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Esther Duflo, le prix Nobel d’économie français qui continue de dynamiter le libéralisme

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L’amie de Thomas Piketty appartient-elle toujours à la « gauche pragmatique » dont elle se revendiquait il y a une quinzaine d’années ?

Dans le « match », si nous pouvons nous exprimer ainsi, des titulaires français du prix de la Banque de Suède en sciences économiques, dit prix Nobel d’économie, Esther Duflo ne ressort pas grandie de son duel à distance avec Jean Tirole.

Titulaire du prix en 2014, ce dernier, qui appartient à la gauche modérée et qui n’a rien d’un libéral (contrairement aux lamentations des extrémistes de gauche qui, après l’attribution de sa distinction, avaient dit pis que pendre de son « néolibéralisme »…), a écrit un assez long article sur la réponse à apporter aux droits de douane brandis par Donald Trump (« Bruxelles dit garder son calme », L’Express, 17 avril 2025). Même si nous ne partageons pas tous ses développements, nous relèverons qu’il rejette toute politique symétrique à la politique américaine et ce, par un double argument qui tient de l’évidence. D’abord, sur le plan historique, les droits de douane « ont indiscutablement amplifié les effets » de la Grande Dépression à la fin des années 1920 et au début des années 1930. Ensuite, sur le plan économique, « les droits de douane renchériront les biens importés, réduiront le choix et affaibliront le pouvoir d’achat ». Jean Tirole considère que « le meilleur scénario serait le retour à la quasi-absence de droits de douane ».

Esther Duflo, le prix Nobel d’économie 2019, consacre un article dans la série des « économistes du bien commun » à critiquer la suppression « criminelle » des aides aux pays pauvres par l’administration Trump (Challenges, 17 avril 2025). Ce qui retient l’attention, c’est la fin de ses développements dans lesquels elle appelle à « poursuivre l’initiative du Brésil sur une taxation minimale des milliardaires », une initiative portée par un autre économiste français d’extrême gauche auteur de la tristement célèbre « taxe Zucman ». « Un pour cent de la fortune des 2.000 personnes les plus riches du monde suffirait à couvrir les budgets des cinq plus gros bailleurs d’aides internationaux », écrit-elle avec un enthousiasme que nous n’hésitons pas à qualifier de naïf. Elle conclut à la nécessité de « réaffirmer notre humanité partagée » et de « réinventer un nouveau multilatéralisme plus équitable ». Qu’il est loin le temps où Esther Duflo prétendait appartenir à a « gauche pragmatique » (Le Monde, 5 janvier 2009) ! A moins que nous n’ayons pas la même conception du pragmatisme…

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9 commentaires

de Kermel 21 avril 2025 - 10:11 am

Vous écrivez : plan économique, « les droits de douane renchériront les biens importés, réduiront le choix et affaibliront le pouvoir d’achat ». C’est exact. Mais vous oubliez de mentionner la désindustrialisation de l’UE et même des Etats Unis. Or, c’est un problème majeur.

Selon, moi, la cause profonde de cette désindustrialisation est la suivante :
La mondialisation actuelle repose sur la théorie du libre-échange, instaurée lors de la création de l’organisation mondiale du commerce (OMC), en 1994, à Marrakech.

Cette théorie s’inspirait des travaux de l’économiste britannique David Ricardo, qui avait démontré au XVIII ème siècle que la spécialisation des Etats dans les secteurs économiques où ils sont compétitifs, et le libre-échange qui en découle, sont mécaniquement une source d’enrichissement pour tous.
A. LES PRINCIPES DE FONCTIONNEMENT
Ricardo avait fixé quatre conditions au bon fonctionnement du libre-échange :
1 – la valeur du travail est égale au prix multiplié par la quantité de travail
2 – la concurrence doit être parfaite
3 – il doit y avoir immobilité des facteurs de production au niveau international (seules les marchandises circulent)
4 – la productivité doit être constante.
On peut ajouter que dans la démonstration de Ricardo, il était évident que les échanges avaient lieu entre pays de niveau de développement comparables. Les fabrications étaient réalisées dans chacun de ces pays. Les colonies (pays à très bas coûts de l’époque) et leurs produits n’entraient en aucun cas dans le raisonnement sur le libre-échange.
B. UNE REALITE BIEN ELOIGNEE DE LA THEORIE
Aujourd’hui :
1 – La valeur du travail ne correspond plus au prix multiplié par le travail.

