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En Afghanistan, on ne va pas au cinéma, on se distrait avec les exécutions publiques

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Le régime des talibans vient officiellement de renouer avec la peine de mort donnée en spectacle.

Que faire en Afghanistan quand on est fatigué de martyriser sa femme à la maison ? Un barbecue avec Sandrine Rousseau autour de côtelettes de porc ? Une petite toile pour voir le dernier film produit par les mécréants yankees avec quelques scènes osées, tel un homme embrassant sa petite amie sans burqa ? Vous n’y êtes pas.

Peut-être un attentat islamique ? Selon le dernier rapport de la Fondapol sur le sujet (Les attentats islamistes dans le monde 1979-2024, octobre 2024), l’Afghanistan a été le pays le plus touché par le terrorisme islamiste. Mais vous n’y êtes toujours pas.

L’AFP, dont le communiqué a été repris par une grande partie de la presse, nous a appris que quatre hommes condamnés pour meurtre avaient été exécutés le 11 avril. Il s’agit de la neuvième série d’exécutions depuis le retour des talibans au pouvoir en 2021 et du plus grand nombre d’exécutions en une seule journée (Le Monde, 11 avril 2025). Cela dit, nos amis talibans jouent « petit bras » car, à lire le dernier rapport d’Amnesty International sur les « condamnations à mort et exécutions 2024 » (8 avril 2025), la Chine a procédé à plus de 1.000 exécutions l’année dernière, l’Iran à près de 1.000, l’Arabie Saoudite au moins 345.

Pourquoi nous focaliser sur les exécutions de la République islamique d’Afghanistan ? C’est qu’elles ont la particularité, peu commune, d’être faites en public. Les distractions sont rares, ce qui explique sans doute que les stades dans lesquels se déroulaient les mises à mort par balles aient été remplis à ras bord avec des dizaines de milliers de « spectateurs ». Les autorités locales des trois villes concernées avaient, il est vrai, exhorté les habitants à venir en nombre « participer à l’évènement » et, bien que la dépêche de l’AFP ne le précise pas, il n’est pas certain que les pressions « amicales » aient été absentes. La loi du talion a été appliquée à plusieurs reprises, par un homme de la famille de chaque victime qui a pu cribler de balles le condamné (il va de soi que les procès avaient été menés, selon une source officielle, « très minutieusement et à plusieurs reprises »…).

C’est le chef suprême des talibans qui avait signé les ordres d’exécution. Précisons que les condamnations sont prononcées conformément à la loi de « propagation de la vertu et de la répression du vice », une loi qui… ne prévoit pas les peines prévues pour chaque infraction !(Le Figaro, 11 avril 2025) L’ONU s’étant « indignée » des exécutions, la Cour suprême afghane (quand nous vous disions que ce pays est à la pointe de l’État de droit…) a publié un communiqué d’après lequel « personne n’a le droit d’interférer dans notre loi islamique » (L’Opinion, 12 avril 2025).

Quelques jours plus tôt, un article du Monde (27 mars 2025) était consacré à la « reprise du dialogue entre les Occidentaux et les talibans ». C’est ce que certains appellent la Realpolitik.

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9 commentaires

Jean Guicheteau 19 avril 2025 - 8:15 am

Ce n’est pas nouveau. Ainsi on apprend dans Wikipedia à propos de la première Britannicus de Racine à l’Hotel de Bourgogne : « Les anecdotiers ironisent sur la concurrence que lui fait, le même jour et à la même heure, une exécution par décapitation en place de Grève. Le public n’est pas si nombreux qu’à l’usage, et est en partie composé d’auteurs rivaux cherchant à faire sombrer la pièce. »

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Jojo 19 avril 2025 - 8:49 am

Éxécutions publiques ? Comme en 1792 en France ? Ils sont si attardés que cela ?
Mais avec des punitions aussi dures, il serait intéressant de comparer les taux de criminalité entre la France, pays du laxisme, et l’Afghanistan, pays du sadisme.
Même comparaison avec le Salvador, où le taux d’homicide est passé de 73 à 3 pour 100 000 habitants après les prisons gigantesques.
Pourrait-on demander au Syndicat de la magistrature d’en faire une étude ?

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Jean-Aymar de Sékonla 19 avril 2025 - 8:54 am

Ne nous étonnons pas que la France, fière de condamner à mort des innocents (IVG dans la constitution) et d’épargner les criminels (abolition de la peine de mort), compose avec un tel pays!
La politique est vraiment devenue le refuge des imbéciles éloquents!

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Mathieu Réau 19 avril 2025 - 4:21 pm

Au risque de vous surprendre, il n’est même pas certain qu’il y ait eu besoin de quelconques “pressions” amicales pour amener les foules à se presser à ces exécutions.
Vous semblez oublier que ce divertissement, certes d’un autre âge en Occident (mais l’Occident n’est pas le monde entier), faisait aussi “place comble” dans notre belle capitale il n’y a pas encore si longtemps ; j’imagine que même un libéral comme vous n’ignore pourtant pas l’origine du mot “grève”.
Vous oubliez aussi systématiquement de rappeler que ce pays a été “démocratisé” par la force pendant près de vingt ans… et qu’en voilà le résultat : la greffe n’a pas pris, et ne semble pas près de prendre.
Alors, bien sûr, on peut faire, comme vous, comme si ce pays avait dès lors perdu son droit à exister… mais s’il y a un quelconque profit à tirer de relations diplomatiques avec ce dernier, ne serait-ce que lui réexpédier ses ressortissants qui se sont illégalement introduits sur notre sol, il serait franchement stupide de s’en passer.

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Thierry 19 avril 2025 - 6:46 pm

Que dire , que faire face a cette barbarie ?
au XVIII siécle la Place Royale ( actuelle Place de la Concorde) était le lieu des éxécutions publiques

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Babou 20 avril 2025 - 9:47 am

Tant qu’ils restent chez eux…

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Desreumaux 21 avril 2025 - 10:14 am

Triste réalité !

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Jean Pierre JANNOT 21 avril 2025 - 11:49 am

Laisser un commentaire sur le sujet de la peine de mort le jour de Pâques, c’est délicat! Grande question en effet, le sujet est devenu tabou dans nos sociétés. C’est pourtant une grande question qui mériterait d’être débattue. Le problème est que le sujet touche aux croyances, à la foi et les croyances échappent à la raison. Partant de là sur quelles bases, sur quels critères sur quels plans aborder le sujet? Du point de vue du criminel, de celui de la victime, du point de vue juridique ou politique?
Ce n’est pas dans un commentaire comme celui-ci que je prendrai parti pour ou contre mais je remarque cependant que m’abstenir d’opter pour une position me range de facto du coté des partisans de la peine de mort, ne pas exclure c’est admettre.

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Lily 38 22 avril 2025 - 8:03 pm

Et à l’international, personne ne dit quoi que ce soit sur ce qui se passe en Afghanistan …
Les femmes ne sont plus traitées comme des être humains … Et nos grands mouvements féministes ne soufflent pas un mot sur les conditions de ces femmes … Plus les exécutions publiques : c’est le moyen-âge qui est revenu ?

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