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« Monsieur 80 km/h » candidat à la présidentielle

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Une candidature à l’élection présidentielle se prépare soigneusement. L’histoire de la Ve République démontre que le fait de se déclarer maladroitement peut coûter cher à l’ambitieux. Pourtant, c’est dans le contexte de la crise actuelle qu’Edouard Philippe a choisi, aux termes d’un entretien au Point (3 septembre 2024), de le faire. Implicitement pour tenter de couper l’herbe sous le pied de ses nombreux rivaux, explicitement pour anticiper une démission d’Emmanuel Macron, donc une élection présidentielle anticipée.

Si nous disions que l’annonce a reçu un accueil frais, nous serions en-dessous de la réalité. Dans le camp présidentiel, on n’a pas manqué de souligner l’inélégance de l’ancien Premier ministre, illustre inconnu au moment de sa nomination en 2017. Mais ce qui importe, c’est le fond.

Né en 1970, Edouard Philippe appartient à cette génération globalement désastreuse de la droite et du centre (nous connaissons au moins une exception…), Xavier Bertrand étant son aîné de cinq ans et Bruno Le Maire d’un an. Enarque, haut fonctionnaire, originellement socialiste modéré, il est devenu un homme politique professionnel, élu local et député.

Que retiendra-t-on de son passage à Matignon ? Simplement le fait qu’il ait imposé à Emmanuel Macron (si l’on peut employer ce verbe puisque, en période de majorité présidentielle à l’Assemblée, le chef de l’État décide d’à peu près tout et le Premier ministre se trouve réduit aux utilités) les 80 km/h sur les routes. Une décision inepte qui a coûté au moins 10 millions d’euros pour simplement changer les panneaux et sur laquelle sont revenus, réglementation aidant, la moitié des départements avec les coûts induits !

Au-delà de la personne et de son passé, on pouvait supposer (espérer), fût-ce naïvement, qu’Edouard Philippe donnerait de larges vues sur son programme au fil de son entretien au Point. Pas le moins du monde ! « Je me prépare pour proposer des choses (sic) aux Français. Ce que je propose sera massif ». Ces mots vagues et au style peu chatoyant ne veulent rien dire, si ce n’est que le candidat n’a sans doute pas eu le temps de réfléchir.

Mais surtout, c’est la méthode qui est stupéfiante : l’important est de déclarer sa candidature, les propositions suivront ! Autrement dit, nous avons la confirmation du fait que les institutions françaises sont malades. L’accaparement du débat par l’élection présidentielle dans le cadre d’un régime parlementaire conduit à privilégier les hommes au détriment des idées.

Contrairement au célèbre slogan des années 1970, en France, on a du pétrole, mais, sauf rares exceptions, on n’a pas d’idées…

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