2 – Loin d’être parfaite la concurrence est totalement faussée. Les dumpings sont légion.

3 – Les marchandises circulent certes, mais l’argent circule en un clic, et surtout les usines circulent sans freins sur la planète, pour s’installer dans les pays à bas coûts.

4 – La productivité n’est pas constante, étant donné les progrès techniques.
Cela signifie que l’on a retenu le concept de libre-échange, en faisant l’impasse sur les quatre conditions de sa réussite, et en faussant la concurrence, notamment par l’installation d’usines dans des pays à très bas coûts.
Conséquences : les fortes baisses des droits de douane décidées en 1994 et les mesures visant à supprimer les «obstacles aux échanges», ont rendu extrêmement simple :
1. La fermeture des usines en France pour les installer dans des pays à bas coûts,
2. L’exportation vers la France, des produits fabriqués dans ces nouvelles usines à des prix de dumpings, sans droits de douane, sans aucune contribution pour compenser les effets les émissions de gaz à effets de serre résultant du transport des marchandises et sans acquitter d’impôts, grâce à des montages avec les paradis fiscaux.
L’opération est toujours gagnante.
Pour survivre, les entreprises sont souvent condamnées à délocaliser à leur tour. Ceci est la conséquence mécanique de cette politique du commerce extérieur de l’UE, qui s’avère être une formidable incitation à quitter la France.

.

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jean 21 avril 2025 - 8:08 pm

Attention aux considérations trop théoriques ou trop générales !
** ” la politique du commerce extérieur de l’UE ( qui ) s’avère être une formidable incitation à quitter la France “. Sûrement, mais la politique interne de la France depuis 50 ans a une grosse responsabilité dans ce qui se passe. Tout n’est pas la faute de l’UE ! Nous gérons très mal, nous ne réformons rien, un coût global du travail plus élevé qu’ ailleurs : c’est connu depuis 30 ans. Mais à part des discours il n’ y a aucun acte pour réformer …
** voici la part de l’industrie manufacturière dans le PIB en % :
France 11
USA 12
GB 17,5
Pays-Bas 18
Italie 22
Allemagne 24,5
Suisse 25
Chine 32
( moyenne UE 15 )
Nous étions 1 grand pays industriel, nous sommes tombés très bas. L’ Allemagne, la Suisse, … ont subi la mondialisation comme nous. Alors pourquoi cet écart ? ( qui est de 250 milliards d’euros sur l’ Allemagne !!).
On remarque aussi le mauvais classement des US.

** La mondialisation est globalement positive, à condition d’être sérieux en gestion interne.

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Jean 21 avril 2025 - 11:02 am

La production et re-production d’économistes gochistes par l ‘Université française semble inépuisable.
Quant à la validité des prix Nobel dans cette «science» ultra molle, laissez moi rigoler….
»»» ces braves gens dissertent sur des centaines de milliards, mais quel est leur apport au PIB ? Pour moi , c’est zéro .
»»» leurs solutions ne sont souvent que des fusils à 1 coup. Si on pique la fortune de B Arnault , on récupère 60 milliards . Soit 1000 E par français une fois et ensuite zéro ! On aura perdu 150 000 emplois , des dizaines de milliards de ventes à l’étranger CHAQUE ANNÉE , et la perte définitive de savoir-faire précieux ( et ce n’est pas la petite prof d’éco E Duflo qui va les ressusciter ).
»»»» le défaut de tous ces gochistes est de croire qu’il y a des trésors cachés où il suffit de taper, le drame est que 70 % de la population les croit .
Un conseil à tous ces bisounours : jetez vos torchons de 1000 pages à la poubelle et lisez 1 seule feuille : Le laboureur et ses enfants .

