Nous avions été surpris par la publication de Sandrine Rousseau sur X en réaction aux vœux présidentiels : « Utiliser l’exemple allemand alors que Scholz qui a perdu un vote de confiance, en accepte le résultat et lâche le pouvoir, c’est osé ». Pourtant, la députée rouge-verte a récidivé le lendemain lors d’un entretien donné à RTL : « Olaf Scholz a eu un vote de défiance et il a décidé de rendre le pouvoir. Il a accepté les conséquences de ce vote et il a dit : ‘Je redonne le pouvoir et j’organise des élections anticipées’ ».
De deux choses l’une : soit Sandrine Rousseau est de mauvaise foi (il va de soi que nul ne pourrait ainsi la suspecter), soit elle n’y entend rien en droit constitutionnel et en vie politique comparés, ce qui est tout de même gênant pour un parlementaire.
Rappelons que le Chancelier allemand a fait exploser sa coalition parlementaire en limogeant son ministre des Finances, qu’il a sollicité un vote de confiance à la chambre basse, que cette confiance lui a été refusée le 16 décembre et que le chef de l’État a annoncé la dissolution de ladite chambre avec des élections législatives anticipées de sept mois le 23 février prochain.
Il faut donc apprendre à Mme Rousseau :
– Qu’on ne peut pas confondre un président de la République français et un chancelier (autrement dit, le Premier ministre) allemand, même si dans les deux cas il s’agit, de fait, du titulaire le plus important du pouvoir ;
– Qu’Olaf Scholz n’a nullement « lâché » ou « rendu le pouvoir »… puisqu’il est toujours chancelier et que c’est lui qui mènera les sociaux-démocrates à la bataille, en espérant être reconduit dans ses fonctions !
Ce qu’il s’est passé en Allemagne est bien entendu strictement conforme à la Constitution. Désireux de provoquer des élections générales anticipées compte tenu du contexte politique, le Chancelier a délibérément engagé la confiance de son gouvernement en sachant que la confiance lui serait refusée, ce qui obligeait pratiquement le Président de la République, titulaire du droit de dissolution, de l’exercer.
La comparaison de Sandrine Rousseau, destinée à gêner Emmanuel Macron, est donc inexacte et mal venue.
Les comparaisons hasardeuses de Sandrine Rousseau sur les vies politiques allemande et française
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