Le projet européen antilibéral de Renaissance

Nous venons de recevoir la brochure de 16 pages de la majorité pour les élections européennes du 9 juin intitulée « nous avons besoin d’Europe ».  Ce qui frappe immédiatement, c’est que, en première page se trouve une photographie de la tête de liste avec à ses côtés Emmanuel Macron, dont deux autres photographies ornent le programme. Certes, Valérie Hayer est dénuée de notoriété, mais il apparaît pour le moins périlleux que le chef de l’État s’engage autant dans la campagne. Et ce n’est pas l’épisode avorté du débat avec Marine Le Pen avant les élections qui mettra à l’abri le Président d’un désaveu…

Sur le fond, le projet apparaît peu original en ce qu’il reprend les thèmes généraux de la plupart des autres listes sous les deux mots de « protection » et de « souveraineté ». Il est parfois mensonger et presque toujours insuffisant. En effet, il est surprenant de lire que ce serait « grâce à l’Europe et aux 800 milliards d’euros injectés par le plan de relance » que l’économie aurait été protégée. Il est par ailleurs risible de se glorifier au titre du « On l’a dit, on l’a fait », que l’Europe aurait « agi avec fermeté sur les migrations ».

Par-delà le protectionnisme, certains points du programme semblent particulièrement inquiétants, tels la mobilisation de « 1.000 milliards d’euros d’investissements pour faire face aux chocs écologique, technologique et sécuritaire » ou « un emprunt de long terme, remboursé par de nouvelles ressources », sans autre précision.

Quant à d’autres points, ils apparaissent bien dérisoires tels « l’interdiction de l’ablation des queues et des cordes vocales » de certains animaux ou le fait de favoriser « l’émergence de champions européens dans le développement des jeux vidéo » et de valoriser « les talents du e-sport », points à l’électoralisme assez affligeant.

De manière générale, le projet fleure bon l’étatisme habituel de la macronie, par exemple le fait de « doubler le nombre d’universités européennes jusqu’à 100 en 2030 ».

Au-delà de l’absence de financement tangible des propositions, même s’il est fait référence à une extension peu novatrice de la taxe carbone et à une défense démagogique et irréaliste d’une « taxation minimale des plus grands patrimoines au sein du G20 », on relèvera en dernier lieu la volonté d’étendre à l’Europe les échecs français comme la « création d’un Pass culture » ou, en matière agricole « un Egalim » sur les relations commerciales.

Pas étonnant que la liste Hayer ne fasse guère rêver et qu’elle végète dans les intentions de vote…