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Les (très) privilégiés contrôleurs aériens prévoient une grève pendant la coupe du monde de rugby

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Une énième grève des contrôleurs aériens s’annonce encore cette année. Le SNCTA (Syndicat national des contrôleurs du trafic aérien, le premier syndicat de la profession) a déposé un préavis de grève nationale « couvrant l’ensemble des contrôleurs aériens et les agents de la vigie trafic le vendredi 15 septembre 2023 de la prise du service du matin à la fin du service de nuit ». Cette grève va ainsi intervenir pendant la coupe du monde rugby qui a lieu en France et débute le 8 septembre. Cela va grandement compromettre la venue de nombreux supporters étrangers pour cette grande fête. Le syndicat souhaite notamment, et c’est original, une hausse des salaires. Entre le 1er mars et le 9 avril 2023, 34 jours de « mouvement social » ont affecté le trafic aérien européen, principalement du fait des contrôleurs français qui protestaient contre la réforme des retraites.

Ce sont des habitués de la grève. Entre 2004 et 2016, 67 % des jours de grève des contrôleurs aériens en Europe se sont produits en France. Cette pression leur rapporte. Selon un rapport de la Cour des comptes datant de 2021, les agents de la DGAC (Direction générale de l’aviation civile) avaient, en 2017, un salaire brut annuel moyen de 88 019 €  (catégorie A), 53 135 € (catégorie B), 43 034 € (catégorie C) et 50 757 € pour les contractuels. C’est beaucoup plus que leurs homologues de la fonction publique d’Etat, dont le salaire brut annuel moyen est respectivement de 43 428 € , 36 048 € , 28 944 € et 30 696 € . Les agents du ciel bénéficiaient de 137 primes en 2018, qui représentaient 35 % du coût salarial brut et dont le montant a augmenté de 10 % entre 2013 et 2018. Hausse qui, selon la Cour des comptes, « traduit un pilotage par la ressource, insuffisamment subordonné aux efforts de productivité individuelle. » Qui plus est, au 1er janvier 2023, les primes ont augmenté de 3,5 %, et une prime d’intéressement de 1 000 € sera versée en fin d’année. Tout cela pour un temps de travail annuel ridicule : un précédent rapport de la Cour des comptes datant de 2010 démontrait qu’il était inférieur à 100 jours par an…

Les contrôleurs aériens, fonctionnaires, n’ont visiblement honte de rien. Aux Etats-Unis en 1981, en pleine libéralisation du secteur aérien, les aiguilleurs du ciel avaient fait grève afin d’obtenir une hausse de salaire et une baisse du temps de travail. Fonctionnaires fédéraux, ils violaient la loi qui leur interdisait de participer « à une grève contre le gouvernement des Etats-Unis ou tout organisme de celui-ci ». Ronald Reagan, alors président, avait ordonné le remplacement des grévistes par du personnel non-gréviste et militaire, ainsi que le licenciement de plus de 11 000 fonctionnaires grévistes. Voilà une décision courageuse qui pourrait inspirer certains dirigeants. Une proposition de loi de mars 2023 « visant à limiter les nuisances causées par l’usage abusif du droit de grève dans les transports en commun » portée par des députés de droite, dont Jean-Louis Thiériot, allait dans ce sens.

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2 commentaires

nanard 1 septembre 2023 - 4:35 pm

Quand même, si les contrôleurs aériens ont des rémunérations qui peuvent faire envie, leurs fonctions relèvent de la sécurité aérienne. Le métier dans certains centres de contrôle peut être très stressant, mais pas partout c’est vrai. Toutefois, comme d’autres professions (dockers, chemineaux et quelques autres), les syndicats restent puissants et compte tenu de leur position « stratégique », l’usage de la grève peut relever du chantage… Dans ce cas, on peut estimer qu’il y a une sorte d’abus, bien qu’on ne connaisse pas les tenants et aboutissants. (l’histoire nous enseigne que le contrôle aérien est né suite à un face à face entre deux trafics entre la France et la Grande Bretagne, alors c’est peut-être utile quand même…)

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AlainD 7 septembre 2023 - 3:29 pm

Ces messieurs-dames sont des fonctionnaires ! Cela leur permet de faire ce qu’ils veulent quand ils veulent et donc de tenir en otage la navigation aérienne quand bon leur semble. Vous évoquez dans l’article l’action de Ronald Reagan qui avait mis fin aux abus. Hélas ce n’est probablement pas en France où les fonctionnaires sont choyés que nous sommes près de voir pareille décision, à moins qu’il y ait demain un changement radical dans la réglementation de cette importante mission, ce serait souhaitable, il faut prendre garde de ne pas scier la branche sur laquelle on est assis…

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