ne vivons pas dans un monde de libre-échange. Le marché européen est certainement illibéral sous bien des aspects. Je suis un peu surpris que les tarifs douaniers américains indignent tant à l’heure où l’on instaure les ZFE dans le pays.