La décision de Donald Trump de se retirer de nouveau de l’OMS a relancé le débat sur la pertinence de cet organisme onusien. Comme le soulignent Danielle Pletka et Brett D. Schaefer dans un article pour le think tank The American Enterprise Institute (AEI), la gestion de la pandémie de COVID-19 a montré les limites d’une organisation enlisée dans des considérations politiques et bureaucratiques, et jugée trop perméable à l’influence chinoise. Les auteurs estiment que la pandémie, loin d’avoir renforcé l’OMS dans sa mission première, a révélé son incapacité à anticiper et à gérer efficacement une crise sanitaire mondiale. Leurs observations confirment notre récente analyse sur le sujet.
D’une part, l’OMS a perdu de vue sa raison d’être, à savoir la prévention et la lutte contre les maladies transmissibles. Son action s’est progressivement élargie à des thèmes comme l’obésité, le tabac ou encore le changement climatique, affaiblissant ainsi ses ressources et ses capacités d’intervention. D’autre part, son attitude conciliante envers Pékin lors des premières semaines de la crise du COVID-19 a renforcé les soupçons d’ingérence chinoise. Enfin, l’absence de réformes structurelles et l’augmentation des contributions obligatoires des États membres n’ont fait que renforcer les réticences américaines.
Le retrait américain, qui s’accompagne d’un arrêt des financements et d’un rappel des experts en poste à l’OMS, vise donc à exercer une pression maximale en faveur d’une réforme en profondeur. Cette réforme implique, notamment, une répartition plus équitable des contributions entre les États, un recentrage sur les maladies infectieuses et une condamnation formelle de la gestion chinoise de la pandémie. À défaut, Trump prétend vouloir rediriger les financements américains vers des alternatives plus transparentes et plus efficaces. Pour les auteurs, la capacité des États-Unis à structurer une réponse sanitaire mondiale crédible en dehors de l’OMS constituera un enjeu majeur des prochaines années.