L’équipe de l’IREF a fréquemment eu l’occasion de consacrer des articles au nouveau Premier ministre, Michel Barnier, et leur contenu n’a guère été élogieux ces quinze dernières années. Récemment, nous nous gaussions encore de sa énième critique du prétendu « ultralibéralisme ».
Cela n’a évidemment pas empêché l’extrême gauche de se lamenter de la nomination d’un « libéral ». Le groupe communiste du Sénat a dénoncé « le choix d’une orthodoxie libérale que l’ancien commissaire européen symbolise parfaitement ». Quant à Fabien Roussel, le secrétaire national du Parti communiste français, il a qualifié Michel Barnier de « libéral, européiste, anti-social ».
Comme de coutume dans notre pays, le mot « libéral » est employé de manière polémique pour dévaloriser l’adversaire. Pourtant, ni la carrière ni les déclarations renouvelées de Michel Barnier ne collent avec ce terme.
S’il n’est pas énarque, Michel Barnier, actuellement dans sa 74e année, est un homme politique professionnel depuis son plus jeune âge. Elu local, 15 ans député, plusieurs fois ministre durant au total plus de 7 ans, deux fois commissaire européen. Il ne connaît pas le secteur privé.
Voici un florilège de ses déclarations sur le libéralisme ces 25 dernières années, classées dans l’ordre chronologique :
- « Nous n’acceptons pas l’ultralibéralisme qui consisterait à détricoter le modèle social français que nous avons construit patiemment depuis la Deuxième Guerre mondiale. Nous souhaitons même que ce modèle social soit partagé progressivement par tous les pays européens » (France Inter, 29 avril 1997) ;
- « Je reconnais que ces 15 dernières années, on est allé trop loin dans certaines dérives du libéralisme » (20 Minutes, 8 mai 2011) ;
- « Je suis libéral mais je ne crois pas à l’autorégulation des marchés » (L’Opinion, 7 novembre 2013) ;
- « L’ultralibéralisme avait engendré de véritables dérives. Le corps de mon travail (de commissaire européen) a été de rebâtir la régulation (en fait réglementation) financière » (La Nouvelle République, 14 mai 2014)
- « Le Brexit reflète la dérive ultralibérale de l’Union européenne », tout en ajoutant : « Il faut revenir aux fondamentaux de l’économie sociale de marché » (Ouest France, 13 septembre 2016) ;
- « Les dirigeants européens, de droite comme de gauche, se sont laissés aveugler par la doctrine de l’ultralibéralisme. Cette dérégulation forcenée, à laquelle nous avons assisté après la chute du mur de Berlin, est l’une des erreurs commises par l’Europe » (Affiches parisiennes, 9 décembre 2016) ;
- « Nous avons trop dérégulé depuis 30 ans sous l’effet de l’ultralibéralisme » (BFM Business, 6 janvier 2021).
En substance, Michel Barnier est un vieux gaulliste social, comme il en existe beaucoup à droite et au centre, étatiste et critique permanent d’un libéralisme qu’il ne paraît d’ailleurs pas bien comprendre.
Pour une fois, nous nous accorderons avec François Ruffin, le député anciennement membre de La France insoumise, qui, sur X, écrivait qu’avec Michel Barnier, élu depuis 1973 et cumulant 51 années de mandats, « c’est la certitude que rien ne changera ».
7 commentaires
Bof, eussiez vous préféré Mme Castets ou M Mélencchon ?
David LISNARD est -ll’homme capable de redresser le Pays? 1000 fois oui et j’espère qu’il sera candidat en 2027 à la Présidence de la République.
et un haut fonctionnaire un !
Oui une Carriere politique a l ancienne qui n existe plus il faut faire sciences potes au moins ou adhérer aux partis d extrême gauche comme le PC ancien qui vous forme au syndicalisme avant d accéder aux responsabilités communales départementales régionales et nationales
Sur le plan démocratique et social cela vaut mieux que sciences potes théoriques et de la pensée unique
Inconvénient majeurs mis à part les syndicalistes de l industrie et de l agriculture ce parcours d élu n ouvre aucune connaissance sur l économie réelle celle de l industrie du commerce et de la production agricole ou du bâtiment les candidats ne connaissent que la gestion administrative publique bien éloignée de celle des entreprises de la plus petite avec pour seul salarié son créateur à la multinationale française ou étrangère
Cela confirme la sur admininistration française et la déplorable connaissance des français en économie peu ou mal enseignée a l école par des profs formés en théorie administrative à la fac socialiste sans expérience concrète en entreprise
Monsieur Feldman met son talent d’avocat en citant des phrases prononcées ces dernières années
ici et là par Michel Barnier , tendant ainsi à dévaloriser la personnalité de cet homme dont le cursus
politique est de première classe même si l’on a le droit de n’aimer pas tout.
Il aurait été plus juste de citer d’autres réflexions plus profondes qui illustrent mieux la volonté de
M. Barnier de rechercher toujours la solution positive jugée la meilleure ou la moins pire selon les
situations difficiles qui se présentent dans la recherche d’un consensus.
Sur le fond, Michel Barnier n’est pas de ces hommes qui ne dérogent jamais de leurs convictions en
fonction des situations. il n’est pas prisonnier d’aucune idéologie et sait tirer partie de ses expériences.
En outre, si l’on replace ses déclarations certes contestables avec la pensée de nos grands dirigeants
politiques depuis quarante ans, il faut bien reconnaître que il ne diverge pas de la pensée dominante
de ceux qui ont gouverné la France.
C’est ainsi et pour changer les états d’esprit il faudrait réformer le corpus idéologique des enseignements
à l’école et dans l’enseignement supérieur, notamment à Sciences Po .
Sur le fond de la nomination de ce personnage dont l’expérience politique et le sérieux du comportement
intègre ne peuvent être vilipendés, il vaut mieux se réjouir de voir ce type d’hommes au poste de premier
ministre au moment où les postulants (es) à la fonction n’ont jamais été aussi peu recommandables et où la
situation dramatique de la France exige un premier ministre qui aura la volonté de tout entreprendre pour
éviter au navire France de couler bel et bien..
Je préfère apporter mon soutien à cet homme qui n’a plus rien a conquérir, vu son cursus et qui va mettre son énergie à sauver ce qui est possible .
Merçi de votre attention.
Essentielliste
On jugera sur pièces mais pas encore aujourd’hui.
m
Vous vous attendiez à quoi ?…
Personnellement, je suis quand même d’accord avec lui dans la première citation que vous faites de ses propos : je ne suis pas non plus pour détricoter le modèle social français issu du Conseil National de la Résistance mais pour Å“uvrer à le consolider et à le pérenniser autant que possible. En corrigeant ses excès (pour la plupart issus de la période post-1981) tout en renforçant notre économie, bien sûr.
En revanche, l’étendre « aux autres pays européens », je m’en fiche complètement (comme je me fiche des autres pays européens en général, si ce n’est lorsqu’ils deviennent une menace, comme l’Allemagne, entre autres) ; les autres ont bien le droit de mener les politiques qu’ils veulent.
s’il pouvait déjà rééquilibrer les comptes de notre pays et diminuer les dépenses inutiles…