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Jacobs 21 avril 2025 - 3:40 pm

Je suis un peu irrité par la référence historique, cette platitude (au sens du dictionnaire de Flaubert) selon laquelle sur le plan historique, les droits de douane auraient « indiscutablement amplifié les effets » de la Grande Dépression à la fin des années 1920 et au début des années 1930.

Quel rapport avec le protectionnisme de Trump? La décision Smoot Hawley faisait suite au défaut de toutes les dettes européennes envers les USA depuis 1914 (Liberty Bonds etc) … lequel se “justifiait” par le défaut de remboursement des dettes et “réparations” allemandes en particulier (envers les USA et les vainqueurs de “Versailles”). L’irréalisme du financement européen par la dette se révèla donc pleinement en 29. D’où le Krach. Les Américains pouvaient difficilement accepter de voir ces mêmes entreprises qui innondaient son marché domestique de produits concurrents, s’exonérer de rembourser les moyens de production qu’ils financaient!? Dès 33 Hitler exprime d’ailleurs le refus complet de remboursement… le reste, c’est de l’histoire. Dans le cas de Trump il n’est pas question de sanctionner un défaut de remboursment de dettes. Manquerait plus que ca…

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Babou 21 avril 2025 - 4:51 pm

Se maintenir ėlu en promettant de piller ceux qui bossent … On connaît le refrain de la gauche des parasites syndiquės…

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Yves Heulenote- Poh 21 avril 2025 - 5:31 pm

Esther Duflo ? une soeur de Cécile ?

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gillet 22 avril 2025 - 8:08 am

En vérité,en vérité:la désindustrialisation du continent Europe est la résultante des politiques qui la dirige depuis des décennies(je les ai entendus il y a plus de trente ans;plus d’usine en Europe,de la recherche,de la haute technologie,des bureaux,de la logistique…Avant c’était le peuple Juif accusé de tous les maux de la terre,maintenant c’est les riches.

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Poivre 22 avril 2025 - 9:13 am

On ne peut que s’esbaudir sur la prétention à connaître le fonctionnement de nos société et surtout à en améliorer le fonctionnement de ces têtes, pourtant bien faites, mais submergées de l’enflure prestigieuse de notre Normalesup’ !

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de Kermel 23 avril 2025 - 9:20 am

Juste pour enrichir le débat. Oui, le sujet est extrêmement complexe et l’UE n’est pas la seule responsable. J’étais obligé de beaucoup simplifier pour bien exposer mon raisonnement. En revanche l’UE et la classe politique française ainsi que la presse française ont la responsabilité d’avoir empêché le prix Nobel d’économie Maurice Allais de s’exprimer.

Dans sa lettre aux français écrite peu avant sa mort, https://www.econospheres.be/Lettre-aux-Francais-contre-les
il écrivait :

“Les grands dirigeants de la planète montrent une nouvelle fois leur ignorance de l’économie qui les conduit à confondre deux sortes de protectionnismes : il en existe certains de néfastes, tandis que d’autres sont entièrement justifiés. Dans la première catégorie se trouve le protectionnisme entre pays à salaires comparables, qui n’est pas souhaitable en général. Par contre, le protectionnisme entre pays de niveaux de vie très différents est non seulement justifié, mais absolument nécessaire. C’est en particulier le cas à propos de la Chine, avec laquelle il est fou d’avoir supprimé les protections douanières aux frontières. Mais c’est aussi vrai avec des pays plus proches, y compris au sein même de l’Europe. Il suffit au lecteur de s’interroger sur la manière éventuelle de lutter contre des coûts de fabrication cinq ou dix fois moindres – si ce n’est des écarts plus importants encore – pour constater que la concurrence n’est pas viable dans la grande majorité des cas. Particulièrement face à des concurrents indiens ou surtout chinois qui, outre leur très faible prix de main-d’œuvre, sont extrêmement compétents et entreprenants.”

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