Des étudiants d’HEC dénoncent les méfaits du « greenwashing » en interrompant le déroulement d’une conférence

Hier, le 23 mai 2023, des étudiants d’HEC appartenant à un « comité anti-greenwashing » ont perturbé le déroulement d’une conférence qui se tenait lors de la « journée du climat » organisée sur le campus de l’école, à Jouy-en-Josas, et à laquelle participaient des représentants de Shell et TotalEnergie. « Nous, étudiants d’HEC, est-il indiqué dans le communiqué qu’ils ont adressé a posteriori, avons manifesté avec joie et conviction notre désaccord face à leur présence ». Les auteurs du communiqué vont même jusqu’à s’octroyer le privilège de décider qui n’a pas droit de cité dans leur école en déclarant : « Les entreprises climaticides ne sont plus les bienvenues à HEC Paris »…

Constatons déjà que l’idéologie écolo-socialiste en vogue gagne même aujourd’hui certains étudiants de nos meilleures écoles supérieures de commerce – dont HEC reste la plus prestigieuse en France. Mais il y a plus : les étudiants tels que ceux dont il est ici question veulent contribuer à « dépolluer » non seulement la planète, mais aussi… le débat public – pour reprendre le sous-titre d’un livre paru aux éditions du Seuil en 2022, Green washing, manuel pour dépolluer le débat public. Un ouvrage qui constitue peut-être d’ailleurs l’un de leurs bréviaires, puisqu’on y trouve toute l’armature intellectuelle dont leurs actions semblent découler : ainsi la dénonciation des « grosses ficelles de la ”communication verte” » (p. 13), ou encore l’idée que les actions environnementales conduites par les entreprises cherchant à réduire leur « impact carbone » relèvent d’un « contre-feu face à la critique écologique » (p. 15).

Dans l’introduction du livre en question, le « greenwashing » est critiqué dans les termes suivants : « Car ainsi se trouve trahie et toujours repoussée l’écologisation de la société, faute de prendre réellement en compte l’environnement dans le fonctionnement social (dans les politiques publiques, les pratiques professionnelles, les modes de vie…) » (p. 33-34, souligné par nous). À l’instar des socialistes qui déploraient autrefois que le capitalisme constituât une entrave à la socialisation des pays qui avaient adopté l’économie de marché, les écolo-socialistes actuels reprochent aux acteurs économiques de « trahir » ou de ralentir l’écologisation de la société, qu’ils appellent de leurs vœux. L’écologisme idéologique radical (qui ne doit pas être confondu avec le souci légitime du respect de l’environnement) ne serait-il pas au fond qu’une tentative de mainmise collectiviste sur l’écologie, visant à élargir toujours davantage le champ d’action de la puissance étatique au détriment de celui de l’individu ? Cette question, il est regrettable que nos étudiants se déclarant « anti-greenwashing » ne se la posent pas davantage – ce qui impliquerait alors qu’ils prennent leurs distances avec le prêt-à-penser idéologique que constitue l’écolo-socialisme.