L’émotion, c’est normal, les hommages, c’est inévitable (en France), mais où sont les responsabilités ? Alors que l’on n’a encore aucune certitude sur les causes de l’incendie, le président Macron a déjà décrété que dans cinq ans (pas quatre, ni dix), la cathédrale sera reconstruite tout en lançant, de concert avec son Premier ministre, la polémique sur la façon dont elle sera refaite : à l’identique ? Plus « moderne » ? Plus « adaptée » à notre époque ? Ce qui peut faire craindre le pire car la France excelle dans le domaine de la « modernisation » du passé.
Or, au-delà de ces discussions, personne ou presque ne fait allusion aux responsabilités dans ce drame (le journaliste Guillaume Perrault mentionne très bien les responsabilités politiques dans sa dernière analyse publiée dans Le Figaro du 20 avril). Rappelons-le : la cathédrale appartient, comme 87 autres cathédrales, à l’Etat français. Ce dernier est donc responsable de sa protection. En attendant les résultats de l’enquête, il n’est pas encore coupable mais la question de la responsabilité aurait dû être immédiatement évoquée. Imaginons que la cathédrale ait appartenu à une société privée ! Il y a fort à parier que très vite auraient surgi des polémiques sur l’ « ultralibéralisme » de notre époque, l’appât du gain dans le privé, les patrons qui ne cherchent que le profit, etc…
Et dans le cas de l’Etat ? Comment un incendie de cette ampleur peut-il se déclencher dans la cathédrale Notre-Dame et risquer de totalement la détruire ? Est-il vraisemblable qu’un Etat obèse comme le nôtre, qui dispose de beaucoup d’argent et d’agents publics, n’ait pas pu, sinon poster un fonctionnaire derrière chaque pilier de l’édifice, du moins mieux assurer sa sécurité ? L’Etat a failli à sa mission de protection. Il faut le dire. En France, la tradition est à l’irresponsabilité. Les vrais responsables et coupables sont très rarement montrés du doigt même dans les cas les plus dramatiques. Souvenons-nous de la gravissime affaire du sang contaminé : deux relaxes et une non-condamnation ; des 15 000 morts pendant la canicule de 2003 : aucun responsable non plus malgré des défaillances évidentes dans les décisions de l’administration et les réactions des hôpitaux. Souvenons-nous aussi de l’attentat de Nice : malgré des rapports accablants, combien de responsables ont été désignés ? Plus récemment, Mme Agnès Saal, haut fonctionnaire, pourtant condamnée plusieurs fois (par le tribunal de Créteil et celui de Paris) pour détournement d’argent public, a été nommée haut commissaire à l’Egalité, la diversité et la prévention des discriminations auprès du secrétaire général du ministère de la Culture. Le préfet Michel Delpuech, écarté après les violences et les dégradations commises par les gilets jaunes, vient d’être nommé au Conseil d’Etat. Peu importe la compétence, pourvu qu’on ait le statut !
Les exemples sont légion, de l’immunité dont bénéficient l’Etat français et ses représentants. Les responsables sont toujours les autres : l’ultralibéralisme, les riches, l’Europe, l’Amérique, la mondialisation, etc…
5 commentaires
Un incendie "moderne" ?
"Moderne" est en bonne place dans mon Glossaire des Cuistres… C'est un mot qui a perdu toute signification rationnelle, quand il ne sert pas de “cache sexe" à des menaces. "C'est moderne" = "faites le volontairement, sinon on vous forcera".
Mais ce n'est pas là le sujet principal… Une cathédrale, un des joyaux de notre passé, a brûlé, alors qu'on y faisait des travaux… Qui dit "travaux" dit "branchement électrique de chantier". Avec un compteur. Au moins un compteur par entreprise.
Et maintenant, je me pose une question. Une question simple pour laquelle je sens qu'il sera difficile d'avoir une réponse claire… : Est-ce qu'un au moins de ces compteurs se trouvait dans la zone de départ du feu ?
Question subsidiaire : s'agit-il d'un linky, ces objets qui ont le don surnaturel de faire brûler des choses autour d'eux en toute irresponsabilité ?
Un compteur, quel qu'il soit, est bien incapable de délencher un tel sinistre.
https://lalettrepatriote.com/on-a-essaye-de-reproduire-les-conditions-de-lincendie-accidentel-de-notre-dame/
Mais bien d'autres questions se posent…
Hollande et Hidalgo ont demandé à deux architectes fin 2016 d'établir un projet pour la rénovation spectaculaire de l'île de la cité pour la transformer en zone futuriste, ce projet a été repris par Macron… objectif fin de la première phase de travaux pour les JO (5 ans!)
Qui a eu connaissance de ce projet ? Que signifie-t-il? Pourquoi si peu d'information?
http://www.missioniledelacite.paris/actualites
L'observation attentive de la maquette et, en particulier la flèche de Notre-Dame, soulève bien des questions. Et la vue futuriste de 2040 qui apparaît dans la vidéo aussi.
https://profidecatholica.com/2019/04/22/le-toit-moderne-de-notre-dame-de-paris-presente-sur-le-projet-de-metamorphose-de-lile-de-la-cite-en-2017/
Enfin, on peut se demander si la générosité de certaines entreprises est tout à fait désintéressée…
NOUS VOULONS SAVOIR
Nous voulons savoir :
Quelle est l’origine du départ de feu,
Pourquoi s’est-il aussi vite propagé à la flèche et à l’ensemble de la charpente,
Comment une ‘forêt de chênes’ a pu se consumer en moins d’une heure ?
Une question de statut
C’est le fameux statut du fonctionnaire et son emploi à vie qui conduit à l’irresponsabilité… quelle sanction en cas de grave défaillance… rien !
Défaillance ahurissante et coupable
Dans l'industrie, le sprinkleur ou autre système identique d'extinction automatique d'incendie est obligatoire là où il y a risque d'incendie, et dans ce cas la cathédrale n'aurait tout simplement pas brûlé