Certains de nos députés délaissent les questions futiles, telle la guerre en Ukraine ou la situation de nos finances publiques, pour se concentrer sur l’essentiel. Ainsi en est-il de Richard Ramos, député Modem élu du Loiret depuis 2017, qui occupe ses mandats à lutter contre le fléau numéro un qui nous menace : les nitrites.
En effet, le parlementaire vient de proposer un amendement au projet de loi de financement de la Sécurité sociale pour 2025 afin de taxer le producteur ou l’importateur de charcuteries contenant des nitrites (autrement dit des additifs alimentaires qui permettent à la viande de porc de garder sa couleur rose et de se conserver plus longtemps), et ce, au profit de la Caisse nationale d’assurance maladie.
Nul ne sera surpris de cette initiative puisque, en 2019, il avait déjà proposé un tel amendement à l’image de la « taxe soda » créée en 2012 afin de limiter la consommation des boissons sucrées par les enfants. « Je suis pour la cochonaille, mais pas pour les cochonneries ! », avait-il alors tonné sur RMC. En vain. Aussi déposa-t-il une proposition de loi relative à l’interdiction progressive des additifs alimentaires dans les produits de charcuterie le 21 décembre 2021 (n° 1430), avant d’écrire un rapport sur la proposition de résolution européenne relative à la même interdiction dévoilée le 12 avril 2023 (n° 1091). Cochon qui s’en dédie ! A quand un roman aux Editions sociales sur les nitrites ou un documentaire sur Arte ?
L’argumentation est toujours la même : contre les lobbyings, avec lesquels notre député n’est pas copain comme cochon, Il convient d’abord de taxer, avant de prohiber, ces substances potentiellement cancérogènes. Le Jean-Pierre Coffe de l’Assemblée nationale (vous vous souvenez ? Le critique gastronomique qui tenait une tranche de « jambon polyphosphaté » en s’écriant : « C’est de la… »[i] ) vient de déclarer qu’il existerait deux alimentations en France : « une pour les pauvres, qui ont le droit de crever avec des nitrites », et une pour les riches. Il y a quelques années, il expliquait qu’il ne s’agissait pas de pénaliser le consommateur, mais d’encourager les industriels à proposer des alternatives aux mauvais produits.
Il n’est pas inutile en contrepoint de se rendre sur le site de l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation (Anses, « Le point sur les nitrites et les nitrates en 10 questions ») qui expose que les produits « sans nitrites ajoutés » ne sont pas forcément bons pour la santé car ils peuvent contenir de nitrates…
En substance, Richard Ramos se présente comme un parlementaire très français : chantre de ce qu’on appelle « l’État-nounou », il entend taxer, avant d’interdire, afin de protéger les individus et les citoyens débiles contre eux-mêmes. Le renchérissement probable des produits, payés en dernier ressort par le cochon de payant, est-il au demeurant la meilleure méthode pour aider les « pauvres » dont notre député se pique de prendre la défense ? On peut plutôt y voir un tour de cochon joué aux plus modestes.
[i] Par égard pour nos distingués lecteurs, nous nous abstiendrons de citer le mot de Cambronne.
6 commentaires
n’en voilà -t-il pas un qui s’occupe de quelque chose, et pas seulement de se ravitailler en produits de synthèse dans le métro ?
Excellent article! Sur un champion du dérisoire, en effet …
normalement on peut exiger par la loi d’écrire sur le jambon nitrité le risque qu’il provoque…
mais alors il faut le faire pour des tas de trucs!
c’est pas tant qu’il ait tort selon moi…
mais c’est l’approche incohérente vis à vis des effets sur la santé..
si on taxe tous les trucs contenant des substances cancérogènes on taxe quasiment tout à par la flotte. mais si on décide de taxer ce qui provoque des cancers c’est déjà autre chose..
Je veux dire on peut imaginer qu’il en sorte un truc « utile » une fois sortie des lubies suite à des vidéo sur internet ou des lubies de lucet..
le consommateur paye la taxe… donc le mangeur de jambon nitrité..aura une santé inchangée mais moins de pognon…
comme pour les fumeurs pauvres..
ça tournera en eau de boudin
Encore un faquin militant qui a trouvé une « cause ». Un idiot utile de l’antiparlementarisme. Nous avons les élus que la majorité mérite. La question est de préserver les institutions qui limitent leur pouvoir de nuisance. Ce n’est pas gagné !