Valérie Pécresse : « Avec tout ce que j’ai fait dans ma carrière, si j’étais un homme, on dirait que je suis exceptionnelle ». Vraiment ?

Un dicton dit qu’on n’est jamais mieux servi que par soi-même. A preuve l’entretien donné par Valérie Pécresse qui en profite pour s’auto-congratuler.

Le Nouvel Obs consacre une série aux « femmes en politique ». Après les sommités Anne Hidalgo et Sandrine Rousseau, c’était au tour de Valérie Pécresse de se livrer dans l’hebdomadaire de gauche (7 mars 2025).

L’objet de la série est de montrer combien les femmes, en dépit de leurs immenses qualités, sont défavorisées en politique et combien il leur a fallu de courage pour s’imposer. Voici ce que déclare la présidente de la région Ile-de-France : « Avec tout ce que j’ai fait dans ma carrière, si j’étais un homme, on dirait que je suis exceptionnelle. J’ai trouvé, y compris par les médias, qu’il y avait un décalage total entre ce que j’ai accompli dans ma vie et le regard qui est porté sur moi ».

S’il n’est pas interdit de penser que certaines femmes politiques ont pu être victimes de machisme, il n’en demeure pas moins que l’excuse du « virilisme » ou de la « masculinité toxique » est brandie à répétition depuis plusieurs années par des femmes politiques, Ségolène Royal en première ligne, pour masquer leurs vibrants échecs.

En réalité, la France est l’un des rares pays où un échec en rase campagne ne met pas fin à la carrière d’un homme comme d’une femme politique. Valérie Pécresse en est un bon exemple. « Elle ne s’interdit rien », confiait à la presse l’un de ses proches. « Elle a des fourmis dans les jambes », disait tout sourire un autre. Le vibrant échec à l’élection présidentielle de 2022 (qu’elle reconnaît dans l’entretien cité plus haut) ? « La dissolution a remis les compteurs à zéro », selon l’un de ses fidèles. « Tout ce dont elle avait parlé pendant la campagne présidentielle se vérifie aujourd’hui », vantait son équipe (RTL, 29 janvier 2025).

Vraiment ? Souvenons-nous du brillant programme alors soutenu par la candidate (Le Monde, 24 février 2022). Nous ne rappellerons qu’une petite partie de ses incongruités :

• Créer un « droit au logement prioritaire » pour les soignants ;
• Créer une « prime à la natalité » ;
• Créer 25.000 postes de soignant en cinq ans à l’hôpital public ;
• Créer un Institut national de la santé mentale ;
• Créer 10.000 postes supplémentaires à l’Education nationale ;
• Créer une « banque des jeunes » ;
• Créer un Haut Conseil de la souveraineté économique ;
• Créer un « livret vert » fusionnant le livret A et le LDD ;
• Créer un « chèque récupération » pour la restitution des téléphones portables et des ordinateurs.

A lire ce programme dont la radicalité le dispute à celui de Javier Milei, on se demande vraiment pour quelle raison les Français, ces ingrats, n’ont accordé que 4,78 % des suffrages à notre énarque distinguée.

Le parti de la présidente de la région Ile-de-France, Libres !, a organisé à Paris le 29 janvier un colloque sur « Le courage de la réforme ». 17 propositions ont été émises dans le flou et le désordre. Certes, elles renvoient sur certains points à des idées justes (liberté et autonomie fiscale des collectivités territoriales, par exemple), mais elles fleurent bon le « en même temps » (« ouvrir » simplement la retraite par capitalisation au secteur privé, mais « sauver les retraites en maintenant la réforme »). Quant à la « priorité aux travailleurs en première ligne (sic) dans l’attribution des logements sociaux » ou au « changement du statut des hôpitaux en fondations d’utilité publique sans but lucratif », cela nous laisse pantois.

« Je rêve d’une droite vraiment sociale », déclarait Valérie Pécresse, « gaulliste sociale » autoproclamée lors de la création de son parti (Public Sénat, 10 septembre 2017). Nous avouons avoir toujours eu du mal à distinguer droite sociale et droite socialiste. CQFD.